Chapitre 21 - Billie

433 56 9
                                    

De retour chez moi, je m'effondre dans mon lit. Ma tête enfouie dans mon oreiller, je laisse éclater mes sanglots en silence. Je me déteste, mon cœur est en miette tout ça parce que je suis une trouillarde. Je sursaute quand il frappe le mur.

— Billie, hurle t il. Tu ne peux pas faire ça! Je n'ai pas inventé ce qu'il s'est passé entre nous les 3 derniers mois, merde!

Mes larmes coulent de plus belle mais je ne lui réponds pas. Cela ne servirait à rien, je ne supporterai pas son départ et ces semaines d'angoisse, je ne peux pas, c'est trop dur. Il passe la moitié de la nuit à essayer de me convaincre de lui parler, mais je résiste. C'est mieux ainsi, du moins j'essaie de m'en convaincre.

Le lendemain matin mes yeux sont si gonflés que je peine à les ouvrir complétement tant j'ai pleuré de l'entendre me supplier. Il est parti, le silence est presque aussi dur à supporter que ses suppliques. Maddy me rejoint vers midi et contemple les cartons qui jonchent le sol.

— Alors, tu pars vraiment? Il n'a pas réussi à te faire changer d'avis?

— Je peux pas ... c'est plus simple comme ça.

Mon amie me barre le passage et je fronce les sourcils en tentant de la dégager pour sortir accueillir les déménageurs qui frappent à la porte.

— Maddy, je râle.

— Billie, pourquoi tu fuis comme ça? Tu l'aimes, tu es dingue de lui.

— Arrête, je hurle. Tu n'as aucune idée de ce que je ressens. Je peux pas, d'accord? C'est impossible, je peux pas...

— Ce n'est pas ton père, il n'est pas malade, il ne va pas mourir là bas. 

— ARRETE!!! 

Je m'effondre sur le sol, les mains sur mon visage. Maddy vient me serrer dans ses bras et je la laisse me bercer contre son cœur. Depuis la mort de mon père je n'ai jamais laissé personne me toucher à ce point, je garde toujours mes distances avec les hommes pour ne pas m'attacher, mais avec lui... 

— C'est trop dur, je répète inlassablement.

J'ai peur, de le perdre, alors je préfère m'en éloigner. Parce que même s'il revient vivant cette fois, peut être que ce ne sera pas le cas la prochaine. Je ne supporterai pas de le voir partir à l'autre bout du monde, en zone de guerre. Je sais qu'il n'y a que très peu de risques mais j'ai déjà perdu une fois l'homme de ma vie et je refuse de revivre ce sentiment d'abandon, cette sensation d'oppression dans la poitrine, ce chagrin constant, je ne peux pas tout simplement. 


Mon nouveau poste, mon nouvel appartement, ma nouvelle vie, tout, je déteste tout. Même Iris et Héra semblent moins joueuses, moins heureuses. Les semaines défilent, les cours aussi et je ne prends plus autant de plaisir à danser. Je passe mes soirées à regarder les informations et les évolutions des troupes américaines au Moyen Orient, terrifiée à l'idée de voir son visage apparaître sur ce petit écran. Les premiers jours, il m'écrivait et m'appelait plusieurs fois par jour, puis il a arrêté, n'obtenant jamais aucune réponse. 

Les semaines qui ont suivi la mort de mon père ont été éprouvantes, je pleurais jour et nuit et n'avais plus goût à rien. Je passais mon temps à me lamenter en regardant des photos de nous. Depuis que je suis partie de San Diego, je ressens à nouveau tous ses sentiments. Ma poitrine est constamment bloquée, je manque d'air et n'arrive plus à danser avec autant d'énergie qu'avant. Je pleure dès que je ne suis plus dans ma salle de danse, je ne dors presque plus et n'arrive plus à manger, ma mère serait heureuse de constater que j'ai maigri! 

5 semaines que je suis partie loin de lui. J'ai appelé Maddy pour avoir de ses nouvelles, savoir s'il était rentré mais elle refuse de me répondre. Elle me fait la tête et ne décroche même plus quand je l'appelle. Je me sens seule et démunie et je ne sais plus quoi faire. Me promenant dans le parc de notre quartier, je regarde les chiennes jouer et courir dans la pelouse. Je ne prête pas vraiment attention à ce qui m'entoure. Assise sur un banc, mes avants bras sur mes cuisses, je souris tristement en voyant un malinois courir vers elles, surexcité. Ils sautent tous les trois et je me fige en constatant qu'il n'a que 3 pattes. 

— Je peux m'asseoir?

Mon visage blême se tourne vers lui et je détaille chaque centimètre de son corps. Il est là, debout, devant moi, avec sa fichue fossette et entier. Je n'arrive même pas à ouvrir la bouche tant je suis béate devant lui. 

— On va dire que oui, ricane t il avant de s'asseoir à mes côtés. 

Mon cœur s'emballe, mes mains sont moites et je n'arrive plus à contrôler ma respiration qui devient totalement anarchique. J'étouffe, une boule obstrue ma gorge et je sens la crise de panique arriver. Austin vient prendre mes mains et m'aident à m'asseoir par terre. Mes bras entourent mes jambes et je me balance d'avant en arrière en fermant les yeux. 

— Tout va bien Billie... voilà respire... doucement... 

Je me concentre sur son souffle et tente de me caler sur sa respiration, calme et apaisante. Au bout de quelques minutes, je retrouve mes esprits. Mes joues brûlent de honte alors que son parfum me fait tourner la tête. Il est là, il est vivant et il va bien. Je me répète ça en boucle même si le petit démon sur mon épaule ne cesse de me répéter "mais il repartira, encore et encore".

A TRAVERS LE MUROù les histoires vivent. Découvrez maintenant