CHAPITRE DIX-SEPT

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"Choices"



Il est vrai que nous pourrions affirmer qu'un choix est rationnel, explicable, alors qu'une décision se joue toujours quelque part dans l'au-delà de notre propre raisonnement, comme une sortie de folie de l'instant. Par exemple, certaines personnes décident de s'endetter pour acheter une nouvelle voiture flambant neuve, certaines personnes choisissent de se marier. On choisit de faire une fac de médecine parce qu'on pense que c'est le bon choix mais on décide de prendre une année sabbatique pour faire le tour du monde. L'idée cartésienne du libre arbitre repose sur celle de choix et non de décision. Ce que j'ai appris, c'est que faire preuve de libre arbitre c'est être capable d'arbitrer en raison, de choisir de satisfaire un désir plutôt qu'un autre.


Les rayons de soleil barbouillaient le ciel Londonien à travers de très jolies nuances orangées. Quelques coups de vents ébranlaient ma nuque. Alors que Harry terminait une grosse pièce sur un de ses clients réguliers dans l'arrière boutique, je m'attelais à dessiner contre le papier jaunis du carnet de dessin du bouclé. Harry disait qu'avant de me lancer dans la gueule du loup, je devais travailler mes coups de crayons et peaufiner mon style. Alors, me voilà, assise sur le renflement du trottoir devant la boutique à épier les passants la mine de charbon au bout des doigts.


Cette fin de journée n'avait pas été aussi créative que je ne l'avais imaginé. En déjeunant quelques heures plus tôt, Harry m'avait expliqué qu'il fallait que je puise mon inspiration dans l'essence même de la vie. Je l'avais soupçonné de fumer sa cigarette magique mais finalement, il avait raison. Le tatouage est un acte indélébile, une trace de vie et à vie.


- Alors, ces dessins ? Entendis-je une voix caverneuse et rauque dans mon dos

Surprise, je relevai le menton pour l'apercevoir dans mon dos, appuyé contre le chambranle de la porte du salon. Il sortit son paquet de cigarette de la poche arrière de son jean tout en lorgnant curieusement le carnet que je tenais sur mes genoux. Presque honteuse de n'avoir rien de potable à présenter, je détournais le regard en soupirant. Le bouclé déposa un mégot entre ses lèvres rebondies avant d'en allumer l'extrémité. Je me redressais tout en tapotant les extrémités de mon jean, bruni par la poussière.


- Montre-moi. Renchérit Harry en crapotant sur sa cigarette.

- Non. Objectai-je en pressant le carnet contre mon abdomen

- Fais pas l'enfant, Jade. Décréta le brun en arquant un sourcil

Nous échangeâmes un regard électrisant avant que je ne lui tende finalement le carnet à croquis. Il s'empressa de prendre le carnet entre ses deux mains en prenant soin de bloquer fermement son mégot entre ses lèvres. Adossé maintenant contre la vitre du salon, il ouvrit d'une main experte le carnet en épiant les dessins que j'avais réalisé durant la journée. Quelques fois, sa ligne sourcilière se fronçait. Je blottis mes avant-bras contre ma poitrine telle une enfant capricieuse.


- T'as terminé ? Repris-je impatiente

- Pourquoi tu ne dessines pas ce que tu aimes ? Me demanda Harry en relevant le menton

LONDON TATTOOS - H.SOù les histoires vivent. Découvrez maintenant