DÉPART POUR LE KENYA

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La réalité est une utopie qu’on aimerait mensongère….

                   PDV ELENA GROUSCOLV

La liberté est un concept en dehors de ma perception temporelle, une chose inatteignable qui me fais rêver. Espérer changer mon destin est ce qui m’a maintenue en vie toutes ces années, malgré les divers sévices qui me sont tombées dessus telle une rafale indomptable de vent, je me suis fais dure et j’ai encaissé sans jamais rechigner.

Je me demande si à travers le monde, d’autres femmes sont également contraintes dans cette lutte pour ce droit fondamental qu’est la liberté. J’aimerais être édictée sur son sens premier, comprendre pourquoi d’autres y ont accès sans bouger le moindre doigt et d’autres, comme moi, doivent franchir les portes de la mort pour ne serais-ce prétendre à cette dernière ? Ne disent-ils pas que nous vivons dans une ère démocratique ? Que tous êtres humains disposent des pleins droits sur son cycle de passage terrestre ? Serais-ce ainsi pour dire, que moi, Elena Grouscolv, suis-je un simple animal à la botte de Grouscolv ?

Assise sur mon siège, le regard égaré dans le défilé ascendant et descendant des nuages à travers ma vitre, je décide de me perdre sur un tout autre angle visuel ; mon dévolu se jette sur le profil gauche de Kendal, mon mari occupant le siège près du miens. Nous sommes pourtant dans un jet privé, il y’a autant de siège libre dans cet avion qu’il y aura de neurone dans la cervelle de mon tendre et déchu époux. Visiblement monsieur n’était du même avis et au final, nous nous retrouvons agglutiner là comme des sardines dans leur enveloppe. Comme hypnotiser par les traits fines de son visage, je revis les évènements datant d’une heure avant notre embarcation dans l’avion.  

L’air hautain et le sarcasme de mauvais goût d’ailleurs tout comme son humour à deux balles, nourrissent pleinement et avec satisfaction mes envies de le disséquer, de le destituer de chaque parcelle de chaire qui encombre son misérable squelette et démêler membres à membres l’entièreté de ses ossements pour me constituer un magnifique exosquelette, visiblement je ne serais pas la seule que cela apaisera, au vue des grimaces du visage de Nikita, j’ose croire que si un regard pouvait tuer, celui que Nikita dédie à Kendal, l’aurait surement planter une bonne centaines de fois, voire plus. 

__Tue-le à la moindre ouverture !

_Vous pouvez compter sur moi mère.

M’a-t-elle donnée l’ordre en usant d’une voix terrifiante donc je ne la reconnaissais guère capable, comme quoi, le souris est une arme de destruction massive. Ma réponse a à peine effleurée la sensibilité oculaire de cette dernière que mes rétines ne perçoivent plus la masse corporelle de mon fantôme ; serais-ce réellement un fantôme ? Dompter par le sentiment de curiosité je fausse compagnie à mes parents, et d’une furtivité à faire crier un fantôme, je me mouvoir dans les couloirs du domaine Grouscolv à la recherche de ce qui s’apparente à un mari pour moi. Pour le retrouver devant une BMW hybride noir du garage, il ne se gêne pas le garnement ; à mon tour, je m’apprête à me jeter dans un véhicule pour le prendre en chasse, lorsque je suis stoppée dans mon élan par l’un des chiens de garde de Grouscolv ;

_Vous devez me suivre, monsieur Grouscolv te réquisitionnes.

_J’irais à sa rencontre dans une demi-minute

_Tu peux me suivre de ton grés, ou je peux aussi user de la force pour t’y conduire ; à toi de voir ma jolie.

Mon regard se jette sur la BMW qui quitte le garage à vive allure,

_Fais chié !

Crache-je dans la frustration de cette scène, et me laisse conduire par ce toutou vers son maitre ; néanmoins je me satisfais que nos pisteurs l’on prit en chasse ; même s’il arrive à les semer ce qui est une évidence, nous serons en mesure de retracer son itinéraire pour savoir exactement sa destination et là, mes doutes pourrons trouver des fondements.

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