Chapitre 24

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CHARLES

Tout ce que j'ai ressenti cette dernière heure est débordant pour un cerveau abîmé comme le mien. Je suis passé par toutes les émotions, la surprise de la découvrir encore plus belle que ce que je m'étais imaginé, l'admiration, mes yeux ne la quittait plus, la colère quand Jane s'est approché d'elle, la confusion quand elle c'est enfuit comme si celui-ci avait la galle. Ça ne m'étonnerait pas. Et puis, j'ai ressenti une peine si encombrante et si réelle que j'avais l'impression de pouvoir la toucher du bout de mes doigts. Ses pleurs, ses iris passant d'un vert lumineux à une détresse sombre, ils ont eu raison de moi. Je me suis confié à elle, car je voulais qu'elle ait confiance en moi, j'ai ce besoin vital de savoir ce qu'il lui est arrivé, pour mieux la soigner... Tout comme j'ai soigné son bras rougis par sa panique évidente de se retrouver face à un homme. Elle m'a pas encore tout dit, et ça prendra le temps qu'il faudra, mais merde, j'ai eu des pensées meurtrières à l'égard de son ex. Et pourtant, quand elle est dans mes bras, je ne ressens plus aucune chose mauvaise, comme une bulle protectrice qui se formerait autour de nous, histoire d'avoir quelques instants de paix dans notre esprit. "Je n'ai jamais embrassé quelqu'un d'autre que lui" , "Je suis encore lié à lui", "Soit tu m'embrasses maintenant, soit je demanderais à Jane de le faire.". Putain je perd les pédales, j'allais le faire, j'allais lui enlever ce poids de la conscience, j'aurais pu lui redonner sa liberté. Et même si ça me tue qu'elle puisse embrasser quelqu'un d'autre que moi par la suite, je l'aurais soulagé, et moi aussi, parce que merde ses lèvres... Si Loan n'avait pas débarqué, qui sait ce qu'il se serait passé dans cette salle de bain. Je reprends mes esprits et me trouve dans mon salon, face à mon père, il à viré tout le monde de l'appartement, il ne reste que Loan, Alix et moi. Les yeux de mon père nous reluquent de haut en bas, je lâche la main d'Alix que je n'avais cessé de tenir depuis notre rapprochement. Le manque se fait immédiatement ressentir, cependant elle ne peut pas rester là.

- C'est donc pour ça... Bon dieu, Charles. C'est pour une prostituée que tu me lâches.

Un hoquet de surprise sort de la bouche de Miller, je le déteste, je dois la faire sortir d'ici. Sans un mot dans la direction de mon géniteur, je l'emmène vers la sortie.

- Je suis désolé pour ses paroles, vraiment, ne me vois pas comme lui je t'en supplie...

Elle semble compatissante, elle relève ma tête pour plonger son regard émeraude dans le mien.

- J'ai bien compris qu'il n'était pas comme toi, au delà du physique vous n'avez rien en commun... Je vais rejoindre Ana à la voiture, fais attention à toi.

- Vous aussi, envoie moi un message quand tu es arrivé.

Elle hoche la tête et me tend sa main, je la prend et nous les bougeons de haut en bas, mais je tire sur sa main et la prend dans mes bras, je respire son odeur, son souffle est plus audible à présent comme une bouffée d'air frais, ou de nicotine. Un dernier regard et les portes de l'ascenseur se ferment.

Je ferme ma porte, prêt à affronter mon père. Il s'est servi un verre, assis sur un des fauteuils, une jambe posée sur son genoux, il se croit vraiment tout permis.

- C'est quoi ton problème putain ! Il ignore ma colère et reprend une gorgée.

- Réponds ou casse toi de chez moi !

- Chez toi ? Il ricane. C'est avec l'argent que je te file que tu t'es payé cet appartement alors respect tes aînés. Tu es en colère car j'ai vexé ta nouvelle conquête ?

- Ne parle pas d'elle. T'en a assez dit, tu veux quoi ?

Loan reste dans la pièce, il est au courant de tout ce que fait mon père, il bossait pour lui avant. Pourquoi ne pas le balancer ? C'est simple. Si il l'ouvre, il crève, il le sait.

Lonely LanesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant