Même si les mots qui étaient sortis de la bouche de Nicholas, la veille, avait brisé son cœur, le matin, pendant sa période de nausée, Saphir avait voulu qu'il soit là, proche d'elle pour l'aider. Elle avait beau essayer de le détester, de lui être indifférent comme lui, il l'était, mais elle n'y était pas arrivée. Elle l'aimait tellement et savait qu'elle l'aimerait pendant tellement longtemps encore.
L'avoir proche d'elle pendant cette période en sachant qu'il ne serait là que pour l'enfant ne ferait qu'augmenter sa peine et le temps qu'il la fallait pour l'oublier. Elle voulait que la douleur cesse. Elle voulait ne plus pleurer et accepter le fait que c'était fini.
La seule façon d'y arriver c'était de le tenir éloigner aussi longtemps qu'il le fallait et qu'elle pouvait. Parce que sinon, c'était elle qui paierait les conséquences fâcheuses de l'agrandissement d'un amour sans lendemain.
***
Doucement, la grossesse de Saphir avançait. La trentenaire voyait l'évolution de son corps et était émerveillée de voir ce miracle de ses propres yeux. Toute seule, ce n'était pas la plus agréable des tâches. Les nausées du matin, les poussées de fatigue au cours de la journée ou encore la sensibilité douloureuse continuelle de ses seins la faisaient vivre un enfer. Pourtant, quand elle se réveillait le matin et qu'elle touchait son petit ventre à peine arrondi, elle oubliait tous ces détails.
Ce matin-ci, ce n'était pas ses problèmes habituels qui l'avaient réveillée. Le coeur battant, elle s'était effectivement réveillée en sursaut à cause d'une douleur pressante en bas du ventre. Aussi apeurante qu'une éclair, la thérapeute avait ressenti une pression perçante et soudaine. Elle s'était relevée le torse pour s'appuyer contre la tête de lit, c'était donc à ce moment précis qu'elle avait remarqué une grosse tâche de sang.
Prise de panique, elle avait attrapé son téléphone et avait composé le numéro qu'elle avait toujours le réflexe d'appeler. Quelques sonneries plus tard, quand le ton calme de son ex-mari avait répondu, elle ne pouvait pas dire un seul mot.
- Saphir? M'entends-tu? Nicolas avait questionné.
Toujours tétanisée, la femme enceinte avait ressenti les larmes coulées le long de sa joue.
- Je pense que j'ai fait du mal au bébé, elle avait fini par avouer d'une voix chevrotante. Nicolas, je saigne beaucoup, elle avait lâché en pleure.
Au bout du téléphone, on pouvait entendre l'homme prendre une grande respiration.
- Où es-tu? Je vais appeler les urgences. Es-tu à la maison?
Saphir ne disait plus rien. Sa main tremblante tenait encore l'appareil téléphonique, mais tout son être l'avait abandonnée. Elle ne pensait plus, ne réfléchissait plus et n'entendais même plus le divorcé la parler au bout du combiné. Elle était complètement absente, mais les larmes continuaient à dévaliser son beau visage.
Nicolas avait mis en attente Saphir pour appeler les urgences. En consultant l'heure, il savait que son ex-femme ne pouvait pas déjà être au bureau, il avait donc donné son ancienne adresse aux ambulanciers.
- Saphir, j'ai besoin de savoir si tu es consciente. Parle-moi! Il avait ordonné calmement.
Aucune réponse.
Saphir était une femme intelligente, réactive et très rationnelle. Des qualités que Nicolas avait toujours admiré d'elle. Toutefois, cette même femme avait aussi tendance à ne pas pouvoir mesurer ses émotions ou tout simplement les contrôler. C'était un défaut que Nicolas avait appris à accepter et à apprécier de sa partenaire.
Parce que même si sur papier elle était cette femme forte et indépendante, elle était réellement une femme qui avait besoin de son mari. Surtout lors des événements inattendus. Nicolas avait donc aimé savoir qu'elle avait besoin de lui, même après toutes ces années.