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Je me baladais dans les couloirs du lycée comme à mon habitude lorsque Douglas, l'un de mes amis me donna une tape sur l'épaule avant de me demander comment s'était passé la saison de football. Je lui avais répondu que tout allait pour le mieux même s'il était claire que depuis que Sam nous avait quitté, notre équipe laissait fortement à désirer. Cependant le plus important était de paraître, c'est ce que notre coach nous répétait sans arrêt, et paraître, c'est quelque chose que je savais très bien faire. Douglas continua alors son chemin après m'avoir féliciter. Impossible de dire s'il a vraiment cru à mon mensonge ou si tout le lycée était déjà au courant de notre baisse de niveau plus que pitoyable et qu'alors, Douglas a fait semblant d'y croire pour ne pas me mettre mal à l'aise. Même s'il est vrai que, en tant que sous capitaine -après Sam-, je me devais de garder la tête haute. Chose difficile à faire quand on sait que le prochain match que nous jouerons sera contre la meilleure équipe du Dakota. 


Alors que j'avançais pour aller dans ma salle de sciences physiques, les couloirs étaient bondés et je bousculais une fille sans faire attention, je voulu m'excuser mais elle était déjà trop loin derrière moi. Tant pis. Je croisais également plusieurs cherleaders qui me saluèrent le plus fort possible comme pour prouver au monde entier qu'elles existaient et qu'elles me connaissaient. Depuis que Sam n'est plus capitaine, je suis la nouvelle coqueluche du lycée. L'an dernier j'avais tendance à envier Sam mais maintenant que j'étais à sa place, je comprenais à quel point c'était désagréable d'être observé toutes les deux secondes. Il me serait impossible de faire un seul pas de travers sans que le lycée entier soit au courant de ça. Heureusement que l'année est bientôt passée. De plus, je me disais que peut être que si nous perdions, comme nous le faisons sans cesse maintenant, tous nos matchs, les gens qui me voyaient comme un "héros" commenceraient à me voir comme quelqu'un qui, lui aussi, a des défauts. 


J'arrivais finalement en cours et m'assis à ma table habituelle; celle du fond, au coin à droite. J'aime être contre le mur et pour rien au monde je n'échangerais cette place contre une autre. Je veux bien faire des concessions, mais pas ça. Je me surpris à gribouiller sur mon cours, il faut dire que les sciences physiques n'étaient pas ma matière préférée. J'avais pourtant choisis une voie scientifique, allez savoir pourquoi. La logique n'a jamais été mon fort. 

Je fus le premier à sortir pour aller le plus vite possible à la bibliothèque avant l'entrainement car j'avais des bouquins à rendre, et de nouveaux à emprunter.

Je me souviens la première fois que j'étais entrer dans la bibliothèque du lycée, c'était avec Sam et tout le monde nous connaissait déjà du collège. Même la bibliothécaire. Elle m'avait signalé qu'elle n'accepterait en aucun cas que nous dérangions les "vrais élèves qui eux, veulent travailler pour, eux, avoir un véritable avenir". Elle avait dit ça sur un ton si méprisant que jamais je n'oublierai ce moment de ma vie. Finalement, elle comprit que nous aussi, du moins, moi, je voulais travailler et que, même si cela peut paraître surprenant, si je fais du sport, je lis aussi beaucoup. Depuis, elle et moi sommes comme de bons voisins. Nous nous apprécions, nous racontons nos anecdotes et je dois dire qu'il nous arrive même de rire ensemble. Je ne pense pas mentir si je dis qu'elle m'apprécie assez. 


Alors que je posais les livres que j'allais retourner, je me dirigeais vers le bac des "livres récemment entrés" comme à mon habitude car j'ai une préférence pour les nouveautés que les vieux classiques qui ont tendances à m'ennuyer assez rapidement. C'est là que je tombais sur une espèce de cahier étrange à la couverture couleur lavande et remplis de dessins et de gribouillages ainsi qu'un énorme "R" remplis de motifs aztèques, c'était la grande mode à cette époque. Je compris vite qu'il ne s'agissait pas là d'un livre de la bibliothèque mais sans doutes d'un cahier de cours d'une fille qui avait dû l'oublier là en cherchant ou rendant l'un de ses livres.

Curieux, j'ouvris à la première page. Si elle aussi était remplie de gribouillis, je pouvais également y lire, d'une écriture arrondis, féminine mais vraisemblablement négligée:


"J'ai vu ce garçon que j'ai connu quelques années auparavant.

Mais à chaque fois qu'on parle j'ai l'impression qu'il n'est plus pareil.

Sa voix est la même, son physique est le même mais ses mots ne m'offrent plus les couvertures dans lesquelles je me blottissais quand j'allais mal.

Je dois peut être réalisé qu'il n'est plus le même.

J'aimerais qu'il puisse prendre du recul et prendre le temps de voir que moi non plus. "

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