Chapitre 20

208 7 97
                                    

Sept mois. Sept mois que Jay est parti.

Depuis cette nuit où il m'a virée de chez lui, ma vie a basculé dans une froideur glaciale. Jay, avec ses idéaux idiots de justice et de moralité, n'a fait que renforcer ma détermination à me détacher de toute émotion. Je ne suis plus qu' un instrument de mort et de destruction.

Ces derniers mois, les missions se sont enchaînées sans relâche. J'ai accepté les contrats les plus sordides, les plus brutaux, ceux que personne n'osait prendre. À quoi bon avoir des scrupules ? Les scrupules sont pour les faibles, pour ceux qui se laissent guider par des sentiments inutiles. Je ne suis plus de ceux-là.

Ma dernière mission était un chef-d'œuvre de cruauté. On m'avait engagée pour infiltrer un gang rival et détruire leur base de l'intérieur. Pas de pitié, pas de survivants. C'était un travail sale, mais c'était le genre de travail où je brillais. La nuit, je me suis glissée dans leur repaire, éliminant silencieusement les sentinelles avant de planter des explosifs dans des endroits stratégiques. Quand le soleil s'est levé, il n'y avait plus rien d'autre qu'un tas de ruines fumantes et des corps éparpillés.

J'ai appris à apprécier ce sentiment de puissance, ce contrôle absolu sur la vie et la mort. Chaque mission est une occasion de me rappeler que je n'ai besoin de personne, que je peux survivre et prospérer seule. Les autres mercenaires commencent à murmurer des histoires sur moi, des légendes de la mercenaire sans cœur, une ombre qui ne laisse rien derrière elle sauf la mort et la destruction.

Il y a quelques semaines, on m'a confié une mission particulièrement délicate : éliminer un informateur qui menaçait de faire tomber un cartel entier. Je n'ai ressenti aucune émotion en le traquant, en découvrant ses habitudes, en apprenant tout ce qu'il y avait à savoir sur lui. Le jour où j'ai appuyé sur la gâchette et que sa tête a explosé en une gerbe de sang, je n'ai rien ressenti. Pas de satisfaction, pas de remords. Juste le vide.

Les noms, les visages, tout cela se mélange dans mon esprit. Ils ne sont que des cibles, des objectifs à atteindre. Je n'ai plus de place pour les sentiments, pour les souvenirs. Jay appartient au passé, un passé que je refuse de laisser me hanter.

Mais parfois, dans les moments de solitude, lorsque la nuit est particulièrement silencieuse, je me surprends à penser à lui. À sa voix, à son sourire, à la chaleur de son regard. Mais je chasse rapidement ces pensées. Elles n'ont pas leur place dans la vie que j'ai choisie. Une vie où le cœur ne bat que pour la mission, où les émotions sont des faiblesses que je ne peux me permettre.Il a façonné cette part de moi, m'a montré comment éteindre toute empathie pour devenir l'arme parfaite.

Sept mois que Jay est parti. Et moi, je continue à avancer, une mercenaire sans âme, sans cœur, laissant derrière moi une traînée de sang et de mort.

Aujourd'hui, je me rends au siège. Un bâtiment austère, à l'image de ceux qui le fréquentent.

Je pousse la porte du bureau de ma mère sans frapper. Elle est là, derrière son bureau, une femme imposante, à l'aura froide et intimidante. Elle lève à peine les yeux de ses documents lorsqu'elle remarque ma présence.

-Sun, tu es en retard.

-Je suis ici, non ? je réponds avec indifférence, m'approchant de son bureau.

Elle me dévisage, un sourire ironique sur les lèvres.

-Toujours aussi charmante, ma fille. Assieds-toi.

Je m'assois sans un mot, croisant les jambes, mon regard planté dans le sien. Elle pose finalement ses documents et se penche en avant.

-J'ai une mission pour toi. Elle est complexe, même pour toi.

PALOMINOOù les histoires vivent. Découvrez maintenant