CHARLES
L'événement bat son plein, tout le monde semble ravi et le discours de Miller est censé commencer dans un petit quart d'heure. Où est-elle d'ailleurs ?
Loan semble en pleine discussion avec une femme, j'en profite donc pour aller prendre ma dose de nicotine, mais il y a trop de monde devant l'entrée principale, je décide donc d'emprunter une petite sortie qui mène à l'arrière du manoir. Je pousse la petite porte, une clope entre mes lèvres, mon briquet entre les doigts prêt à être utilisé. Je sens que le froid agresse mes joues, j'allume ma cigarette quand j'entend comme des petits sanglots. Merde, y a quelqu'un ici. Je me dirige vers l'endroit d'où proviennent les pleurs et je la vois. Alix est accroupie sur les marches, les genoux repliés et la tête baissée. Elle ne m'a pas entendu arriver, je devrais peut-être la laisser... Malheureusement, je ne bouge pas, au contraire, je décide de m'asseoir à ses côtés. Elle lève son visage vers moi, elle ne m'avait en effet pas entendu. Surprise, elle s'empresse d'essuyer les larmes qui inondent ses joues. Mais elle ne dit rien et fixe droit devant elle, son corps bougeant d'avant en arrière. Elle panique, je reconnais ce genre d'attitude. Je tire sur ma cigarette avant de lui tendre, je ne l'ai jamais vu fumer mais on ne sait jamais. Elle me regarde puis prend la cigarette d'entre mes doigts, son contact me brûle. Ses yeux semblent si fatigués... Elle tire une taffe, puis recrache la fumée avant d'écraser le mégot à peine entamé. Je ne comprend pas trop son geste mais reste muet, elle n'a surement pas envie de discuter avec moi.
- C'est de la merde.
Etonné d'entendre le son de sa voix je fronce mes sourcils, puis, elle montre le mégot du menton. Quelques secondes passent je finis par répondre:
- Oui mais certaines personnes ont besoin de ça pour trouver un peu de paix. Elle pouffe de rire.
- Je pense surtout qu'ils essaient de se persuader que leurs traumas vont cramer avec le tabac.
Ce qu'elle dit me fait réfléchir. Mes traumatismes ne disparaîtront pas, avec ou sans fumée toxique dans mes poumons. Mais parfois ça permet de les apaiser.
- Qu'est ce que tu fais là ? Tu as un discours dans exactement douze minutes.
- Je n'ai pas vraiment envie de te parler de ma vie, je dois te rappeler comment à débuté notre relation ? Je hoche doucement la tête, je comprends mais continu tout de même.
- Tu fais des crises d'angoisse. On à besoin de soutien dans ces moments là, donc, si tu veux essayer de te calmer et de ressembler à quelque chose pour ton discours, je suis là. Sa tête se tourne et elle me fixe d'un regard dur.
- Merci, mais je suis parfaite, les yeux remplis de larmes ou pas.
Je ne peux pas être plus d'accord avec toi. Tu es toujours aussi belle.
Ses épaules sont découvertes et des petits frissons recouvrent sa peau, ni une ni deux, je me lève et enlève ma veste de costume, sous son regard confus. Je ne lui demande même pas et la pose sur ses épaules, puis me rassoit près d'elle.
- Tu es parfaite, mais parler avec la voix qui tremble, c'est pas dingue. Respire, regarde comme le monde est grand, je ne sais pas si c'est de parler sur la scène qui t'angoisse mais si c'est ça, sache qu'une femme comme toi pourrais dire les plus grosses bêtises que personnes ne te dirait rien. Les cerveaux ne fonctionnent plus correctement quand tu es dans les parages Miller... Du moins, le miens. Du coin de l'œil, je la vois lâcher un léger sourire, puis renifler. Est ce qu'elle pleure de nouveau ?
Elle se lève, époussette sa robe, se recoiffe et regarde si son maquillage n'a pas trop bougé. Je me lève également, nous sommes face à face, elle semble s'être remise en confiance. Elle me tend ma veste, puis rentre dans le manoir. Juste avant de tracer sa route son regard retrouve le mien.
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Lonely Lanes
RomanceSon passé n'a jamais été un frein à sa réussite, elle possède tout. Alix est une femme indépendante qui vit son rêve: avoir sa propre concession automobile. Mais quand la lumière de la lune pointe le bout de son nez, c'est sur la ligne de départ qu'...