Chapitre 5

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je le regardais au loin, s'en aller, il tenait la main d'une femme âgée, il ne m'a même pas dit au revoir, je regardais les goute de pluie parsemer son parapluie, lentement. sa voix faisait encore écho dans mon esprit, les derniers mots qu'il m'a adressés, encore et encore, comme s'il risque de disparaitre au bout du fil, ou plutôt au bout de la rue.
ces cheveux étaient orangés, c'était mon roux préféré, mon seul et unique meilleur ami roux a vrai dire.

"je ne serai pas loin Sun, jamais" m'avait-il dit ce jour la. je n'avais que 5 ans ce jour-là...

JAY

Je tends la main pour la retourner, mais à peine ai-je posé la main sur la photo que je sens un fer froid sur ma nuque.

Une arme est braquée sur moi ?

Les idées se mélangent dans ma tête. Qu'est-ce que je pourrais bien dire à Sun pour justifier ma petite visite tardive ?

- Coucou Sun, tu as fait tomber la clé USB dans un coin de ton canapé, mais je ne pouvais pas te faire part de ce problème car je l'ai volée à Stan, tu sais, le mec qu'on devait surveiller et qui est l'un de nos ennemis. Mais ce n'est pas grave, car la clé est entre de bonnes mains, les miennes, haha.

Eh bien, c'est ce que j'aurais aimé dire, mais ça ne s'est pas passé comme ça, évidemment. C'est trop facile sinon. Je m'apprêtais à me justifier quand quelque chose attire mon attention : les chaussures, et je suis quasiment sûr que Sun ne chausse pas du 46.

Je saisis l'avant-bras de l'homme et le tire vers moi, le faisant se tourner dos à moi. Le bras qui tient l'arme se retrouve bloqué entre son dos et mon ventre, tandis que mon autre bras sert à recouvrir sa bouche pour éviter qu'il ne crie. Personne n'ose bouger, le temps d'analyser ce qui est en train de se passer. Qui est cet homme ?

Soudain, il enfonce son arme dans la poche de mon pantalon pour libérer sa main. À quoi joue-t-il ? N'étant pas armé, je ne cherche pas à l'arrêter tout de suite. Il libère son bras de mon emprise et pointe vers une horloge posée sur la lampe de chevet. Il avance d'un pas, ma main toujours plaquée sur son visage. Il avance encore d'un autre pas. Veut-il voir l'horloge ?

Je coopère, piqué par la curiosité. Je m'avance donc vers la table de chevet. Il se défait de mon emprise, récupère son arme et me la pointe dessus. Oulà, il va se calmer, le farfadet ?

Il commence alors à reculer, petit à petit, son arme toujours braquée sur moi, jusqu'à atteindre la fenêtre. Il pointe alors son arme sur l'horloge, puis sur moi, puis encore sur l'horloge avant de sauter par la fenêtre et de s'enfuir. Je referme la fenêtre pour éviter que le froid ne rentre et ne réveille la propriétaire de cet appartement.

Je me dirige alors vers l'horloge qui est posée sur la table de chevet. Rien d'anormal pourtant. Cherchait-il seulement à me distraire ? Pourquoi n'a-t-il rien emporté avec lui ? Par où est-il entré ? Était-il déjà là à mon arrivée ? Tout cela m'importe peu, mais une question me trotte plus que les autres : Sun n'est-elle pas en sécurité ?

Ce n'est pas une question, tout compte fait, c'est un fait.

Je referme la fenêtre du salon par laquelle je suis entré et m'apprête à regagner ma voiture. Je marche dans le noir. Ma voiture est garée un peu plus loin. La tête baissée, je m'enfonce dans le noir béant.

- MORETTI ! s'écrie quelqu'un au loin.

Je lève les yeux et vois Oran, accompagné de son cousin. Il était assis sous un porche, une clope au bec et une pizza à moitié engloutie.

Je cours vers eux et m'installe sur une chaise libre en face d'eux. Le cousin d'Oran habite sur la 20ème rue, pas loin de chez Sun. Il s'appelle Cune, a la trentaine mais n'en a que vingt dans la tête, toujours défoncé. On ne comprend ce qu'il dit qu'une fois sur dix, mais il est cool, connaît tout le monde et se fait respecter sur plusieurs marchés, d'après Oran. Autrement dit, c'est un dealer, ce qui expliquerait la baraque.

PALOMINOOù les histoires vivent. Découvrez maintenant