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Je l'observais sans savoir quoi dire. Qu'est-ce que j'aurais bien pu dire de toute façon ? Elle m'avait prit de court. Je la regardais et espérais au plus profond de moi qu'elle dise quelque chose pour rompre ce silence plus qu'insupportable. Je sentais ses yeux marrons plantés dans les miens. Elle non plus ne savait pas quoi dire. Comment aborder la chose. Et il faut dire que je la comprenais; qu'est-ce qu'on est censé dire à une personne qui a eu accès à son intimité sans sa permission ? 

Finalement, elle déglutit avant de m'arracher le journal des mains. J'imagine qu'elle a voulu se faire violente mais ses tremblements trahissaient son intimidation. 


- J'aurais voulu te le rendre plus tôt mais...

- T'aurais pu simplement le rendre à la vie scolaire. me coupa t-elle d'une voix que je ne lui imaginait pas, beaucoup trop sèche pour un visage comme le sien. 

- Je...

- Ruby m'a déjà dit que t'étais allé la voir ce matin alors pas la peine d'inventer un nouveau mensonge. Je pense que t'as bien dû te foutre de ma gueule avec tes potes en lisant tout ce que j'ai pu écrire, n'est-ce pas ?  Ca devait être drôle !


Je voulu lui expliquer la raison pour laquelle je n'avait pas donné le journal à Ruby ce matin mais elle était déjà partie s'installer à l'avant du bus avec une personne âgée qui avait l'habitude de prendre le bus à la même heure chaque jour. 

Elle sortit au premier arrêt de bus, je me demandais alors pourquoi elle avait prit le bus pour s'arrêter au premier arrêt, ça n'avait aucun intérêt donc je me dis qu'elle l'avait prit simplement parce qu'elle savait que je serais là. 


Le lendemain j'espérais croiser la fille de la veille dans les couloirs pour pouvoir m'expliquer mais ça n'était pas encore arrivé. On ne trouve jamais les personnes quand on les cherche, par contre, celles qu'on veut éviter, on les voit partout, c'était notamment le cas avec Ruby. J'avais le droit à ses regards de tueuse dès que j'étais dans sa ligne de mire. 

Je décidais finalement d'avertir Sam du fait que j'avais tout de même trouvé la propriétaire du journal même si je me doutais qu'il s'en fichait un peu. 


- Je croyais que tu avais déposé le cahier au bureau des surveillants ?

- Je comptais le faire et puis j'ai complètement oublié. 


Je savais bien qu'il ne croyait pas une seconde en mon mensonge mais il ne me contredisait pas non plus, je n'ai donc pas cherché à me défendre. 


- Pourquoi tu te mêles d'affaires comme celles là qui ne te regardent pas ? demanda Sam. Tu ne connais même pas cette fille. 

- Si t'avais lu ce que j'ai pu lire, crois moi que tu ferais la même chose que moi. 

- Écoutes, je sais pas ce que t'as pu lire dans ce putain de journal mais je suis prêt à parier que c'est juste une fille en manque d'affection qui fait des hyperboles de tout ce qui peut se passer dans sa pauvre vie. 


J'avais du mal à comprendre comment il ne pouvait pas comprendre ma réaction pourtant j'étais sûr que si c'était lui qui avait trouvé le journal, il aurait réagit exactement de la même manière. Après tout, il ne connaissait pas réellement les choses que j'avais pu lire, ce que ce gars avait pu lui faire subir et à vrai dire, je ne comptais pas le faire savoir à Sam car, si déjà ça ne me regardait pas, ça ne le regardait pas non plus. J'imagine qu'au fond, il ne pouvait pas s'imaginer tout ce que cette fille avait pu vivre et je ne pouvais pas lui en vouloir pour tant de naïveté. 

Je décidais de le laisser penser ce qu'il veut étant donné qu'il n'avait pas l'air de vouloir se mettre de mon avis. Et lorsque nous nous rendions en cours, nous tombions sur Ruby qui nous lançait, une fois de plus, l'un de ses regards à vous glacer le sang. 

Je commençais à m'y habituer. 

Les cours passèrent, et alors que je lisais "Qui es tu Alaska" en cours de maths, la cloche sonnait et, à peine eus-je mis un pied à l'extérieur de la salle que je vis le fille du journal au loin, aux côtés de Ruby à l'extrémité du couloir où je me trouvais. Elles me firent un signe. J'hésitais. Me demandaient-elles réellement de venir les rejoindre ? Après quelques secondes d'hésitations, il semblait que oui. Et je me tournais vers Sam pour lui dire de déjà sortir sans moi, qu'il n'avait pas à m'attendre. Je me dirigeais alors vers Ruby et la blonde. 


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