ETAPE 1 DU PLAN : FAIRE EXPLOSER LA TUYAUTERIE

Depuis plus de trois heures du matin, Jeff était en train de trafiquer la tuyauterie de sa cellule. Je l’entendais dire des jurons en espagnol. D'un côté, je voulais rire, mais d'un autre côté, je paniquais à l’idée que le plan de Gabriel ne fonctionne pas. Je commençai à réellement angoisser lorsqu'un bruit d'eau me sortit de mes pensées.

Caramba (ça alors), je vais être trempée en moins de trente secondes, mais les gardiens seront obligés de nous mettre ailleurs. J'ai tout déglingué. Panique pas si de l'eau s'infiltre vers ta cellule.

D'accord, alors maintenant si j'ai bien compris, on doit juste attendre qu'un gardien vienne.

Exactement.

Ça ne saurait tarder alors, dis-je. 


D'un coup, une petite explosion me fit sursauter. De l'eau s'échappa des tuyaux du plafond de ma cellule. J'étais trempée. J'entendis Jeff rire à gorge déployée.

On peut dire que tu ne fais pas les choses à moitié quand tu détruis quelque chose.


Il rigola encore puis me répondit :

C'est vrai que j'y suis peut-être allé un peu fort, excuse-moi.


Je sentais qu'il s'empêcher de rire. La situation l'amusait. Peut-être que dans un autre contexte, j'aurais ri aussi, mais l'angoisse refaisait surface. Et si le plan de Gabriel avait une faille…. Il devait être un peu plus de huit heures du matin quand un gardien arriva.

Mais qu'est-ce qu'il s'est passé ici ?


Jeff lui répondit d'un air innocent: 

Petite fuite m’sieur.

Ça ne va pas plaire au patron… Je reviens.


Le gardien part rapidement dans le bureau du directeur. Jeff reprit alors la parole d’une voix plus sérieuse. 

Maintenant espérons que le vieux schnock ne nous laisse pas moisir ici, parce que d'une : on va attraper une bronchite ou je ne sais quelle maladie, et de deux : si la maladie ne m'emporte pas, Gabriel me tuera pour t'avoir trempée jusqu'aux os pour rien.


Personne ne mourra.


Je préférais ne pas lui montrer mon angoisse. Je ne veux pas qu'il me voie comme une trouillarde.

Deux gardiens entrèrent, ils ouvrirent nos cellules en évitant soigneusement de marcher dans l'eau. Il me prit par le bras et, sans un mot, me fit sortir de la prison. À ma droite, un autre gardien fit de même pour Jeff. Ils nous mirent les menottes. Un des deux gardiens prit la parole: 

Étant donné l'inondation, le directeur a donné l’ordre de vous remettre dans vos cellules de base pour le moment.


Nous ne répondons rien et nous nous mettons en marche. Cela faisait plus d’un mois que je n'étais pas sortie de ma cellule d’isolement, mis à part pour les combats. Le regard des autres détenus était braqué sur Jeff et moi lorsque nous rentrions dans la cafétéria de la prison, car étant donné l'inondation, nous n’avions pu prendre notre petit déjeuner. Je cherchais un seul regard, deux yeux bleu nuit, jusqu’à ce que son regard sombre croisait le mien. Les gardiens nous enlevèrent les menottes pour que nous puissions prendre nos plateaux. Je brisai le contact visuel avec Gabriel quand je vis Julien de l’autre côté de la salle. Il avait le visage boursouflé et était rempli de bleus sur le visage. Il me fixait avec un regard meurtrier qui me glaça le sang. Jeff a dû remarquer que mon corps s'était figé, car il mit ses mains sur mes épaules pour me faire avancer vers la table où était installé Gabriel tout en me chuchotant :

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