Un monde sans toi [TouyaxOC]

10| Repos

Pdv Touya

Quand Miyako s'est effondrée en pleurs, j'ai appelé nos agences respectives pour prévenir qu'on ne viendrait pas, en prétextant une maladie quelconque. Je me sens un peu coupable de mentir à mon parrain mais je lui expliquerai une autre fois.

Pour l'instant je l'ai laissée se rendormir, elle était vidée par ses émotions et j'avais besoin de passer chez moi me changer. J'ai pas voulu la laisser seule longtemps donc je me suis pas attardé, puis j'avais pas grand chose à faire d'autre de toute façon.

En retournant chez elle je jette un coup d'œil pour vérifier son état, j'ai l'impression qu'elle dort encore...

Honnêtement je m'inquiète pour elle, c'était la première fois que je la voyait comme ça, le visage aussi torturé et envahie par les démons de son passé. Elle a beau faire comme si de rien n'était, j'ai bien compris qu'elle trouve ses problèmes peu graves comparés à ce que j'ai vécu, mais la vérité c'est que c'est pas une compétition non plus. Chacun a son propre ressenti différent, et c'est pas aux autres de le juger.

Et puis c'est pas comme si c'était rien non plus ce qui lui est arrivé...une relation aussi toxique et traumatisante, et ces cicatrices...

Rien qu'à y repenser mes mains me démangent sous l'effet de la colère, et si je pouvais je cramerait bien un bout ou deux de ce connard...Oh ça va, j'ai dit "si je pouvais", or je peux pas.

Quand j'y repense j'ai vraiment eu de la chance avec Totori, c'était une relation saine et sans problèmes comme on n'en voit plus beaucoup, et si on s'est séparés c'est simplement parce qu'on préférait rester amis d'enfance, rien de plus. C'est toujours ma meilleure amie et ma confidente, rien n'a changé de ce côté là...

Pour m'aérer l'esprit je décide de cuisiner le déjeuner, ça fera du bien à Miyako de pouvoir manger en se réveillant, et puis ça m'occupera les mains. J'ouvre son frigo pour lister les ingrédients avant de me décider pour des Karaage.

Je sort le poulet pour le découper en morceaux, puis la sauce soja, et au fil de la recette ma tête se vide.

Quand le plat est prêt je toque à la porte de la chambre de Miya', sans réponse. Mon cœur s'emballe en y pensant, mais vu l'état dans lequel elle est, elle aurait très bien pu faire une connerie...!

J'ouvre la porte sans plus attendre d'approbation, puis je tombe sur la porte-fenêtre ouverte avec les rideaux qui battent au vent. Miyako est assise sur le balcon, un plaid enroulé autour d'elle et une flamme bleue qui danse entre ses mains.

Elle tourne la tête en m'entendant arriver avant d'étouffer le feu dans son poing serré.

<< Je faisais joujou avec ton alter...>>

Ses cheveux sont couverts de flocons qu'elle essuie négligemment en se relevant, une lueur triste dans les yeux.

<< Je suis désolée d'être un boulet...>>

- Eh ??

<< Bah...je t'empêche d'aller au boulot, et puis ma compagnie n'est pas non plus très agréable en ce moment...>>

Elle baisse la tête en culpabilisant, ses mains jouent nerveusement avec les plis de son tee-shirt. Je soupire et lui attrape le menton pour lui faire relever la tête.

- Miyako, si j'avais pas envie d'être là je me serais barré depuis un bail. Je te l'ai déjà dit, non ?

<< Moui, mais...>>

Sa lèvre inférieure est pratiquement en sang tellement elle la mordille depuis tout-à l'heure tandis que ses yeux fuient les miens.

<< Pourquoi...tu continues de vouloir rester ici, avec moi...? T'as bien vu, je suis une épave...complètement détruite, aucun intérêt...>>