→ 𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟔.𝟐

355 34 1
                                    

Sa lucidité revient lentement. Buck prend d'abord conscience d'un bip régulier, incessant et irritant. Tout ce qu'il veut, c'est retomber dans les bras du sommeil, mais chaque fois qu'il pense qu'il va s'évader, ce bip le ramène à la réalité. Dieu, pourquoi Eddie n'éteint-il pas ce satané réveil ? Buck le ferait lui-même, mais ses paupières sont trop lourdes, comme si elles étaient scellées, et il n'a pas la force de tenter de les ouvrir. Au lieu de cela, il continue de rester allongé là, attendant qu'Eddie éteigne le réveil pour qu'il puisse retourner dormir.


Le bip continue, plus net maintenant qu'il retrouve ses esprits. Ce n'est pas son réveil, réalise-t-il. C'est un moniteur cardiaque.


Puis tout lui revient, aussi rapidement que l'explosion qui l'a mis là. La peur, la douleur, la solitude. La chaleur du feu brûlant à côté de lui alors que tout son monde tournait autour de lui.


La douleur dans son flanc, les cris de son équipe, le poids écrasant sur sa jambe.


Penser qu'il allait mourir. Accepter qu'il allait mourir.


Mais non, il ne l'avait pas accepté. Il s'était battu, il avait lutté pour Christopher, pour Eddie. Pour lui-même.


Il ne se souvient pas de grand-chose après ça. Juste des bribes de son transport de l'Afghanistan à l'Allemagne, lui disant qu'il avait été dans le coma. Que son cœur s'était arrêté dans l'hélicoptère médical, et qu'il leur avait fallu plus de trois minutes pour le réanimer.


Buck était mort. Il avait presque rompu sa promesse à Chris, une promesse qu'il savait ne jamais pouvoir tenir. Il espère juste pouvoir rentrer chez eux, qu'Eddie le voudra encore. Qu'il sera encore le bienvenu après la lettre qu'il a envoyée.


Il ne peut pas imaginer ce qu'ils ont traversé. Il ne sait même pas combien de temps s'est écoulé. Merde, il espère qu'ils vont bien. Il espère ne pas les avoir trop effrayés.


Ses paupières sont toujours trop lourdes, et le sommeil l'attire dans son étreinte chaleureuse. Mais il doit essayer de se réveiller – il ne sait pas pourquoi, c'est juste un sentiment profond dans sa poitrine. Il ne peut pas retourner dormir.


Il prend conscience d'une chaleur dans sa main gauche – une main serrant la sienne. Les doigts de Buck se resserrent instinctivement, cherchant du réconfort.


"Buck."


C'est dit sur un soupir, sonnant presque comme un soulagement. Ça vient de juste à côté de lui, et toutes les peurs de Buck disparaissent.


Eddie.


C'est tout ce qu'il faut pour que Buck ouvre les yeux. Sa vision est floue, et les lumières sont si vives. Mais il peut distinguer la silhouette d'Eddie, reconnaître sa peau bronzée et ses cheveux foncés.


"Eds" soupire-t-il. Sa voix est rauque, sa gorge sèche.


"Buck" entend-il à nouveau de son côté. Puis il y a des doigts qui passent dans ses cheveux, une main sur sa joue. "Tu vas bien, bébé, tu vas bien."

9-1-1 : Au-delà des Lignes du DestinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant