CHAPITRE DIX-HUIT

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"White Lips"



Parfois, les gens changent non pas parce qu'ils en ont envie, mais parce qu'ils n'ont pas le choix. J'étais prête à croire que le destin m'avait réservé de belles choses mais la vie était là, omniprésente, pour me rappeler qu'il fallait se battre, constamment, avec acharnement.


J'étais assise, enfin, plutôt avachie sur une chaise en plastique dans l'angle d'un bureau qui empestait le tabac froid. Cela faisait maintenant plus de deux heures que je tentais d'obtenir des infos face à ma situation mais le roux moustachu devant moi n'était pas pas prêt à coopérer. Le poste de police central du grand Londres était immense, les murs étaient parfois défraichis et mériteraient un bon coup de peinture.


En grandissant, j'avais toujours perçu les forces de l'ordre comme quelque chose d'annexe à ma vie, comme si jamais je n'allais avoir de problèmes dans ma vie. Comme si finalement, je me sentais intouchable. C'était faux.


- Est-ce que je pourrais savoir ce qui se passe pour l'amour du ciel ? M'impatientai-je- L'inspecteur Ramsay est en entretien avec vos parents et votre malfrat. Grogna le roux en ne quittant pas des yeux son écran de PC
- Malfrat ? Je vous demande pardon ? Répétai-je agacée
- Ce mec est un bon à rien, ne jouez pas sur les mots avec moi. Me menaça-t-il
- Vous ne le connaissez pas. M'entêtai-je bêtement
- Vous non plus. Saviez-vous que Monsieur Styles a un casier judiciaire ? Repris l'agent en souriant malicieusement


Mes lèvres s'entre-ouvrirent subitement laissant échapper un hoquet de surprise. Le roux potelet s'empressa de ricaner avant de recommencer à taper bruyamment sur son clavier. Mes ongles voulurent érafler le plastique de la chaise. Mon cœur s'emballa de colère et à la fois d'incompréhension. Pourquoi Harry ne m'aurait-t-il pas parlé de ça ? Qu'avait-t-il fait au juste ? Étais-ce grave ?


Je passais une main fiévreuse à travers ma chevelure avant de me redresser le long du dossier de la chaise. Les aiguilles de ma montre avoisinaient les six heures du matin, l'aube commençait à s'éveiller à travers les stores de la pièce. Lorsque la porte s'ouvrit sans prévenir, je sursautais sur place, la fatigue me rendait fragile. Un homme d'une quarantaine d'année, brun et baraqué entra sans ménagement dans la pièce en tenant fermement sa ceinture comme un chef.


- Mlle Powell ? M'interrogea-t-il du regard- Oui. Susurrai-je calmement
- Vos parents vous attendent dans la salle d'interrogatoire au bout du couloir.
- Je n'ai rien à leur dire. Renchéris-je colérique
- Je crois que vous n'avez pas le choix, à moins que vous souhaitez entraver cette enquête. Suggéra le policier sérieusement

épuisée, je me levais tout en prenant mon sac à main au passage avant de passer l'embrasure de la porte. Le long couloir était désert à cette heure tardive ou plutôt matinale. Un policier me guida jusqu'à arriver devant une porte, un écriteau décrivant ''interrogatoire'' était suspendu contre cette dernière. Je déglutis difficilement avant d'appuyer faiblement sur la clenche. Mes narines furent titillées par une odeur amère et acre flottant dans la pièce. Mes deux parents étaient assis sur deux chaises. Une table en métal nous servait de barrage, ou plutôt de bouclier entre nous.

LONDON TATTOOS - H.SOù les histoires vivent. Découvrez maintenant