Chapitre 2

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Nash
J'ai vu son regard quand je suis arrivé. Mais c'est impossible. J'ai promis à Preston de ne pas toucher à sa sœur. Elle a tellement changé...ses cheveux ont poussé. Elle s'est affinée, lorsque j'habitais encore ici elle avait quelques rondeurs et se faisait harceler pour ça. Elle s'est tournée vers moi pour exprimer sa détresse et une colère intense s'est emparée de mon être quand j'ai appris ce qu'ils lui faisaient subir. J'ai fait tout ce que j'ai pu pour convaincre Diana d'en parler à des adultes, mais elle redoutait les représailles, ça a donc été un long chemin. J'ai toujours apprécié sa personnalité très solaire et son incroyable capacité à voir le positif. J'adorais passer du temps avec elle, c'était comme être coupé de la réalité. Comme si le temps se mettait en pause quand Diana ouvrait la bouche.

Un SMS de Preston met fin à mes réflexions. Ce soir, nous allons au Ivy, le bar qui existe depuis l'époque de nos grands-parents. Preston veut me présenter aux nouveaux, ceux qui sont arrivés en ville après mon départ. Il n'y a jamais eu grand monde dans cette ici, ça n'a pas changé depuis. À la mort de mon père, ma mère a voulu revenir, elle ne voulait pas affronter les regards de pitié que les gens lui jetaient. Elle a demandé aux Campbell de m'héberger le temps de régler les papiers administratifs de la vente. Pour le moment, elle n'a pas trouvé de nouvelle maison. Je lui en veut d'avoir déménagé il y a 5 ans, j'ai grandi loin de mon meilleur ami et de tout ce à quoi j'étais attaché. Elle a juste suivi mon père qui voulait aller vivre à la grande ville. Il a toujours été un homme d'affaires, très terre à terre, il lui fallait être dans une grande ville toujours en mouvement. Ça a été très dur de le perdre. A présent, un trou dans mon cœur s'est formé à jamais. Ça fait mal. Perdre un être cher est la chose que tout le monde redoute, mais on se rassure en pensant que ça n'arrive qu'aux autres. Et le jour où cela arrive, votre monde tout entier s'écroule.

Laissant de côté ces ruminations, je quitte la véranda pour aller préparer du café. Ça n'a pas changé, je suis toujours le premier réveillé. Les parents de Preston et Diana arrivent seulement dans un mois, ils travaillent beaucoup. Durant tout ce temps, on sera juste trois. Preston, moi et Diana. On s'est toujours bien entendus, j'étais en quelque sorte le troisième enfant que Monica Campbell n'a jamais eu. Preston s'énervait parfois, il voulait que nous soyons tout les deux, et traîner avec sa sœur l'agaçait. Au fond de moi, j'ai toujours aimé la compagnie de Diana, c'est une personne très joyeuse et extravertie, elle met à l'aise tout le monde. Ce qui m'arrangerait, puisque je suis extrêmement timide. Le monde m'angoisse, ce que mon père ne comprenait pas, et ne pas le rendre fier me blessait énormément. Il me trouvait trop sensible, je crois. Mais on ne peut pas changer qui on est, n'est ce pas? Ma sensibilité n'est-elle pas une force plutôt qu'un défaut ?
Je m'attarde dehors, le regard au loin. Être au grand air me fait du bien. Je n'ai jamais été quelqu'un de très casanier, pas du genre à traîner dans la ville non plus.

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