mots à maux

XLXIV

en buvant son thé
elle a levé les yeux de sa tasse
il était là

une larme a glissé
à la vue de ce mirage
il était là

elle l'a fait disparaître
en baissant les yeux à nouveau
les mains tremblantes

elle a reposé sa tasse
et s'est roulée en boule sur son lit
les joues trempées

son lapin en peluche serré dans ses bras
elle est redevenue petite fille fragile
qui ne connaissait pourtant rien à la souffrance

elle a fermé les yeux
et couché à côté d'elle sur le matelas
il était là

elle a fermé les paupières plus fort
pour le faire disparaître
il était là

pourquoi la hante-t-il encore
alors qu'elle se tue à essayer
de le faire disparaître

son lapin lui murmurait des mots doux
mais jamais aussi doux que ceux
qu'il lui avait soufflé un jour

faisant battre son coeur la chamade
avant que ce cœur ne s'éclate sur le sol
et qu'il s'en aille

ne revenant que sous forme de fantôme
quand elle n'arrive pas à dormir
espérant redevenir la petite fille

qui ne savait pas l'amour
qui ne savait pas sa perte
qui ne le connaissait pas

elle s'endort
mais ne trouve pas répit dans le sommeil
car dans ses rêves il est là

quand vas-tu disparaître ?
lui hurle-t-elle
mais ce n'est qu'un rêve

il lui sourit juste
faisant battre son coeur la chamade
faisant tomber son coeur qui s'éclate

en mille morceaux de verre
sur le sol
elle est en mille morceaux de chair