Chapitre 15

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Avec Vareck, tout semblait facile. Je n'avais été en couple et intime avec un homme qu'une fois dans ma vie, et seulement pendant quelques mois à peine, mon expérience était donc des plus limitées. Si j'avais eu des craintes quant à ce qu'il se passerait cette nuit-là, tout s'était évaporé au moment où Vareck m'avait embrassé. Oui, avec Vareck, tout était évident et naturel. C'en était presque frustrant comme tout semblait aller de soi, comme si l'univers lui-même conspirait à me faire tomber dans ses bras.

Ce matin-là, j'aurais aimé dire que je regrettais cette nuit et les deux fois où Vareck et moi avions fait l'amour, mais cela aurait été que pur mensonge. Il y avait assez de mensonges et de secrets dans ma vie pour que je n'ajoute pas celui-là. Peut-être que les regrets viendraient, mais pas aujourd'hui, pas encore.

L'aube état déjà là lorsque je m'éveillai et que je trouvais Vareck déjà réveillé à côté de moi. Je fus surprise de le trouver encore auprès de moi. Je le pensais du genre à s'évaporer avant le lever du jour pour me laisser que des regrets au gout de cendre dans la bouche. Vareck m'étonnait encore une fois par la complexité de sa personnalité.

Il tourna son visage anguleux vers moi, ses yeux polaires se tentèrent de chaleur.

Je ne pus empêcher un sourire éblouissant d'étirer mes lèvres, ce qui parut attirer l'attention de Vareck.

— Je n'ai jamais vu un tel sourire sur ton visage en toutes ces années, commença-t-il, même durant les premières années que tu as passé parmi nous.

— Je n'avais pas beaucoup de raisons de sourires... tu es autant la source de mes joies que de mes peines, Vareck.

— Je sais, soupira-t-il en reportant son attention sur la contemplation du plafond. Regrettes-tu ce qu'il s'est passé ?

Je comblai l'espace qui nous séparait et me lovai contre lui, me perdant dans son odeur et sa chaleur.

— Non.

— Je pensais que tu regretterais, avoua-t-il, je pensais que tu fuirais.

— Tu aurais préféré ce scénario ? le taquinai-je.

Il dégagea un de ses bras pour me prendre dans ses bras. Je posai ma tête contre son torse et fermai les yeux, écoutant les battements calme et régulier de son cœur.

— Bien sûr que non. Mais je dois dire que tu me surprends.

— J'ai regretté beaucoup de choses dans ma vie, et un certain nombre vous concerne les Faucheurs et toi. J'ai compris depuis que regretter ne faisait que ronger l'âme. Et je ne regretterais jamais d'aimer, de t'aimer toi. Et puis... quel plaisir de surprendre le grand et légendaire Seigneur Vareck...

Il rit et l'écho de son rire se répercuta jusque dans mes os.

— Tu finiras par regretter, me dit-il au bout de quelques instants, je te connais. Tu vas culpabiliser et cela te poussera à me fuir, parce que tu vas de nouveau mêler politique et amour.

— Facile à dire pour toi, tu l'as dit toi-même, tu n'as aucune valeur, aucune éthique.

— Tu te mets malgré tout dès que tu en as l'occasion en travers de mon chemin, je te rappelle, mon amour. J'ai pour habitude d'éliminer tous ceux qui entravent mes projets d'une manière ou d'une autre. Je suis très magnanime te concernant. Et tout ça parce que je ne mélange pas politique et amour. Il y a le monde que je veux mettre en place...

— La tyrannie, tu veux dire, le coupai-je.

Je basculai la tête en arrière pour observer sa réaction, le regard de pur ennui qu'il me renvoya me donnait à la fois envie de rire et de hurler.

L'Ombre d'Alyia - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant