Chapitre 34

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Sarah

- Nous ferons mieux dans quinze jours, Charles.

J'essaie de le réconforter tant bien que mal, malgré sa déception face à une neuvième place qui ne lui convient pas du tout.

- Ferrari est en train de devenir une écurie de milieu de peloton. Le classement des constructeurs en témoigne. Ses mains s'agrippent au volant.

- La saison prochaine sera meilleure. J'irai à Maranello pour essayer de comprendre ce qui se passe.

- Depuis quand es-tu si optimiste ?

- Depuis que tu es si négatif.

Son regard se détourne de la route pour me sourire. J'ai au moins réussi à lui faire afficher un sourire avant de nous quitter.

- Tu ne me crois pas capable, n'est-ce pas ?

- Je n'ai jamais dit ça.

- N'oublie pas qu'avant d'être ton amie, je suis ta patronne.

- Compris, patronne.

- Arrête de te moquer de moi. Je lui tape le bras.

- Aïe, dit-il en riant. Je te fais entièrement confiance.

- Il vaut mieux.

Charles gare la voiture dans le parking de l'aéroport. Chargée de mes valises et des siennes, nous pénétrons dans le hall de l'aéroport, où de nombreux fans sont présents.

Charles prend toujours un moment pour aller à leur rencontre. Il m'a dit que c'était important pour lui d'être proche de ses fans. Pour ma part, je ne comprends pas pourquoi il s'impose cela en dehors des circuits.

- Mon avion est par là, me dit-il en désignant la direction du bout des doigts.

- Et le mien est par là, je lui montre la direction opposée.

- Peut-être qu'un de ces jours, tu pourras venir faire un tour à Monaco.

- L'idée m'enchante.

- À moi aussi.

- Rentre bien.

- Toi aussi, fais attention à toi.

Je lui adresse un dernier sourire avant de rejoindre mon avion. Arrivée au bout de ce long couloir, je me retourne pour le voir une dernière fois, et il n'a pas bougé. Je serais prête à faire demi-tour et partir avec lui, mais beaucoup de choses m'attendent en Italie dans les jours qui viennent.

Assise dans l'avion, mes vieux démons refont surface. La peur de me retrouver seule revient. Je m'agrippe aux accoudoirs du siège pendant le décollage ; je n'aime pas du tout l'avion.

Le voyage est long. Je me souviens qu'autrefois, quand je voyageais avec mon père, ces petits avions étaient toujours pleins. Aujourd'hui, il n'y a que quelques personnes. J'ai renvoyé tous ceux qui ont vu mon père me faire du mal sans réagir.

Le taxi me conduit à l'hôtel que j'ai l'habitude de fréquenter. Cela sera également la dernière fois que je mettrai les pieds ici. Demain est un grand jour. Je vais enfin avoir mon chez-moi. La signature chez le notaire est prévue pour début d'après-midi, ce qui me laisse le temps de me reposer demain matin. Quoi qu'il en soit, je n'aurais pas quitté cette chambre d'hôtel, comme toujours.

Mes valises enfin à terre devant le lit, je me laisse tomber sur celui-ci. Mon téléphone me sort de mes pensées.

De Charles :
Bien rentrée ?

De Sarah :
Oui, enfin. Pour ma dernière nuit à l'hôtel. Et toi ?

De Charles :
Oui, rentré aussi. Il va falloir que je planifie un voyage en Italie bientôt. 😉

De Sarah :
Tu seras toujours le bienvenu. 😉

J'enfile ma tenue de sport et pars courir jusqu'à la maison d'Eleonora et Ugo, qui ne se trouve pas très loin. J'arrive à bout de souffle devant leur grande maison.

Eleonora et Ugo sont toujours ravis de me voir, même si je débarque chez eux à l'improviste à chaque fois.

- Es-tu prête pour demain ? me demande Ugo.

- Impatiente, oui.

- Nous viendrons te donner un coup de main en fin de journée, m'informe Eleonora.

- C'est gentil, merci.

Je passe le reste de la journée en compagnie d'Eleonora et je finis par dîner avec eux. Leur enfant semble ne pas vraiment m'apprécier. Ils demeurent souvent distants, voire désagréables avec moi. Pourtant, je ne leur en tiens pas rigueur.

Je rentre à l'hôtel, profitant du coucher de soleil sur les magnifiques rues d'Italie.

Je ressors du notaire avec les clés de mon nouveau chez-moi. C'est une sensation étrange, mais je me sens heureuse.

Je m'empressé d'appeler Charles en visio pour lui annoncer la bonne nouvelle.

- J'ai les clés ! Je les agite près de mon visage pour qu'il les voie.

- C'est génial ! Je suis content pour toi.

- C'est grâce à toi, alors merci.

- J'aurais aimé être là avec toi.

- Tu fais déjà beaucoup pour moi. Que fais-tu d'ailleurs ? Du sport ?

- Oui. Il soupire. J'ai un peu abandonné ces derniers temps, mais je m'y remets.

- Je vais cesser de t'embêter. Bon courage et à plus tard. Je lui fais un signe de la main.

- Tu ne me dérangeras jamais, il fait un clin d'œil. Je te rappelle plus tard.

Je finis par raccrocher et saute dans le premier taxi que je trouve pour me rendre chez moi.

Les camions de livraison de meubles sont déjà là, attendant. Je me dépêche d'aller leur ouvrir, et peu après, Eleonora et Ugo arrivent, les bras chargés.

- Bonjour ma chérie. Elle m'embrasse sur la joue. Nous t'avons apporté quelques petites choses.

- Vous n'auriez pas dû, vraiment. Je prends le carton qu'elle a dans les mains.

- J'en ai un autre dans la voiture, je vais te le chercher.

- Ne lui en veux pas, cela lui faisait tellement plaisir, ajoute Ugo.

- Merci. Merci pour tout.

- Arrête de nous remercier à chaque fois, cela nous fait plaisir.

Eleonora revient quelques minutes plus tard, chargée d'un gros carton.

- C'est tout ce qui t'appartient. Une partie de ton histoire dont tu ne te souviens probablement pas. J'ai tout gardé pendant des années pour te les donner un jour. Prends le temps de l'ouvrir quand tu seras bien installée.

Intriguée par cette révélation, je prends le carton et ma curiosité me pousse à commencer à l'ouvrir. Je suis vite réprimandée par Eleonora qui m'ordonne de le déballer en dernier.

- Veux-tu que je t'aide à monter les meubles ? se propose Ugo.

- Oh oui, je veux bien.

Aime moi ~ Charles Leclerc Où les histoires vivent. Découvrez maintenant