Chapitre 8

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Je me réveillai dans mon lit, au Refuge, l'esprit encore brumeux, mais le corps reposé. Les souvenirs affluèrent alors, brulants, vifs, ardents, de puissants sentiments de honte et d'inquiétude s'emparèrent de moi, si bien que je restai là, à contempler le plafond de ma chambre, en me demandant comment j'avais pu commettre un acte aussi stupide.

Hier soir, ou plutôt, tôt ce matin, Vareck avait fini par constater – après quelques baisers échangés - mon état de fatigue et avait exigé que je rentre immédiatement au Refuge pour me reposer. Il ne m'avait pas laissé le choix, à vrai dire. Il m'avait également assuré qu'il serait là, à mon réveil, et que nous aurions beaucoup de choses à discuter, qu'il avait des questions à me poser, des choses à mettre au clair. Je lui avais rétorqué que lui aussi avait encore des comptes à me rendre. Il s'était contenté de rire doucement et m'avait accompagné jusqu'à ma chambre, non sans avoir déposé un ultime baiser sur mon front. À peine ma tête avait-elle touché l'oreiller que je m'étais endormie.

Qu'en était-il à présent ? qu'étions-nous véritablement l'un pour l'autre ? Les Faucheurs seraient-ils au courant de ce qui s'était passé cette nuit ?

Je ne pouvais pas faire comme si de rien n'était, et en même temps, Vareck demeurait mon adversaire. Ces paroles me revinrent alors en mémoire :

« Cette fin de nuit, et toutes les autres aubes à venir, il n'y aura que nous, et rien d'autre ».

Sa proposition était simple, la nuit, du moins, lorsque je reviendrai de mon escapade parmi la Résistance, nous serions amants... Mais qu'en était-il de la journée ? Que serions-nous ? Des alliés-ennemis ? Ou est-ce que tout cela allait-il nous emmener, à part droit dans le mur ? étais-je vraiment prête à me donner ainsi à Vareck, même pour quelques heures, avec toutes les conséquences que cela aurait ? Oui je le désirais, oui une partie de moi l'aimait, mais cela ne suffisait pas toujours.

Je soupirai et me décidai à me lever. Je ne sentais que la présence de Vareck, les Faucheurs n'étaient pas au Refuge. Tant mieux. Je consultai ma montre. 14h.

Je me douchai, m'habillai en vitesse, et incapable de manger quoi que ce soit, je me rendis directement auprès de Vareck – autant que cette confrontation ait lieu tout de suie. Apparemment, il était dans son bureau aussi étrange que cela puisse paraître, je n'y avais encore jamais mis les pieds.

J'avais à peine approché ma main pour frapper à la porte, que la voix de Vareck retentissait déjà :

-Entre, Alyia.

Je grimaçai et pris une profonde inspiration.

Ce n'était pas juste. Vareck avait vécu mille vies, connu certainement des centaines de femmes, et moi je n'avais que 25 ans, je n'avais été en couple qu'une seule fois dans ma vie et je ne savais pas comment affronter tout ça. Comment l'affronter lui. Il y avait une asymétrie frustrante dans notre relation, une asymétrie de pouvoir, de force, d'expérience, et pourtant, c'était pour toutes ces choses que j'aimais autant sa personne. Jamais je n'avais rencontré un être comme lui, aussi intelligent, brillant et charismatique. Hélas, il avait choisi d'utiliser tous ces merveilleux dons pour faire le mal plutôt que le bien... voyait-il comme moi tout ce qu'il pourrait faire de bon pour ce monde ? étais-je la seule à voir qu'une partie de lui essayait et pensait vraiment faire le bien ?

Je finis par ouvrir la porte.

La pièce était étonnement petite, et plutôt simple, comparé aux restes du Refuge. Un bureau, des étagères taillées dans un bois sombre remplies de livres, de classeurs et de bibelots certainement aussi vieux que le monde, quatre fauteuils, et enfin, et c'était certainement l'élément le plus notable des lieux ; une baie vitrée donnant sur le lac en contrebas. La pièce renvoyait une atmosphère douce, sereine, mais légèrement froide, à l'image de son occupant, en fait.

L'Ombre d'Alyia - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant