Chapitre 9

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Si l'ambiance générale olfactive de la maison était plus morne à mesure qu'Isaac y faisait attention, sa décoration était plus chaleureuse que la dernière fois qu'il était venu. A vrai dire, beaucoup de choses avaient changé, y compris l'agencement de certains meubles. Tout paraissait plus beau à Isaac, plus pratique aussi, comme si Stiles – parce que l'initiative ne pouvait venir que de lui – avait eu à cœur de simplifier l'existence de sa famille. Ce qui le frappait, c'était le bois, quasiment omniprésent, le côté épuré de l'habitation...Et plus particulièrement du salon, dont les tons étaient extrêmement doux. Zen. Voilà le mot qui vint directement à l'esprit d'Isaac lorsqu'il s'installa sur le canapé une fois sa tasse déposée sur la table basse en bois de bouleau.

Mais Isaac avait la chance d'être un loup... Et, en plus de ça, de ne pas être idiot. D'aller plus loin que ce qu'il voyait ou sentait et surtout, de se faire confiance. Alors pour lui, tous ces efforts d'harmonisation, tout cet aménagement pour rendre l'atmosphère de la maison douce et zen... Ne faisait rien de moins que mettre en valeur le chaos silencieux qui y régnait. Isaac voyait un peu ça comme un enfant dissimulant au mieux ses bêtises, à la différence que Stiles avait simplement fait tout ça dans l'espoir d'aider son mari et leur fils, le second tout aussi traumatisé que le premier, de façon différente toutefois.

Or, cette façon de faire n'avait aucun effet réel sur leur hypothétique guérison. Peut-être Stiles repoussait-il ainsi l'échéance d'une folie possible, ou d'une dépression sans lendemain pour l'un et l'autre. Mais avait-il réglé la situation pour autant ? Non, et ce n'était certainement pas de cette façon qu'il allait y arriver.

Surtout en étant seul membre de l'équipage d'un bateau d'ores et déjà en train de sombrer, des trous parsemant sa coque de tous côtés. Il fallait reconnaître à Stiles une motivation certaine et une force non négligeable : mais il semblait à Isaac que l'hyperactif se rapprochait dangereusement de ses limites. Passé ce cap, il serait peut-être trop tard pour lui venir en aide... Pour les sauver tous les trois de cette chute commune à l'air interminable.

- Tu n'as pas l'air très heureux que Peter soit passé, finit-il par oser dire lorsque Stiles se fut installé à son tour, face à lui.

L'hyperactif détourna le regard, un réflexe qu'il avait lorsque l'on abordait un sujet avec lequel il n'était pas à l'aise. Isaac s'en voulut pour l'inconfort dans lequel il le mettait, mais il savait pertinemment que c'était on ne peut plus nécessaire...

... Et que, qu'importe la réponse de Stiles, Isaac obtiendrait des réponses. Bien qu'il soit véritablement stupide d'essayer de lui mentir, même le mensonge pouvait l'éclairer sur la vérité – Isaac pouvait remercier en cela ses sens surnaturels, plus efficaces que de simples mots.

Mais puisqu'il savait que Stiles avait tout autant conscience de ce fait que lui, Isaac s'attendait à tout – il serait prêt à décoder chacun de ses mots.

Stiles soupira, choisit d'être honnête :

- J'avais prévu quelque chose... Une surprise pour Eli et Derek. Une sortie, quelque chose qu'on aurait pu faire tous les trois.

Légère pause.

- Tu me connais, lorsque je veux faire une surprise... Je n'en parle pas, j'ai besoin de garder ça pour moi, de ne laisser aucun indice jusqu'à ce que je décide d'enclencher. Je trouve ça plus... Beau. Je suis d'avis qu'une surprise doit être découverte dans son entièreté et qu'il est plus agréable de ne pas s'y attendre du tout. Alors quand il m'a dit que Peter allait passer le prendre... J'ai tout annulé, avoua Stiles, un air fatigué se peignant sur son visage aux traits un peu trop tirés.

Isaac apprécia sa franchise, mais ne perdit pas de temps :

- Tu aurais pu envoyer Peter balader, ou dire à Eli qu'il le verrait une prochaine fois.

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