Chapitre 18 - Austin

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Nous sommes en train de trottiner dans le parc près de chez nous. Billie fait l'effort de se caler sur mon rythme. Même si je pourrais nettement aller plus vite, je préfère ralentir et gérer chacun de mes mouvements. Dès qu'on croise du monde, j'ai la sensation que tous les regards se posent sur ma jambe. Je sais, tout au fond de moi, que c'est faux, ça n'empêche que je me sens oppressé. 

— C'est dans ta tête, tu sais? Personne ne te regarde, ajoute t elle face à mon incompréhension. 

Je ne relève pas et m'arrête sur un banc un peu plus loin. Billie ne proteste pas et s'assied à mes côtés. Sa jambe frôle la mienne et sa tête se pose sur mon épaule.

— Merci Austin. Je sais que c'est difficile pour toi, ça me touche beaucoup que tu aies fait cet effort.

Cette fille va me rendre dingue. Ses grands yeux qui s'illuminent dès que je lui souris, ses lèvres que je rêve de goûter. 

— Tu veux bien me raconter ton histoire?

Je ne peux pas résister à son regard suppliant et cède.

— Je me suis engagé dans les Marines avec mon meilleur ami Sean. On était déployé en Afghanistan depuis 6 mois, on devait bientôt rentrer. Sean avait été intégré à mon unité avec son chien Ares, en appui au combat. Ce jour là, on rentrait à la base, la journée était finie, on rigolait, Ares jouait avec une balle qu'on lui lançait à tour de rôle. Sean s'est écarté de moi pour aller récupérer sa balle, une mine a explosé. Il est mort sur le coup. Ares était loin, il a pris un éclat et le véto a décidé de l'amputer. J'étais à la fois trop proche de lui pour être indemne et trop loin pour le suivre. Les fragments avaient pulvérisé mon pied et mon tibia était en lambeau, la vascularisation était mauvaise, ils ont décidé d'amputer sous le genou. 

— Je suis désolée pour ton ami... Tu as gardé Ares.

— Le problème des chiens de soldats c'est qu'ils ne peuvent pas être proposé à l'adoption comme n'importe quel autre chien. Leur entrainement les rend dangereux pour ...

Je m'arrête en voyant mon malinois les quatre fers en l'air en train de se prélasser au soleil. Ses babines tombantes dévoilent ses dents dans une posture tout à fait ridicule. 

— Enfin à ce qu'il paraît, ils sont trop dangereux. Lui... il est aussi cinglé que Sean, je souris en repensant à mon ami. Alors, oui je l'ai gardé, c'était ça ou l'euthanasie. Il m'en aurait voulu de ne pas le sauver, son chien c'était toute sa vie.

— Et toi, c'était quoi ta vie avant?

— J'étais déployé 8 à 10 mois par an, le reste du temps je le passais avec mon ex.

— Vous êtes séparé depuis longtemps?

— Quand elle est venue me voir à l'hôpital elle n'a rien trouvé de mieux à dire que "c'est monstrueux" et puis elle était enceinte de 2 mois... j'étais parti depuis 6... alors je crois que de toute façon ça n'aurait pas fonctionné bien longtemps...

— Sympa, fait elle remarquer acide.

Sur le chemin du retour, Billie ne lâche pas ma main. Je n'ai jamais été aussi pressé d'arriver chez moi, loin du regard des autres. Mon programme pour le reste de la journée consiste à la faire mienne, je n'ai plus qu'à croiser les doigts pour que la chance me sourit. Malheureusement pour moi, une fois devant ma maison, ce n'est pas la chance qui me sourit mais ...

— Papa? Maman? Qu'est ce que vous faites là?, je demande surpris.

Ma mère me saute dans les bras avant d'embrasser ma joue.

— Tu ne croyais tout de même pas qu'on allait louper les 30 ans de notre fils?! 

Ses yeux dérivent vers la jolie brune à mes côtés, mon père en retrait reste silencieux même si je vois à son regard espiègle qu'il a compris. Je me tourne vers Billie pour faire les présentations mais son regard noir m'électrise.

— C'est ton anniversaire????

— Euh... oui...

— Tu comptais me le dire quand? demande t elle les mains sur les hanches avec cette expression indignée sur le visage.

— Demain... peut être, je ricane jusqu'à ce qu'elle me frappe l'arrière du crâne.

Mes parents se marrent et ma mère déclare :

— Je l'aime déjà. 

Je m'occupe des présentations et je bloque en désignant Billie. Notre relation est aussi étrange qu'exceptionnelle et je ne sais comment la décrire.

— Voici, Billie, ma ..... voisine ... entre autre..., je bafouille comme un gamin.

Mon hésitation fait rire Billie et je lève les yeux au ciel. Ma mère soulève un sac remplit de nourriture et m'indique qu'elle a tout prévu pour le déjeuner. Billie tente de s'éclipser mais c'était sans compter sur ma mère qui insiste pour qu'elle reste. Je ne vais pas m'en plaindre. On passe la journée tous les 4 pour le plus grand bonheur de mes parents qui se sont déjà fait des plans sur la comète, j'en suis certain. Ils repartent en fin d'après midi, je les raccompagne et leur promet de leur rendre visite prochainement. 

Quand je retourne à l'intérieur, Billie est en train de faire la vaisselle en se déhanchant sur un son de Rihanna. Il est tend que je me reconcentre sur mon plan initial du jour. Mes mains viennent se poser sur ses hanches qui continuent à se balancer en rythme, frôlant mon bassin avec indécence. Je laisse échapper un râle avant de déposer mes lèvres dans sa nuque. Sa tête se penche, m'offrant un meilleur accès et ses mains se cramponnent au plan de travail, laissant tomber la vaisselle pour le moment. Quand elle se retourne, ses yeux sont noirs de désir et je ne peux m'empêcher de foncer sur ses lèvres que je rêve de goûter depuis une éternité. 

A TRAVERS LE MUROù les histoires vivent. Découvrez maintenant