GABRIEL

Je la regardais s’endormir. Elle avait l’air si paisible, son visage ressemblait à celui d’un ange. Elle était si belle avec ses cheveux qui lui encadraient avec merveille son visage doux. Elle avait un visage fin et une peau claire qui ressemblait au teint d’une poupée de porcelaine. Je fus interrompu dans ma contemplation de ce si beau visage par mon co-détenu et meilleur ami Jeff.

Cette fille t’a ensorcelé, tu le sais ça ? me dit-il 

Arrête, tu dis n’importe quoi.

Alors pourquoi restes-tu éveillé pour veiller à sa sécurité ?

Je ferais la même chose pour toi si tu n'avais pas su te défendre seul.

Certes, mais moi, tu ne me regardes pas avec ses yeux de merlan frit. m’assura mon meilleur ami. 

Mais qu’est-ce que tu racontes, n’importe quoi. 

Très bien, continue à te mentir si tu le souhaites, mais je ne suis pas aveugle, Gabriel.

Jeff va dormir, lui intimai-je.


Il rigola et alla se coucher. Je ne voulais pas l’admettre, mais il n’avait pas tort. Pourquoi j’étais subjugué par cette fille ? Jeff ne sait pas de quoi il parle. Cependant, je ne dormis pas de la nuit et continuai à l’observer, veillant à ce que rien ni personne ne lui cause aucun mal.

ALEX

C'était l'heure de nous rendre au chantier. Les gardes nous firent sortir de nos cellules et nous nous dirigions vers notre travail. Juste derrière moi, je sentis la présence de Gabriel. Je l'entendis me dire en chuchotant, pourtant il était formellement interdit de parler entre nous lors de nos déplacements, sinon, nous étions envoyés au trou pour au moins une semaine. Mais pour une raison que j’ignorais, les gardiens fermaient les yeux sur certains comportements qu'adoptent Gabriel.

Tu as bien dormi ? me demanda-t-il ?  


Je me retournai discrètement vers lui et lui fis un sourire en guise de réponse. 

Je suis heureux de l'apprendre alors.


 Je pris ma pelle et commençai à creuser le trou. Je trouvais cela louche de creuser des trous à des points assez stratégiques.

J'entendis les autres détenus, dont Julien, parler entre eux, comme s'ils préparaient un mauvais coup. Ils jetaient des regards sur Gabriel puis sur moi. D'un coup, les gardiens partent du terrain où nous travaillons, nous laissant ainsi sans surveillance. Gabriel regardait aux alentours, les sourcils froncés. Je vis dans son regard qu'il était inquiet. Julien et ses acolytes s'approchèrent de moi, et d'autres entourèrent Gabriel. Julien me prit par le col de mon uniforme, me souleva du sol, puis me dit :

Alors comme ça, la princesse a un ange gardien ?


Sans que je comprenne comment, Gabriel assomma l'homme qui était à sa droite d'un coup de tête, puis tordit le bras de celui de gauche. Il s'avança dangereusement vers Julien. Sans attendre, celui-ci lui donna le premier coup qui fut évité par Gabriel. Une bagarre se déclencha. Les autres me tenaient fermement. Je ne pouvais pas regarder Gabriel se battre sans essayer de le sortir de cette situation, même s'il faut l'avouer, il se débrouille à merveille sans mon aide. Les gardiens arrivèrent dans un fracas assourdissant, munis de leur matraque, et frappèrent tout le monde sans scrupule. Un gardien s'acharna sur moi alors que j'étais à terre. Je me recroqueville alors sur le sol en position de chien de fusil, en essayant tant bien que mal de protéger mon visage. D'un coup, je ne sentais plus aucun coup. Une main se posa sur mon épaule. Je me débattais sans pour autant ouvrir les yeux.

Alex, c'est moi.


Cette voix grave, je l’aurais reconnue même au milieu d’une foule.

Oh mon Dieu, désolé Gabriel... Que se passe-t-il ici ? le questionnai-je. 


C'est sûrement un coup monté du directeur de la prison. Il crée des émeutes et laisse les gardiens faire ce qu'ils veulent de nous. Ils nous battent à mort pour pouvoir libérer des cellules. 


Donc, non seulement la violence était chose courante ici, mais il y avait également ce genre de pratique qui était loin d’être règlementaire. Que vais-je être amené à découvrir sur cette prison? Une alarme assourdissante se fit entendre. Je sentis Gabriel me rapprocher doucement de lui. Le directeur fit son apparition. C’était un homme que l’on pourrait qualifier de ni jeune ni vieux. Il devait avoir cinquante ans, était de taille moyenne, assez corpulent avec une barbe de quelques jours et des cheveux blancs. 

Vous savez ce qu'une émeute comme celle-ci a pour punition. Gardiens, emmenez ses prisonniers pour leur punition collective, dit le directeur d’une voix forte et autoritaire. 


Nous traversions un couloir sombre. Gabriel me tenait toujours près de lui, car je sentais son souffle saccadé sur mes cheveux. Je marchais devant lui en essayant de ne pas trébucher. Il se rapprocha de mon oreille et m’expliqua d’une voix que moi seule pouvais entendre.

Ce que le directeur appelle la punition collective, c'est ce que j'appelle aussi l'enfer des fous. Car il nous enferme tous dans une petite salle, nous sommes à même le sol, l'air y est irrespirable, la température baisse d’un seul coup sans prévenir. Certains pètent les plombs et se battent entre eux. Il n'y a aucun gardien pour nous surveiller, donc aucune protection pour les prisonniers étant en guerre contre d'autres. Toutefois, ne t'en fais pas, je resterai près de toi comme ton ombre. 


La salle était sombre et irrespirable, comme me l'avait décrit Gabriel. Or, un quart d’heure plus tard, la température de la pièce avait soudainement chuté. Il faisait un froid atroce à un tel point que j'en tremblais. Une question me traversa l'esprit.

Depuis combien de temps es-tu ici pour savoir autant de choses sur la prison ?

Ça fait quatre ans.


Je ne répondis rien. Que pouvais-je bien lui répondre aussi. Après quelques minutes de silence, il ouvrit ses bras et me dit: 

Approche.


Je le regardai en hésitant. 

Je ne vais pas te faire de mal, ne t'en fais pas. Tu as froid, tu trembles, tu ne tiendras pas longtemps comme cela.


 Je cédai et m'approchai alors de lui. Il entoura mes épaules de son bras. Je posai ma tête sur son épaule et sentis sa chaleur m’envelopper.

Merci, Gabriel.

Essaie de te reposer un peu, je veillerai sur toi.

Et toi, tu ne dors donc jamais? lui demandai-je d’un ton rieur 


J’entendis un petit rire puis il me répondit d’une voix sérieuse effaçant les rires qui résonnait encore dans ma tête comme si cela n’était qu’une hallucination. 

Un ange n’a pas besoin de dormir.


Lorsqu’il avait prononcé le mot “ange”, je sentis qu’il trouvait ce mot immonde dans sa bouche. Il avait repris les mots de Julien, “Alors comme ça la princesse a un ange gardien?” Je fermai les yeux et m'endormis malgré le froid glacial de la pièce, en essayant d'oublier le fait qu'une vingtaine de prisonniers nous entourait. Or, juste avant de tomber dans un sommeil profond, j'entendis Gabriel chuchoter, sûrement pour lui-même.

Je finirai par découvrir pourquoi un ange comme toi se trouve dans un endroit horrible comme celui-ci...

SANTOS. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant