Bonjour, ma sœur a été amenée d’urgence. Elle s’appelle Angélica Santos.


La secrétaire me regarda d’un air blasé, ce qui m’agaça au plus haut point.

Et vous êtes ? 

Son frère. 


Mon ton se fit plus sec, plus froid. Jacob mit sa main sur mon épaule, il savait que j’étais à deux doigts d’exploser.

Chambre 202.


Je courus vers la chambre. Lorsque j’entrai dans la chambre, je savais que cette vision me hantera toute ma vie. Ma sœur était allongée sur le lit, les médecins tentaient désespérément de la réanimer. Je m’attrapai la tête avec mes mains, tira mes cheveux, j’étais dévasté.

Non, non, non, Angelica, je t’en supplie, ne me laisse pas. 


Une infirmière se tourna vers moi et me demanda de sortir. Je ne l'écoutais pas et continuai à fixer le corps de ma sœur sans vie. L’infirmière se rapprocha de moi et me prit par le bras pour me faire sortir. J’explosai.

Ne me touchez pas, je dois rester. 


Je vis Jacob parler avec l’infirmière, puis il s’approcha de moi.

Mon pote, laisse faire les médecins, allez, viens, on va juste devant la porte. 


Je me laissai entraîner par Jacob, tournai en rond dans le couloir, me passai frénétiquement les mains dans mes cheveux.

Elle ne peut pas… c'est trop tôt.


Ma voix se brisa à la fin de ma phrase. Jacob me prend dans ses bras et, pour la première fois depuis longtemps, je me suis mis à pleurer toutes les larmes de mon corps.

Ça va aller, mon pote, je suis là.

Le médecin sortit de la chambre, son visage était fermé.

Monsieur Santos, nous avons fait tout ce que nous avons pu… je suis désolé.


Je ne répondis rien, mon cerveau s'était mis sur pause. "Je suis désolé", "nous avons fait tout ce que nous avons pu" - ses mots tournaient en boucle. Elle était partie, je ne l'entendrai plus jamais rire, je ne la verrai pas grandir, mon ange a rejoint les étoiles. J’entrai dans la chambre, m'approchai de son petit corps sans vie, je pris sa main froide dans la mienne, mes larmes coulèrent sur son visage pâle.

Eh mon ange, je suis là, tout ira bien maintenant.


Je m’effondrai et la serrai une dernière fois dans mes bras. Jacob était sur le pas de la porte, ses yeux brillèrent mais il resta stoïque et me laissa dire au revoir à Angelica.

Une semaine plus tard, l’enterrement d’Angelica est passé. Je me retrouvai seul chez moi. Je m’étais enfermé dans ce monde obscur qu’était ma vie. Ma sœur n’aurait pas aimé voir ça, mais c’était la seule façon que j’avais trouvée pour tenir le coup. J'ai désormais vingt- cinq ans. Cela faisait cinq ans qu’Angelica était morte. La douleur était toujours là, durant ces cinq longues années je m’étais renfermé sur moi-même et m’étais concentré uniquement sur mes affaires. J’avais sombré de plus en plus dans des affaires louches. Je n’étais plus un monstre, j’étais devenu le diable en personne. Tous les autres mafieux me redoutaient.Trois jours après avoir fêté mes vingt-cinq ans, je me fis arrêter par la police. Un de nos cambriolages avait mal tourné. Avant que la police ne me fasse monter dans la voiture, j’avais vu Jacob s’enfuir. J’étais soulagé qu'il ne se fasse pas prendre. C’était ma seule famille désormais, il était comme mon frère. Mon regard s’ancra dans le sien, il avait compris. C’était à lui de gérer le gang pendant que je serais en prison. J’avais tout perdu en perdant Angelica, alors aller en prison était le dernier de mes soucis. C’est comme si j’étais devenu le spectateur de ma propre vie et non l’acteur principal, plus rien ne me retenait.



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