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Au cours de la journée, j'avais trouvé le moyen de contacter Robyn. En fait, j'avais eu l'idée, grâce à un couple de ma classe qui s'envoyaient sans cesses des petits mots entre eux durant les heures de cours. J'avais donc pensé à écrire sur un morceau de papier quand nous pourrions nous voir étant donné qu'elle avait tellement peur qu'on nous voit ensemble. C'est plutôt drôle car c'est un peu ce qu'elle vit avec son copain tous les jours, sauf que là, c'est elle qui domine la relation. 

J'avais donc réussi à lui faire passer le mot à la pause déjeuner, je le lui avais glissé dans la poche de son sweat shirt lorsque nous nous sommes "bousculés" dans les escaliers. Je lui avais demandé de me retrouver au parc de la ville, en face du lycée à dix neuf heure car j'imaginais bien qu'elle n'aurait aucune envie de venir chez moi après tout ce qu'elle a vécu. 

Elle semblait avoir adhérer à ma technique car à la pause de l'après midi elle l'avait reproduite pour me donner la réponse et, si je m'attendais à une réponse négative de sa part, il n'en fut rien car elle m'avait écrit de plutôt la rejoindre chez elle à la même heure en m'écrivant son adresse. 

C'est ainsi que je me retrouvais devant sa maison. J'avais dû mentir à Sam plus tôt dans la journée car il voulait aller à une soirée dans la ville d'à côté, je lui avais donc dit que j'étais invité à un dîner avec ma soeur et son nouveau petit ami. 

Nous nous rendions dans la chambre de Robyn après que je me sois présenté à ses parents et c'est là que la question me vint à l'esprit: est-ce que ses parents étaient au courant de ce qu'endurait leur fille ? 


- Ils savent que j'ai un copain et ils l'ont déjà rencontrés plusieurs fois. Ils l'aiment bien. 


Ce garçon devait vraiment être un bon acteur car j'avais pour habitude de penser que les mères remarquaient toujours quand quelqu'un -un ami ou autre- n'était pas bon par son enfant. 

Elle s'asseyait sur la chaise de son bureau tandis que je m'installais au bord de son lit en veillant à ne pas le défaire. Je ne savais pas vraiment comment aborder le sujet et pour la première fois depuis longtemps, j'étais gêné. Robyn quand à elle faisait semblant de ranger son bureau -déjà bien rangé- pour éviter d'avoir à me faire face. 

La scène où je la confrontais à la vérité me paraissait beaucoup moins gênante dans ma tête. 


- Ca fait combien de temps que vous vous voyez ? 

- Un moment. 


En voyant que j'en attendais un peu plus, elle laissa tomber son rangement et tourna sa chaise vers moi avant de reprendre. 


- En fait, on se connaissait plus jeune, on faisait du sport ensemble et j'étais un peu "amoureuse" de lui. fit-elle en s'assurant de mettre les guillemets à amoureuse. Et puis...je l'ai revue il y a quelques mois vu que j'ai ré-emménager en ville. On s'était vu à une soirée et c'est là qu'on a recommencé à parler. 

- Pourquoi tu restes avec lui, je comprends pas, tu dois bien voir comment il te traite non ? 

- Je sais. Je sais. A chaque fois que je ne suis pas avec lui, c'est ce que je me dis; que je dois arreter toute cette relation avant que ça ne soit trop tard.

- Mais ? 

- Mais dès que je le regarde, je comprends pourquoi je reste avec lui. On dit qu'on ne tombe amoureuse qu'une seule fois mais bordel, dès que je pose mes yeux sur lui je retombe éperdument amoureuse et il pourrait faire les pires conneries et je les lui pardonnerais toujours. Je ne sais pas s'il me brule ou s'il m'aide à rester en vie mais je sais qu'il est le soleil et que je mourrais s'il partait.


Je souris à cette réponse.  C'était exactement ce qu'on pouvait lire dans son journal. Elle parlait comme elle écrivait. 


- Pourquoi tu souris ? demanda t-elle

- Tu devrais écrire cette dernière phrase dans ton journal. souris-je

- Reparles plus jamais du journal, ça me rend trop mal à l'aise de savoir que tu l'as lu. 

- Mais t'écris bien, pourquoi tu dis ça ? Tu devrais être fière. 

- J'écris juste ce que je pense. 

- Mais t'écris bien ce que tu pense. 


Elle ne répondit plus. 


- Est-ce que je le connais ? 


Elle ne répondit pas. Elle se rongea les ongles tout en évitant mon regard. Ce n'était pas de la curiosité mal placé, j'étais curieux, oui, mais simplement parce que je voulais qu'elle s'en sorte.

Je répéta ma question. 


- Dis moi. Je le connais ? 

- Un peu.


Elle ouvrit la bouche avant d'entendre son portable vibré à côté d'elle. En voyant la tête qu'elle fit en lisant le nom qui s'affichait sur l'écran, je compris que c'était lui. Elle ouvrit le message avant de faire un bond de sa chaise pour se précipiter vers moi en me faisant me lever. 


- Faut que tu partes. Il arrive.


Étonnamment, malgré le stress qu'elle faisait paraître, sa voix était calme et distante. 


- Dis lui que t'es pas là ! T'as une vie à part lui aussi. 

- Je lui ai déjà dis que j'étais pas là et il vient de me dire qu'il sait que c'est faux. Je sais pas comment il le sait mais il le sait. 

- Dis lui que t'as pas envie de le voir ce soir, tout simplement. 

- Ca marche pas comme ça ! Tu peux pas comprendre. Il est déjà là de toutes façons. Sors par la fenetre ! 

- On est pas dans un film des années 90, personne dans la vraie vie ne sort par la fenetre. 


Elle me poussa avant de me dire de me cacher sous le lit et de "fermer ma gueule, peu importe ce qui se passe." La porte s'ouvrit au même moment où elle me fit glisser ma veste sous le lit et que je me pris en plein visage. 

Il était là. 


- Pourquoi tu m'as dis que tu n'étais pas chez toi ?  Tu sais très bien que t'es parents m'adorent, ils m'ont dit que tu étais ici avec un gars.



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