Chapitre 5 - Billie

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Playlist : Whitout Me - Eminem / Beat it - Michael Jackson / Loaded Gun - Tyler Hilton / Beggin' - Maneskin

Après la visite du cousin d'Austin, j'ai attendu chez moi en silence. J'avoue qu'au départ j'ai eue peur, puis, en entendant leur dispute, j'ai compris. Ce serait bien le genre de Maddy, d'aller frapper à sa porte jusqu'à ne serait ce qu'entrapercevoir un sourcil. Cette nuit, je l'ai entendu sortir. C'est la première fois en 3 semaines qu'il met un pied dehors. La curiosité m'anime et je meurs d'envie d'aller l'espionner à ma fenêtre. Qu'auriez vous fait à ma place?

J'ai contrôlé mes pulsions et suis restée bien tranquille dans mon canapé. Pour une raison qui m'échappe, il ne souhaite pas voir ou plutôt être vu par d'autres êtres humains. D'après leur conversation, enfin leurs hurlements, j'ai compris qu'il avait eue un accident il y a 3 ans, ce qui l'a conduit à cette vie de reclus et c'est triste. Peut être est il défiguré? Pourquoi ça m'intéresse d'ailleurs? J'ai une vie sociale bien remplie, avec une Maddy déjantée depuis sa rupture et un travail qui me fait rencontrer des dizaines de personnes par semaine. Je n'ai ni l'envie, ni le besoin de le connaître. Surtout que je ne suis pas prête d'oublier l'annonce qu'il a posté sur ce site immonde! 

Je l'entends rentrer après une demi heure. C'est vrai que notre mur mitoyen est aussi fin qu'une feuille de papier, je saisis chacun de ses pas, chacun des mots qu'il adresse à son compagnon à 3 pattes. Pour la première fois en 3 semaines, je dors bien et surtout sans boule quies.

Les semaines qui suivent sont toujours mouvementées. Notre guerre n'a pas cessé mais est plus douce et supportable. Il ne me réveille plus qu'une nuit sur deux à croire qu'il se lasse lui même de ces bêtises. Mon rendez vous chez le vétérinaire approche pour l'échographie d'Iris. J'ai pris soin de l'informer du jour et de l'heure mais n'ayant eue aucune réponse je doute qu'il daigne venir. Son côté husky ressort depuis le début de sa gestation, elle ne cesse de faire le loup ce qui déclenche les hurlements d'Austin et les aboiements d'Ares, une cacophonie absolument magnifique. 

Je suis réveillée en pleine nuit par des gémissements. Paniquée, j'allume toutes les lumières à la recherche de ma chienne mais celle ci dort tranquillement à mes côtés, comme toujours. Perdue, je mets du temps à comprendre ce qu'il se passe. C'est en faite de chez Austin que me parviennent ses bruits. On dirait des hurlements étouffés, comme s'il criait dans un oreiller. C'est possible ça? J'hésite, cela ne me regarde pas et je ne suis pas du genre curieuse en tout cas pas au point d'espionner mon voisin et c'est peut être encore l'un de ses jeux malsains. L'autre jour j'ai eue droit à des hurlements de bonobo et celle d'après des cris d'orang outan. Il est très porté sur les primates apparemment. Je laisse le temps s'écouler mais les cris se font de plus en plus intenses et rapprochés. Je finis par craquer et demande tout de même:

— Austin? Ca .. va?

— Ouais... désolé.

Sa voix est tremblante et rocailleuse ce qui ne me rassure absolument pas.

— Tu es sûr? Tu as besoin d'aide ou que j'appelle quelqu'un?

— Non ... non... ça va aller, c'est ... normal. 

— Hurler de douleur au milieu de la nuit n'a rien de normal, je lui fais remarquer ce qui lui arrache un ricanement, c'est déjà ça mais j'insiste tout de même. Je peux faire quelque chose?

— Danser.

— Pardon?

— Laisse tomber.

C'est bizarre comme demande, non? En quoi danser pourrait bien l'aider à soulager sa douleur? D'ailleurs, où est ce qu'il a mal? Je devrais peut être le lui demander, quoi que ça ne me regarde pas.

— Je croyais que tu détestais ma musique, je tente de plaisanter. 

— C'est le fait que tu les écoutes en boucle que je déteste. Mais j'aime bien entendre tes pieds fouler le sol.

— Oh ... 

Il n'y a pas grand chose d'autre à répondre à un tel aveu, qui est légèrement étrange mais c'est vrai qu'on est à la limite de vivre en collocation tant les murs sont fins alors j'imagine qu'il a finit par s'habituer à mes entrainements quotidien tout comme je m'habitue à ses grognements à chaque fois qu'il est contrarié, ce qui arrive vraiment très souvent! Je l'entends geindre à nouveau et me décide à me lever. J'allume mon enceinte et lance un fond de musique avant de commencer à danser. Après 4 chansons, j'arrête et tends l'oreille.

— Merci. 

— Ca va mieux?

— Absolument pas, raille t il. Tu peux te rendormir, je devrais arrêter de pleurnicher comme un bébé.

— Qu'est ce qui t'es arrivé? je questionne rongée par la curiosité.

— Une longue histoire ennuyante et déprimante. Bonne nuit Billie.

— Bonne nuit Austin. On reprendra les insultes demain?

— A la première heure, promis, rigole t il.

La seule chose que j'ai retenu de cette nuit c'est qu'Austin tient toujours ses promesses... 

Le vendredi suivant, je suis convoquée par mon patron. Ce n'est jamais bon signe et je n'échappe pas à la règle. Il passe 3/4 d'heure à me décrire la situation financière de l'école de danse. Les abonnements diminuent, le chiffre d'affaire avec et ils vont devoir supprimer un poste. Nous sommes deux sur la sellette, je n'ai plus qu'à prier pour garder mon boulot. J'ai gardé la tête haute toute la journée, faisant abstraction de mes sentiments pour me concentrer sur mes cours. Alors quand je rentre à la maison, je craque. 

A TRAVERS LE MUROù les histoires vivent. Découvrez maintenant