Chapitre 12

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Sarah

Ce week-end, c'est le Grand Prix d'Imola, c'est-à-dire près de chez nous. À ma grande surprise, le retour en Italie s'est bien passé. J'ai rapidement compris pourquoi : Charles. Plus je passe de temps avec lui, plus il et satisfait. Je suis convaincue qu'il est toujours persuadé qu'il y a une possibilité de couple entre nous. Il est hors de question que cet abruti pose une main sur moi. Heureusement, il a tenu sa promesse la dernière fois et m'a laissée tranquille. J'espère qu'il en fera de même ce week-end.

En haut de l'escalier, je vois mon père prêt à me hurler de partir. Je lui réponds calmement.

- Pas besoin de hurler, j'arrive.

Il me prévient d'être prudente pour ne pas tomber dans l'escalier, car une deuxième fracture du pied pourrait vite arriver.

Je fronce les sourcils à ses remarques une fois de plus. Il rejoint la voiture avant moi. Aujourd'hui et tout le reste du week-end sont son moment de gloire. Ferrari est à domicile ce week-end. À l'approche du circuit, les fans sont déjà présents sur le bas-côté de la route, et il est ravi de pouvoir ouvrir sa fenêtre et les saluer. Tout cela me semble ridicule.

Aujourd'hui, je suis contrainte d'assister à toutes les réunions de l'équipe, sur ordre de mon père. Il veut que je sois prête à prendre la relève le jour où cela arrivera, m'a-t-il dit. Je ne veux aucun héritage qu'il pourrait me laisser. Je ne veux rien qui lui appartienne.

Le dernier arrivé est bien évidemment Charles, qui prend naturellement la dernière place libre à côté de moi.

- J'espère que ton pied va mieux, me dit-il.

Je lui montrant mon plâtre toujours présent.

- Rien n'a changé, à ce que je vois. Toujours aussi désagréable et plâtré.

- La ferme, lui dis-je sèchement.

Finalement, je me concentre sur ce qui se dit devant moi pour ne pas prêter attention à l'homme assis à côté de moi. Tout ce que j'ai retenu, c'est que la voiture avait une nouvelle couleur et que le casque de Charles aussi. Les termes qu'il utilise me sont pour la plupart complètement inconnus et je ne comprends rien de ce qu'il raconte.

Charles est à côté de moi, joyeux, en train de contempler son nouveau casque.

- Comment le trouves-tu ? Il est beau, n'est-ce pas ? me demande-t-il.

- Horrible. Tu n'as vraiment aucun goût, lui dis-je simplement.

Je ne saurais dire s'il est beau ou pas, je ne l'ai même pas regardé une seule seconde. Mon envie de le piquer n'est que pure plaisir.

La journée a été longue et ennuyeuse, comme à chaque fois. Mes nuits sont parsemées de cauchemars où mon père finit par me tuer. L'angoisse à l'idée de dormir est présente tous les soirs. Et comme chaque nuit, je me réveille en sueur.

Assise sur l'un des fauteuils dans l'hospitalité, je regarde l'horloge afficher 16 heures, mon ventre gargouille après peu de nourriture ingérée ces dernières 24 heures, et mes yeux sont prêts à se fermer par manque de sommeil.

- Mademoiselle Ferrari, votre père souhaiterait vous voir, me dit une jeune femme brune.

- J'y vais.

Après un soupir, je me redresse dans le fauteuil, frotte rapidement mes yeux et me dirige vers son bureau. Dans le long couloir qui y mène, je l'entends tousser. La porte grande ouverte, j'entre et m'installe devant le bureau, curieuse de savoir ce qu'il me veut.

J'attends patiemment qu'il reprenne son souffle, un mouchoir devant sa bouche, où je peux apercevoir un peu de sang.

- Qu'est-ce qui se passe ? finis-je par demander alors qu'il continue de se tenir la poitrine.

- On rentre, je ne me sens pas très bien, me répond-il.

- D'accord.

Je ramasse mes béquilles laissées sur le sol et prends le chemin de la voiture. Je ne vais pas m'inquiéter pour lui, il ne s'inquiète pas pour moi. Je ne dis pas non pour rentrer non plus, le temps est long ici.

J'attends un long moment dans la voiture avant qu'il n'arrive enfin. Il est toujours en train de cracher ses poumons, un mouchoir devant la bouche. Cela continuera tout au long du trajet, du week-end et de la semaine suivante.

Ce week-end, nous nous rendons à Monaco. J'aime beaucoup cet endroit. Tout semble hors du temps ici. Le vol a été long, et mes oreilles ne supportent plus de l'entendre tousser.

Le soleil est présent en ce jeudi matin. Notre maison à Monaco est sur les hauteurs, offrant une magnifique vue. Je me permets quelques libertés en arrivant, je profite de la terrasse. Mon père n'étant toujours pas en forme, il ne se préoccupe plus de moi depuis une dizaine de jours, et c'est tellement agréable.

J'ai retiré mon plâtre en début de semaine, je peux de nouveau marcher sur mes deux pieds. Une légère douleur survient quand je reste debout trop longtemps, mais rien de méchant.

De l'endroit où je me trouve, je peux apercevoir une partie du circuit, le port rempli de bateaux. C'est un grand événement à chaque fois que nous venons ici, un peu trop même.

- Sarah. Il tousse. Voiture, me lance-t-il.

Je ne réponds pas et vais m'installer dans la voiture. Rapidement, elle nous conduit jusqu'à l'entrée des paddocks. Il est encore assez tôt, et peu de monde est arrivé, c'est inhabituellement calme.

Deux pilotes sur ma droite attirent l'attention des fans, rejoints rapidement par le pilote habillé en rouge, Charles. Je jette un œil derrière moi pour apercevoir mon père encore loin derrière, à bout de souffle, quand je passe les portiques de sécurité.

- Bienvenue chez moi, me dit une personne derrière moi.

Je lève les yeux au ciel sans même avoir vu qui me parlait. Je finis par me retourner, apercevant la personne marchant derrière moi.

- Très bien, je te laisse tranquille, me dit-elle en levant les mains. Content de voir que tu marches sur tes deux pieds.

Je ne prends pas la peine de répondre et regarde devant moi. Il est tout souriant, saluant joyeusement toutes les personnes qu'il croise. Il semble ravi d'être ici, chez lui.

Aime moi ~ Charles Leclerc Où les histoires vivent. Découvrez maintenant