Chapitre 3

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Le choc passé, je me ressaisis vite, et sans ciller je répondis :

            -Très bien, mais d'abord, je veux savoir pourquoi vous avez besoin d'Ea.

            Un lent sourire se dessina sur les lèvres de Darius.

            -Comment pourrais-je vous faire confiance ? fit-il. Vous dupez les Éternels et les Eryadins, après tout.

            -Nous sommes pareils, vous et moi, nous faisons cavalier seul. Je ne fais pas confiance aux Éternels ni aux Eryadins. Et je ne vous fais pas plus confiance. Mais je sais que nous avons des intérêts communs.

            Darius m'observa longuement avant de hocher la tête et de m'inviter à m'asseoir dans un de ses fauteuils d'un simple signe du menton.

            Sans un mot, il se saisit de deux coupes et y versa ce qui devait être un alcool hors de prix. Il me tendit une coupe, l'air sérieux. Je la pris et le remerciais sobrement.

            -Je veux Ea parce que grâce à elle, commença Darius, je deviendrai capable d'égaliser la puissance du Seigneur Vareck.

            Je m'immobilisai, surprise. Je levai les yeux, Darius étudiait le moindre mes mouvements.

            -Comment ça ? soufflai-je.

            Darius sourit.

            -Ainsi ils ne vous ont pas parlé de moi... quelle erreur.

            -Qu'auraient-ils dû me dire sur vous ?

            -Beaucoup, beaucoup de choses, ma chère, fit-il en tendant une main vers moi.

            Délicatement, il replaça une mèche de cheveux derrière mon oreille, non sans avoir laissé son doigt glisser sur ma peau.

            Je retenais mon souffle.

-Savez-vous, Alyia, susurra-t-il, que j'arpente ce monde depuis plus d'un millénaire ?

            Je dus faire preuve de tout mon sang-froid pour empêcher mon verre de trembler. J'avais en effet soupçonné Darius d'être un Vessoryias vieux et puissant, et Valion me l'avait confirmé, mais jamais, oh grand jamais je n'aurais imaginé qu'il vivait depuis si longtemps. Je ne savais même pas qu'un Vessoryia ayant un niveau inférieur à 8 pouvait se maintenir aussi longtemps en vie. Un terrible pressentiment m'envahit, Valion avait raison, je n'aurais pas dû venir. Les ambitions de Darius étaient bien plus grandes que ce que je pensais, par les dieux, il fomentait d'assassiner Vareck.

            Et tu as accepté de l'y aider, souffla une voix en moi. Je la chassai aussitôt. Même si une telle chose était possible – ce dont je doutais -  je n'avais pas l'intention de tuer Vareck. Je trouverai bien un moyen de me sortir de cette impasse.

            -Saviez-vous, continua Darius comme s'il n'avait pas perçu mon trouble, que c'est le Seigneur Vareck qui m'a trouvé et entrainé, que je lui dois tout ce que je suis ?

            -Vous êtes un Éternel ? demandai-je, stupéfaite.

            Un rire cynique lui échappa.

            -Non. Je n'ai jamais été assez bien pour eux. Mais j'ai longtemps vécu auprès des Éternels et des Eryadins, lorsqu'ils ne faisaient encore qu'un. J'ai vécu parmi eux, et même si je ne faisais pas partie de leur cercle restreint, je l'ai aidé, comme d'autres, à bâtir la Cité d'Opale.

            -Ce n'est pas possible, soufflai-je. Vous mentez.

            -Demandez-leur, et vous verrez. Ou bien demandez à ce maudit Valion Devikaros, dont vous semblez vous être entichés, il vous le dira.

L'Ombre d'Alyia - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant