Stiles n'avait peut-être qu'une ouïe humaine, mais il entendit distinctement le bruit d'une clé tournant dans la serrure de la porte d'entrée. Sans avoir l'air d'y faire attention, il ouvrit le four une seconde et vérifia la cuisson du poulet. La moue embêtée qui se peignit sur son visage voulait tout dire : ce n'était pas prêt. Dommage, car la faim lui tiraillait l'estomac – comme toujours. Qu'importe le fait qu'il soit adulte, qu'importe également ce qu'il se passait dans sa vie, il la passait à avoir faim. Il referma le four et écouta d'une oreille discrète les pas légers d'Eli, jusqu'à ce que celui-ci se fasse entendre en se raclant la gorge. Stiles se tourna alors vers lui et esquissa un large sourire qui allait jusqu'à ses yeux. Parce que même si la vie n'avait pas été facile pour lui non plus, il voyait les petits plaisirs de la vie comme de grands bonheurs. Voir son fils rentrer lui faisait toujours cet effet-là... Sans doute parce qu'il avait continuellement peur de le perdre, lui aussi.
Disons que ce qui était arrivé à Derek l'avait profondément marqué, plus qu'on ne pourrait l'imaginer.
Alors forcément, Stiles entretenait toujours une certaine inquiétude par rapport à son petit bout de chou. Il lui faisait confiance et savait qu'il se débrouillait comme un chef dans la vie, mais... Il était père. Et, qu'Eli le veuille ou non, il s'inquièterait toujours de sa sécurité.
Le sourire du jeune homme, un parfait mix entre ses deux parents, fut bien plus timide, bien plus petit. Mais sincère. Sans un mot, il déposa son sac et alla jusqu'à Stiles qui l'étreignit sans une hésitation. Son inquiétude masquée monta cependant d'un cran. Eli avait toujours été un garçon adorable et rarement contre une démonstration d'affection. Mais lorsque c'était lui qui venait en quémander et ce, sans parler... Stiles le serra contre lui avec tendresse tout en refoulant ses émotions négatives autant que possible. Avec Derek, à force, il en avait pris l'habitude. Alors, il prit sur lui, car si Eli agissait ainsi, c'était sans doute parce qu'il était dans un mauvais jour, un de ces jours où rien n'allait malgré tout. Le jeune loup lui en avait déjà parlé. Généralement, tout allait bien dans sa vie, juste... Son moral s'en allait et le ciel bleu lui paraissait terne. L'amour, la joie... Tout ça ne l'atteignait plus vraiment et il subissait le temps passant jusqu'à ce que le sommeil finisse par le happer. Stiles sut donc qu'Eli ne leur tiendrait pas compagnie longtemps, ce soir. Il aimait se coucher tôt lors de ces mauvais jours. Parfois, il appelait ça les jours gris.
Ça aussi, c'était un vestige du sacrifice de Derek – dont son bébé avait été témoin.
Alors, Stiles ne lui posa aucune question et lui donna juste cet amour dont il avait terriblement besoin. Une fois qu'il eut pris sa dose de câlin, Eli indiqua à son père hyperactif qu'il allait à l'étage. Stiles hocha simplement la tête mais le prévint que le repas ne tarderait pas à être prêt. Et il se retint de serrer la mâchoire... Jusqu'à ce qu'Eli sorte de son champ de vision.
Là aussi, il y avait un problème.
Stiles savait qu'Eli aimait toujours son autre père – d'autant plus que c'était son modèle. Mais il y avait des fois où il préférait l'éviter alors qu'il avait besoin de le voir. L'hyperactif le sentait tout autant qu'il le voyait. Le pire, c'est que cette chose-là s'intensifiait lors des jours gris. Et c'était triste parce Derek le sentait aussi. Plus encore que Stiles. Parce qu'il était doué de sens lupins extrêmement développés. D'ailleurs, ils s'étaient accrus depuis qu'il avait regagné son statut d'alpha. Mais aux yeux de Stiles, ce n'était pas forcément une bonne chose et il aurait aimé que son homme reste un bêta.
L'hyperactif jeta un œil à son four d'un air embêté. Cependant, il ne tarda pas à prendre sa décision et sortit d'un pas faussement tranquille de la cuisine. Stiles n'était pas un loup-garou, mais il avait un sens de la déduction inné et une vivacité d'esprit qu'on lui enviait souvent. Alors forcément, il avait appris à prévoir et deviner les choses avant qu'elles n'arrivent.

VOUS LISEZ
Us
Hayran KurguHISTOIRE POST FILM Beaucoup de choses ont changé mais les souvenir continuent de vivre... Même après la mort. (Sterek) CREDITS : - TW = Jeff Davis - Histoire = moi - Header = moi