Chapitre 9

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Je reculai, mettant une certaine distance entre lui et moi.

— Sauf que lorsqu'on commence à faire des exceptions, on ne sait plus où elles s'arrêtent, contrai-je.

Vareck se laissa retomber contre son fauteuil, son regard soudain plus froid m'étudiant malgré tout avec un brin d'amusement.

— Je ne te connaissais pas aussi sage.

— J'avais un bon maître, répondis-je, un peu vexée, en lui lançant un regard glacé.

— J'avais ? releva-t-il en levant un sourcil. Pourquoi utiliser le passé ?

— Je ne suis plus ton élève depuis longtemps, Vareck.

— Et pourtant tu as encore bien des choses à apprendre de moi.

— Tu m'as appris à être une arme, à tuer, l'accusai-je. Tu aurais pu m'apprendre à utiliser mon don pour faire le bien, pour aider les autres, pour sauver, pour créer.

— Je t'ai appris à maitriser ta force et à te défendre, parce que c'est ce qui me semblait être en premier lieu le plus important, nuança-t-il. C'est toi qui t'es enfuie avant que je puisse t'enseigner d'autres choses.

— Évidemment, c'est ma faute à présent...

— Laisse-moi à nouveau être ton professeur, Alyia. Si tu veux faire plus que survivre à la guerre qui se prépare, il te faudra bien plus.

— Tout ça pour que je combatte à tes côtés dans ta guerre.

— Cela finira par arriver, et tu le sais.

— Ton arrogance est vraiment insupportable ...

— Ne confonds pas arrogance et certitude.

Je le fusillai du regard, mais cela n'eut aucun effet sur Vareck, qui me renvoya un regard acéré, où brillait une lumière de pur défi.

— J'aimerais beaucoup poursuivre cette discussion avec toi, fit-il, et il y a beaucoup de choses que j'aurais aimé encore aborder avec toi, mais le temps est contre nous.

À ces mots, il me tendit une petite enveloppe crémeuse.

Je la pris, haussant un sourcil perplexe.

— Qu'est-ce que c'est ?

— Un message de la Résistance. Nous l'avons reçu tôt ce matin. Ouvre.

— Un message pour quoi ?

— Pour moi.

Curieuse, je fis ce qu'il me demandait, j'ouvris l'enveloppe et en sortie une feuille de la même couleur. C'était une invitation, ou une proposition plutôt.

Je levai des yeux perplexes vers Vareck. Confortablement installé dans son fauteuil, il observait la moindre de mes réactions. Sous son regard scrutateur, j'avais souvent envie de disparaitre, je savais qu'il voyait en moi des choses que j'aurais aimé taire à jamais.

— La Résistance nous propose de nous envoyer des émissaires, résuma-t-il, où nous le souhaitons, afin de... discuter. Est-ce qu'ils t'avaient parlé de cela ?

Je relis plusieurs fois les quelques mots rédigés avec soin, mais ils ne m'apprirent rien de plus.

— Non, je n'étais pas au courant. Je ne comprends pas, que veulent-ils ?

Vareck resta silencieux quelques instants avant de répondre. Je jurerais qu'il ne réfléchissait pas à la question, mais plutôt qu'il attendait quelque chose de ma part. il allait être déçu, je ne comprenais rien à cette manœuvre de la Résistance.

— J'ai quelques idées, mais cela reste à confirmer. Et toi, que penses-tu qu'ils veulent ?

J'avais l'impression d'être propulsée des années en arrière, lorsque Vareck mettait à l'épreuve ma logique, mes idées et ma capacité à analyser des situations. Mais aujourd'hui, je n'avais pas envie de jouer à cela.

— Les Eryadins vont venir en personne ? demandai-je à la place.

— Il y a peu de chances qu'ils prennent le risque, répondit Vareck.

Je vis une brusque lueur de déception dans ses yeux face à mon absence de réponse. Que croyait-il ? Qu'il suffisait que nous nous embrassions pour que je me mette à nouveau à lui livrer mes pensées ?

— Qu'as-tu répondu ?

— Oui, bien sûr. Je suis curieux. Nous les rencontrons en fin d'après-midi.

— Aujourd'hui ? laissai-je échapper, étonnée.

— En effet, dit-il en se levant. Nous les accueillerons au Palais de Justice, les Éternels, toi et moi.

— Moi ? m'exclamai-je en reposant la lettre sur une table à côté de moi.

— Oui, toi.

— Mais on ne sait même pas ce qu'ils veulent... et si c'était un piège ?

Il me jeta un regard ennuyé.

— Personne ne me piège sous mon propre toit, Alyia. Pas même toi, d'ailleurs, même si je sais que tu aimes te persuader du contraire.

L'Ombre d'Alyia - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant