Chapitre 3

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Le regard de Feilong vagabonda dans la pièce, s'arrêtant plus longuement sur Takaba Otsu qu'il dévisagea sans honte. Le chinois semblait prendre un malin plaisir à faire patienter le yakuza, l'ignorant lui et lorgnant sans discrétion la sobre et luxueuse décoration de ses bureaux du Shion, un main posée gracieusement sur sa hanche.

" Alors... que sais-tu Feilong ?, reprit plus tranquillement le yakusa essayant de chasser le mépris de sa voix, venir jusqu'ici... j'espère pour toi que ça en vaut la peine."

Apparemment son effort de communication ne porta pas ses fruits car le jeune homme haussa les épaules, repoussant avec élégance une de ses mèches qui s'était perdu sur son épaule et s'assit nonchalamment dans un des fauteuils du yakusa, caressant négligemment l'accoudoir en cuir brun. Discrètement Otsu Takaba tendit une oreille attentive, elle aussi était avide de savoir où était son fils.

" Ton cher et tendre est à Singapour, révéla finalement le chinois sans préambule."

Si Asami fut étonné, il ne le montra pas. Néanmoins, une exclamation retentit au fond de la pièce faisant se retourner les deux mafieux : la mère du photographe s'était redressée. Ses yeux montrait clairement qu'elle était surprise par la nouvelle.

" A Singapour ?! Mais que fait-il là-bas ? Il n'a quand même pas..."

La femme s'arrêta rapidement en voyant le regard intéressé des deux hommes se poser sur elle. Otsu referma la bouche dans un couinement de mécontentement. Elle ne dirait rien de plus, ce n'était pas son genre de trahir son fils. Celui-ci était venu la trouver quelques jours auparavant. L'ayant rarement vu dans un tel état de panique, elle le prit au mot et saisit le billet d'avion qu'il lui tendait.

Takaba Otsu disait toujours qu'une croisière au Caraibes ne se refusait pas. Malheureusement elle s'était fait épinglée à l'aéroport par le mafieux et ses hommes de main.

Elle soupira et se rassit. Comment son fils en était arrivé à cotoyer des géants de la mafia ? Elle qui l'avait toujours mis en garde contre ce monde. Elle se promit silencieusement de lui arracher lentement les yeux à son retour. Et puis ça fit tilt dans son esprit, les mots du chinois, elle se releva les sourcils froncés et les joues rougies.

" Mon fils ! Votre cher et tendre !"

Asami ne releva pas le ton outré et le regard scrutateur de la mère de son amant et se retourna vers son jeune rival en lui fit signe de poursuivre, ignorant les cris de protestation de la femme derrière lui. Celui-ci repoussa ses cheveux en arrière d'un geste élégant et prit son temps pour répondre d'une voix trainante.

"Hum... Il aurait été vu en compagnie d'un certain Amasawa Yukimura. "

Cette fois-ci, Asami faillit en lâcher la cigarette qu'il tenait entre ses doigts de surprise alors que Takaba Otsu se taisait dans un couic sonore. Avait-il bien entendu ? Amasawa Yukimura, l'un des pontes de la mafia, le plus important et dangereux de toute l'Asie du sud-est. Le géant des armes, le patron de tous les patrons. Feilong d'un regard lui confirma que c'était bien cet homme là. Cet homme qui contrôlait tout : vente d'armes, drogues, réseaux de prostitution et surtout l'immobilier.

Comment son jeune compagnon avait-il pu en arriver à connaître un homme tel que lui ? Asami secoua doucement la tête : comment son amant faisait-il pour se retrouver toujours dans des situation impossible. Sortir Akihito de l'entourage d'un tel homme ne serait pas chose facile. Rapidement le yakuza se mit à réfléchir.

Suoh était tendu, très tendu. Ses mains sur le volant de la limousine étaient raidies par l'angoisse et il priait le seigneur de tous les Mafieux de ne pas avoir d'accident causé par sa raideur. Il faut dire qu'avoir en même temps, sur le même siège arrière, les deux plus grands ennemis de tous les temps ça avait de quoi refroidir l'ambiance.

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