Chapitre 12 - Austin

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8 jours se sont écoulés depuis que Billie m'a pardonné. 8 jours que je n'ai pas repris d'Oxycodone. Elle ne le sait pas mais nos longues discussions le soir m'ont aidé à tenir le coup. La journée, je m'occupais des chiens qui ont aussi participé à mon sevrage. Malheureusement ce soir, je suis en pleine crise de manque. Quand elle m'a dit que les chiots arrivaient, j'ai paniqué parce que je ne suis pas dans mon état normal. Je ne suis pas sûr de réussir à passer la nuit sans replonger. Mais je ne peux pas le lui dire. Elle est en extase devant des bébés chiens, pour elle la vie est belle et rose, alors que moi je plonge un peu plus dans les profondeurs des ténèbres. 

— Austin? Austin? Je crois qu'il y a un problème.

Je l'entends mais ses mots ne s'impriment pas dans mon esprit. Tout mon corps, tout mon être ne veut qu'une chose, c'est avaler ces pilules. J'étais persuadé de les avoir toutes jetées. Mais en cherchant de l'aspirine, j'ai retrouvé un ancien flacon. Je le fais rouler entre mes doigts. C'est fou comme de simples comprimés peuvent nous détruire. J'ai arrêté pour elle mais ce soir je me dis qu'après tout ce n'est que la voisine. Juste un cachet. Juste ce soir. 

— Austin?!

Son hurlement agit comme une gifle. Je lâche le flacon et cours jusqu'à chez elle. J'entre sans frapper et la découvre accroupie près d'Iris qui semble épuisée.

— Qu'est ce qu'il se passe?

— Elle tremble et elle veut pas se lever, me répond Billie en pleurant.

— Ok, on l'amène chez le véto, je décide en cherchant ses clés de voiture. C'est une automatique? je demande avec une grimace.

— Tu veux pas choisir la marque et le modèle aussi? s'énerve t elle en me fusillant du regard. 

— Je .. je ne peux pas conduire de manuelle.

Je la vois me détailler sans comprendre, mais ce n'est pas le moment pour épiloguer. Je porte la chienne jusqu'à la voiture, Billie sur mes talons avec le panier et les chiots. Elle n'ouvre pas la bouche de tout le trajet. C'est bizarre comme première rencontre. 

A peine arrivé, le vétérinaire emmène Iris et ses chiots à l'arrière pour les soins et nous patientons dans la salle d'attente. Elle ne cesse de me jeter des regards en coin et je finis par craquer.

— Quoi?

— Euh .. rien, pardon. C'est juste que ... enfin, tu es normal, bafouille t elle les joues rouges.

— J'ai jamais dit que mon visage avait un problème. C'est toi qui t'es mis cette idée en tête, je ricane. 

A mon tour je prends le temps de la détailler. Je l'imaginais blonde ou rousse mais elle est brune. Je pensais qu'elle avait des yeux bleus ou verts mais ils sont marrons avec des nuances dorées. Son sourire est renversant et elle porte un baggy ce qui me fait sourire. Elle est bien plus jolie que je ne me l'étais imaginé.

— Arrête de me fixer comme ça, on dirait un psychopathe, murmure t elle.

J'éclate de rire, ce qui la déride un peu jusqu'à ce qu'elle voit ma jambe qui tressaute et mes poings qui se ferment et s'ouvrent à un rythme effréné. Ses sourcils se froncent, elle ouvre la bouche mais le vétérinaire arrive au même moment, la coupant dans son élan.

— Elle va bien. Elle a fait une hypocalcémie, c'est courant lors de mise bas. Elle va déjà mieux. Je vais vous expliquer la suite du traitement, venez.

On le suit et Billie écoute attentivement chacune de ses explications. Moi, je préfère imprimer sa silhouette sur mes rétines. Son pantalon moule un peu trop ses fesses et son croc top épouse sa poitrine à la perfection. Ca ne m'arrange pas du tout cette histoire! Je me racle la gorge mal à l'aise lorsqu'elle me prend en flagrant délit de reluquage. Dans la voiture, elle me sermonne comme un gamin de 12 ans ce qui m'amuse beaucoup.

— Mais c'est pas drôle enfin, râle t elle.

— Quoi? J'ai des yeux, j'ai le droit de m'en servir non? Ca fait 3 mois que j'attends ça, fallait bien que j'en profite un peu.

Elle frappe mon épaule avec la force d'un moustique en fin de vie.

— Tu es un vrai goujat! 

— C'est toi qui a commencé, je te rappelle! 

— N'importe quoi, marmonne t elle en croisant les bras sous sa poitrine.

— Bien sûr..., je pouffe.

— Tu n'étais pas censé être .... comme ça, râle t elle en agitant sa main près de mon visage. J'ai cru que tu avais un troisième œil ou le nez derrière les oreilles ou encore une corne au milieu du front. Et toi, tu arrives, là, parfaitement normal avec ta fichue cicatrice sur la joue qui te creuse une fossette à chaque fois que tu souris. A croire que tu l'as fait exprès. Comment tu t'es fait ça d'ailleurs?

— Une lame, en Afghanistan. Tu es en train de me dire que tu me trouves beau?

— Potable, rectifie t elle le nez en l'air.

— Bah voyons, je me marre. On peut savoir pourquoi tu m'engueules d'être "potable"?

— Pourquoi tu fuis tout le monde? demande t elle plus calmement.

Je soupire en me garant devant nos maisons.

— Mon problème est légèrement plus au Sud, je lui avoue.

Son regard dévie vers mon entrejambe et je ne peux retenir un rire.

— Et c'est moi le pervers! 

— N'importe quoi! C'est toi tu ... arrrgh tu m'énerves. 

Elle sort de sa voiture et claque la portière. Je ramène Iris chez elle. Une fois dans son salon, je ne sais pas trop quoi faire. Je m'apprête à partir quand elle me ramène un verre et un flacon d'aspirine. Je fronce les sourcils sous l'incompréhension.

A TRAVERS LE MUROù les histoires vivent. Découvrez maintenant