Chapitre 10

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Sarah

Une fois entrée à l'intérieur de l'hospitalité Ferrari, mes affaires dégoulinant d'eau, un frisson m'échappe.

- Qu'est-ce que tu t'es fait ? Continue de me questionner Charles.

- Ce n'est rien, c'est bon.

- Montre-moi.

Il s'abaisse pour observer mon pied de plus près. S'il n'y avait pas eu tout ce monde autour de nous, je l'aurais envoyé promener, mais je ne veux pas attirer l'attention sur moi.

J'enlève mon pied de ma chaussure à moitié enfilée et, en soulevant le haut de mon jean, il aperçoit mon pied enflé.

- Comment tu t'es fait ça ?

- Je suis tombée dans les escaliers tout à l'heure.

Mon mensonge a l'air de lui convenir, il ne cherche pas à poser plus de questions et se relève à ma hauteur.

- Je vais aller prévenir ton père.

- Non. Je crie presque. Je suis maladroite, il en a marre que je me blesse tout le temps.

J'essaie d'être la plus persuasive possible, pour qu'il croie à ce mensonge. S'il savait que c'est lui qui me fait tous ces maux, il ne me croirait pas. Comme tout le monde ici. Tout le monde l'idéalise, mais personne ne sait qui il est vraiment.

- Assieds-toi, quand la pluie se sera calmée je t'emmènerai voir le médecin.

- Merci.

Je m'installe dans le fauteuil derrière moi, l'eau dégouline encore de mes cheveux. Si mon père apprend que Charles m'a emmenée voir un médecin, je ne sais pas quelle serait sa réaction. Je me suis toujours soignée seule jusqu'à présent. Mais cette fois-ci, c'est différent, je sens que je ne pourrai le faire seule.

- J'ai deux-trois trucs à faire, ne bouge pas je reviens.

J'acquiesce de la tête, soulagée de ne pas rester en sa compagnie. Je ne veux pas qu'il me pose plus de questions qu'il ne l'a déjà fait.

Maintenant qu'il est parti de mon champ de vision, j'ai deux options : m'enfuir ou rester et attendre qu'il ne revienne.

Mon père arrive dans la grande pièce où je me trouve. Après avoir serré la main à quelques personnes, son regard se pose sur moi.

- Qu'est-ce que tu fais ?

- Charles m'a vu.

- Et alors ?

Il faut que je lui dise tout de suite, il ne me touchera pas en présence de tant de monde autour de nous.

- Il a dit qu'il m'emmènerait voir le médecin.

La colère se lit dans son regard. Je le savais.

- Arrête de faire ta chochotte un peu.

- Si tu ne passais pas ton temps à me taper dessus, tout ça n'arriverait pas.

Son regard devient de plus en plus noir. Ses poings se referment et je suis soulagée que Charles fasse surface à ce moment précis. Le sourire de mon père s'illumine à la vue de Charles. Il me tend immédiatement une serviette avant de s'installer au côté de mon père.

- Tu as fait une fille avec deux pieds gauches à ce que je vois. Dit Charles en rigolant à mon père.

- Oui, malheureusement. Dit-il dans un soupir.

- Je vais l'emmener voir le médecin, elle ne sait pas se louper.

- Allons-y.

Je ne peux rester spectatrice devant ces deux hommes devant moi. L'un ignore la vérité et l'autre se moque ouvertement de lui.

Je me lève et commence à prendre la direction de la sortie difficilement. Charles arrive à ma hauteur, passant mon bras autour de ses épaules pour que je puisse prendre appui sur lui. Après quelques pas, et à l'abri du regard, la haine ressort en moi.

- Lâche-moi.

Je le pousse pour qu'il y ait une certaine distance entre nous. Mon dos vient de coller au bâtiment que nous longions. Mes yeux se ferment pour retenir les larmes qui ont envie de sortir.

Et si je lui disais la vérité, qu'est-ce qui se passerait ?

- Sarah, ça va ?

- Laisse-moi tranquille un peu. Dis-moi où c'est, je peux me débrouiller.

- Non, tu n'y arrives pas.

À ces paroles, mes yeux se rouvrent. La haine que je contiens en moi depuis de nombreuses années est prête à lui éclater au visage.

- Tu ne me connais pas.

Je reprends la marche en me tenant au mur à ma droite. La douleur est insupportable et les larmes coulent à présent le long de mon visage.

- Je te laisserai tranquille, mais laisse-moi au moins te conduire jusqu'à là-bas.

- Très bien.

Je finis par céder face à la douleur. Je m'appuie sur lui et il me conduit jusqu'au centre médical où l'on vient tout de suite s'occuper de moi.

Après un examen par un médecin, son pronostic est que je me suis cassé le pied. Il me conseille de me rendre à l'hôpital pour faire plus d'examens. Il me fait un bandage provisoire et me prête une paire de béquilles en attendant d'en avoir.

Comment vais-je annoncer ça à mon père ? Charles, toujours à mes côtés, écoute attentivement les recommandations du médecin.

Je repars avec mes béquilles, toujours en compagnie de Charles.

- Tu veux que je t'emmène à l'hôpital ?

- Tu as autre chose à faire, je pense.

- Tout de suite, oui. Dans quelques heures je pourrai m'en aller.

- Il faut que je voie avec mon père.

On rejoint rapidement l'hospitalité Ferrari, par chance la pluie s'est arrêtée.

Je m'installe dans l'un des fauteuils, laissant tomber mes béquilles au sol.

- Reste là, je m'occupe de ton père. À plus tard.

- Charles, attends.

- Oui ?

- Après, tu me laisses tranquille, tu n'as pas oublié ?

- Je n'ai pas oublié.

Ses lèvres se pinçent et il finit par partir rapidement. Les heures défilent, et le temps est long. J'observe les gens passer devant moi un à un. J'ai beau passer tous mes week-ends ou presque ici, je ne connais aucune de ces personnes. Cela montre bien l'intérêt que je porte à être ici. Aucun.

J'ai peur de la réaction de mon père une nouvelle fois. Ici, ce soir ou bien même à notre retour en Italie. Quand mes pensées sont à lui, je le vois apparaître au fond de la pièce. Il ne perd pas une minute pour foncer vers moi. Mon cœur s'accélère plus ses pas se rapprochent de moi.

- Tu ne t'es pas loupée d'après ce que m'a dit Charles.

- C'est ça, fait l'ignorant. Je lève les yeux au ciel.

- Passe autant de temps avec lui Sarah. Cela te rendra peut-être meilleure, qui sait. Il hausse les épaules.

- Je te déteste.

Aime moi ~ Charles Leclerc Où les histoires vivent. Découvrez maintenant