43- Non mais dîtes moi que je rêve !

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Vidée.
Voilà comment je me sens un lundi matin, après avoir passé un week-end torride dans les bras d'Edeen.

Les yeux rivés à en faire mal sur mon ordinateur, je tente désespérément de ne pas regarder pour la cent deuxième fois (car, oui je compte) ma messagerie vide. Edeen est-il dans le même état que moi ?
Terrifié et excité. Ressent-il lui aussi cette chaleur au creux du ventre, rien qu'en pensant à moi, à nous ?
Est-il piqué à vif de ne pas avoir de mes nouvelles, depuis un temps qui me semble être une éternité ?

Je suis ridicule. Je devrais être absorbée par ce gros dossier que vient de me confier Marc.
Au lieu de ça, je deviens la fille niaise et énamourée que je hais.

J'inspire profondément et me plonge efficacement jusqu'à 13h11 dans mon travail.
Ok, je suis amoureuse de ce crétin à la peau mâte et au torse plus que comestible.
Concentre toi jeune idiote libidineuse !
Mais ça ne doit en rien interférer dans mon travail, et ma carrière.

À 13h11, mes pensées s'évadent encore. Il ne me reste donc qu'un recourt, le shopping ! Car la dévergondée new-yorkaise de 24 ans en moi, en meurs d'envie. Juste le temps de ma pause déjeuné.

J'enfile mon blazer bleu marine (et oui je compte bien relancer la mode), ébouriffe mes cheveux, humecte mes lèvres rebondies, et quitte mon bureau. J'aurais bien invité Gregory à se joindre à moi, mais il est déjà en pleine séance de commérage avec les réceptionnistes du 15ème. Et Aly a un élan d'inspiration pour son roman, donc ne quittera pas son clavier, même si on lui apprenait qu'une guerre nucléaire était déclarée.

C'est donc seule, que je monte dans l'ascenseur... Ou presque. Au fond de la cabine, Marc est négligemment adossé aux miroirs. Son costume est impeccable, sa visage est fermé, et devient presque froid lorsqu'il me voit entrer.

La tension est perceptible dans chaque recoins de l'appareil. Marc me décoche un sourire en coin carnassier, j'en ai froid dans le dos.
Mais où est passé l'homme qui bavait à mes pieds ?

Je ne me démonte pas, et entre en redressant les épaules et en balayant ma crinière dans mon dos.

- Bonjour, lancés-je dans une assurance feinte.

- Mia, me salut-il cérémonieux. Il n'est pas un peu tôt pour quitter le boulot.

L'insistance qu'il met dans le mot "tôt", m'alerte de son irritabilité. Il me détaille de la tête au pied, et je sens bien que l'administration à fait place au mépris dans son regard.

- Ou tard, puisque je ne le quitte que pour manger, dis-je en fixant les portes se refermer sur nous.

- Je vois. Comment va Edeen ?

Quoi ?
Comment sait-il pour Edeen et moi ?

Il se rapproche de moi, ne se tenant plus qu'à quelques centimètres. Je hais sa proximité.

- Très bien, je lui passerai le bonjour de ta part, réponds-je en évitant à tout prix son regard insistant.

Je le sens, plus que je l'entends se pencher à mon oreille.

- Ça ne sera pas nécessaire, je m'en chargerai moi-même, murmure-t-il en frôlant de sa bouche mon lobe.

Putain ! Je m'écarte paniquée, en implorant les chiffres qui défilent, soit de s'arrêter pour laisser monter quelqu'un, soit d'accélérer afin que sorte de cette foutue cage d'ascenseur.

5... 4... 3...
Bing !
Les portes s'ouvrent, Marc me frôle de sa main dans le bas du dos.
Un frisson me parcourt, entre la peur et le soulagement, je ne saurais dire lequel l'emporte.

Il se tourne vers moi, et souffle, un sourire horrible sur les lèvres: "Bonne appétit."

Je hoche la tête incrédule, et lâche un soupir trop longtemps contenu, lorsque les portes se referment.

Bordel de merde ! Qu'est-ce que c'était que ça ?
Je décide de balayer la peur qui s'insinue en moi. Au moins pendant une heure. Je sors à grands pas, le cœur au bord des lèvres. Mon sang pulse encore dans mes veines. Vive l'adrénaline.

Je prends le premier taxi qui passe, donne l'adresse de la 5ème Avenue et appuye ma tête contre la vitre fraîche. Je me sens épuisée, et je n'ai qu'une envie, être avec Edeen.

Je déverrouille mon portable et compose son numéro, en regardant la ville défilée sous mes yeux.

Je tombe direct sur la messagerie. Je range mon téléphone dans mon sac, encore fatiguée, et reporte mon attention sur le paysage.

Mon regard s'illumine, lorsque j'aperçois la tignasse bouclée de mon homme, juste devant le Irish Rover.

- Je vais descendre ici finalement, dis-je au chauffeur en lui tendant vingt dollars.

Je me dirige à toute vitesse vers Edeen, manquant de me faire renverser deux fois.

Il discute avec une blonde au cul plat, les mains dans les poches. Je ne peux voir le visage de cette dernière, elle me tourne le dos. Elle fait de grands gestes, et semble en colère. Je n'entends pas ce qu'ils se disent, je m'approche encore. J'attrape mon Iphone dans mon sac, et appelle de nouveau Edeen.

Il saisit son portable et raccroche à la vue de mon nom.Une rage puissante parcourt ma poitrine. La blondasse pose ses mains sur son torse, et se met sur la pointe des pieds pour l'embrasser.

Je suis maintenant assez près pour distinguer les traits de son visage, lorsqu'elle incline la tête sur le côté.

- Mais putain, dîtes moi que je rêve !

Les mots sont sortis seuls de ma bouche. Edeen et cette salope de Kim se figent. Il me regarde paniqué, les mains sur ses poignets. Je me détourne en colère, enragée mais surtout blessée.

- Merde ! Mia, attends !
Hurle-t-il en courant derrière moi.

Mes oreilles bourdonnent, et je n'arrive pas à contenir mes larmes. Je suis éreintée. Entre l'attitude inquiétante de Marc, et la sensation de trahison qui me foudroie, je ne sais plus à quoi sont dues mes larmes.

J'entre dans un fast-food à l'allure douteuse, et fonce me réfugier dans les toilettes des femmes. L'odeur de merde me rend nauséeuse. Ou alors est-ce le visage terrifié d'Edeen dans le miroir qui me donne la nausée ?

Hate, Sex and Passion - The War of SexesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant