PALOMINO

Chapitre 10

Pour moi, l'amour est une distraction, une faiblesse qui peut compromettre un travail bien fait. Les émotions, les attachements, ce sont des chaînes invisibles qui entravent mes mouvements. Dans ce métier, la seule loyauté qui compte, c'est envers soi-même et le contrat. Rester insensible, impassible, voilà ce qui garantit la réussite. Enfin , c'est se que je pensais..

Sun

Je m'allonge sur mon lit, les couvertures me serrant comme une armure contre le tumulte de mes pensées. Le dîner avait été un putain de cirque, mais ce n'était pas ce qui me hantait. C'était Jay. Chaque détail de cette soirée, de cette putain de confrontation, repassait en boucle dans ma tête.

Je me revois assise à cette table, entourée de regards méfiants et de sous-entendus vicieux. Jay, sa main brûlante sur ma cuisse, un geste de protection qui m'avait prise au dépourvu. Et puis, ses mots dans la voiture. "Ne parle jamais de ce que tu as vu ce soir. Jamais." La froideur dans sa voix m'avait glacée jusqu'aux os. Comment un homme pouvait-il passer de la protection à la menace en une fraction de seconde ?

Je tourne la tête et fixe le plafond, essayant de trouver un sens à tout ça. Le rire de Jay résonne encore dans mes oreilles, un rire innocent, presque sincère, après une soirée pleine de tension. "Dans mon lit," avait-il répondu quand je lui avais demandé comment il aurait aimé que la soirée se termine. J'avais ri, malgré moi. Bordel, c'était tellement absurde.

Mais ce rire... Ce putain de rire. Était-ce une tentative de briser la glace, de réduire la tension entre nous ?

Je repense à sa main sur ma cuisse, à cette chaleur qui semblait encore irradier de ma peau. Ce geste, aussi troublant soit-il, m'avait fait me sentir protégée, même si ce n'était qu'un instant.

Chaque interaction avec Jay est une danse sur le fil du rasoir, un jeu où la moindre erreur pourrait coûter cher.

Je me lève et marche vers la fenêtre, observant la nuit noire. Les mots de Jay dans la voiture, son rire, tout cela m'enveloppe, créant une toile d'émotions contradictoires. Je suis en colère, perdue, mais aussi étrangement attirée par ce chaos. Je sais que je devrais m'éloigner, que chaque pas vers lui est un pas vers l'inconnu, vers le danger.

Je ferme les yeux, essayant de calmer mon esprit, Juste au moment où je commence à sombrer dans un sommeil agité, un bruit sourd me réveille en sursaut. Mon cœur bat à tout rompre. La maison est plongée dans le silence, mais je suis sûre d'avoir entendu quelque chose.

Je me redresse dans mon lit, tendant l'oreille. Un autre bruit, cette fois plus net, venant de l'extérieur. Je me lève doucement, attrapant mon arme sous l'oreiller,et me dirige vers la fenêtre. J'écarte légèrement le rideau et vois une silhouette sombre se faufiler dans le jardin.

Mon estomac se noue. Bordel, qui pourrait traîner ici à une heure pareille ? Je me glisse hors de ma chambre, descendant les escaliers en silence. Chaque craquement du bois sous mes pieds semble amplifié dans l'obscurité.

En arrivant près de la porte d'entrée, je m'accroupis, écoutant attentivement. Le bruit provient maintenant du salon. Je m'avance prudemment, chaque muscle tendu, prête à affronter ce qui m'attend. Soudain, une main se pose sur mon épaule. Je me retourne brusquement, prête à tirer, mais je me retrouve face à Jay. Ses yeux brillent d'une intensité dangereuse. Et il est torse nu.

Je m'efforce de ne pas regarder, mais mon regard glisse inévitablement vers son torse. Là, entre les muscles saillants, un tatouage improbable : une streap girl? Je cligne des yeux, incertaine de ce que je vois.

-Qu'est-ce que tu fous là, Sun ? murmure-t-il, sa voix grave et endormi.

-Je pourrais te poser la même question, répliqué-je, ma voix tremblante de colère et de confusion. Quelqu'un est dans la maison!