Chapitre 11 - Billie

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En rentrant, je suis éreintée. J'ai enchaîné une double journée de travail pour compenser l'absence d'une collègue malade. Tout ce que je veux c'est prendre une douche bouillante et dormir. Peut être manger mais je ne suis même pas sûr d'en avoir la force. J'ai à peine fermé ma porte que je l'entends à travers le mur. Il a choisit son jour celui là!

— Billie? Billie s'il te plaît laisse moi t'expliquer.

— C'est vraiment pas le moment là, je râle. 

Je commence à me déshabiller tout en rejoignant ma salle de bain, d'où je ne l'entends pas. Un pur moment de bonheur et de silence. Quand je retourne dans le salon, son monologue continue.

— ... du coup je ne t'ai pas laissé tomber. Enfin, c'était nul je te l'accorde mais je ne pouvais pas...

— J'étais sous la douche Austin! Je ne sais absolument pas de quoi tu parles.

— Ah! Il faut que je recommence depuis le début?

— S'il te plaît, je veux juste dormir, ma journée a été longue, je le supplie en croquant dans une pomme. 

— Bah je veux bien, mais tu vas continuer à me détester. Je te fais un résumé?, tente t il de plaisanter.

Assise sur mon canapé je n'arrive plus à les retenir et mes larmes se déversent en cascade sur mes joues. Je craque parce que je suis épuisée, parce qu'il m'a déçu et parce qu'il me manque.  

— Billy... je suis désolé, je ne t'ai pas entendu, je te jure. Je ne voulais pas te blesser ou te donner l'impression que je ne m'inquiète pas pour vous. 

— Ok, Austin, j'articule avec difficulté.

— Tu pleures?

— Non!

— Billie..

— Bonne nuit Austin, je le coupe avant de rejoindre mon lit.  

Le lendemain matin il me réveille avec la voix de Sam Smith qui chante "Lay me Down" et je craque. Je m'étais jurée de ne pas lui pardonner, parce que ce soir là j'étais désemparée, terrifiée et qu'il était aux abonnés absents. Mais avec ces paroles magnifiques, je ne peux que fondre. Je me laisse bercer par cette douce mélodie, serrant mes draps qui ne portent plus son odeur contre moi. J'aimerais que ce soit lui, contre moi. 

{...}
La lune, les étoiles ne sont rien sans toi / The moon, the stars are nothing without youTon toucher, ta peau, par où commencer ? / Your touch, your skin, where do I begin?
Aucun mot ne peut expliquer à quel point tu me manques / No words can explain the way I'm missing you
Nier ce vide, ce trou dans lequel je suis / Deny this emptiness, this hole that I'm inside
Ces larmes, elles racontent leur propre histoire / These tears, they tell their own storyM'a dit de ne pas pleurer quand tu étais parti / Told me not to cry when you were gone
Mais le sentiment est écrasant / But the feeling's overwhelming
C'est beaucoup trop fort / It's much too strongPuis-je m'allonger à tes côtés ? / Can I lay by your side?
{...]
Je prendrai soin de toi / I'll take care of you
Je ne veux pas être ici / I don't want to be here
Si je ne peux pas être avec toi ce soir / If I can't be with you tonight{...}
Tu me manques, tu me manques comme un fou / I'm missing you, missing you like crazy{...}

Une fois la mélodie terminée, je reste silencieuse, un sourire niais étirant mes lèvres et je l'imagine. 

— C'était trop c'est ça? demande t il. Je savais bien qu'il ne fallait pas que j'écoute cet imbécile de Lenny, râle t il alors que je pouffe contre mon oreiller. Eh, tu viens de rigoler? Tu te paie ma tête en faite, c'est ça?

— Juste un peu. Mais c'était ... adorable.. Merci.

— Alors, tu ne me détestes plus?

— Un peu moins, je le taquine.

Dans les jours qui suivent nous retrouvons peu à peu notre complicité. Le terme approchant, Iris passe les journées chez Austin quand je dois m'absenter. Je la retrouve dans le jardin chaque soir en rentrant. Cette distance qu'il continue à mettre entre nous me blesse. On commence à bien se connaître, même si on ne s'est jamais vu. Je dirais même que je le connais mieux que si je l'avais rencontré dans une situation classique. Je passe tout mon temps libre à parler à ce mur. On a même regarder une émission de télévision ridicule l'autre soir. Pourtant il ne me fait pas assez confiance pour me montrer ses blessures. 

Le grand soir est arrivé. Austin m'a dit qu'elle avait gratté dans son panier toute la journée et ce soir elle halète alors que son ventre se contracte à intervalle régulier. Je m'installe à ses côtés, la caresse et prends le temps de lui murmurer des mots réconfortants pour la rassurer. Au fond de moi c'est le chaos mais je me contiens pour ne pas lui rajouter du stress. 

— Austin? Ca commence!, je crie.

— Quoi? Déjà? Mais c'était prévu dans 3 jours! 

— Il faut croire qu'ils sont pressés, je rigole face à son état de panique évident.

Les heures passent et je l'aide à accueillir chacun de ses 6 chiots, tous plus mignons les uns les autres. Une fois la mise bas terminée, je souffle, contente que tout ce soit bien passé. Iris lèche ses petits qui sont en train de téter avec entrain. Je l'observe et trouve son comportement étrange. Sa tête tremble par moment et plus le temps passe plus elle semble épuisée.

— Austin? Austin? Je crois qu'il y a un problème.

Je commence à paniquer et cherche mon téléphone. Mon voisin ne répond pas et je me mets à trembler moi aussi. Iris se couche et ne veut pas se relever. 

— Austin?!, je hurle désespérée. 

A TRAVERS LE MUROù les histoires vivent. Découvrez maintenant