Sarah
La nuit vient de tomber sur Singapour, et seul le vacarme de la circulation résonne en contrebas de ma terrasse. Un coup frappé à la porte vient se mêler au bruit des moteurs et des klaxons.
C'est Charles, bien sûr, la personne qui se tient devant moi lorsque j'ouvre enfin la porte.
- On peut discuter ? me dit-il en me montrant un sachet qu'il tient dans ses mains. J'ai apporté à manger.
- C'est ta dernière chance de me donner une excuse valable.
Je me décale pour le laisser entrer.
- Et j'ai ça aussi, dit-il en me tendant une boîte rectangulaire blanche de son autre main.
- Qu'est-ce que c'est ?
- Ouvre-la, tu verras bien.
Ne pouvant contenir mon impatience, je saisis la boîte, m'empressant de l'ouvrir. C'est un téléphone.
- Je te l'avais promis. Peut-être que la prochaine fois que je t'appellerai, je verrai ton visage moins flou.
Il est vrai que j'ai littéralement pulvérisé mon ancien téléphone, me rappelant ainsi ce mauvais souvenir.
- Merci.
- Tu as faim ?
- Qu'est-ce que c'est ?
- Un chicken rice, une spécialité d'ici.
- C'est bon au moins ?
- Je n'en sais rien, je n'ai jamais goûté.
Je croise son regard et nous nous mettons à rire ensemble.
Installés face à face, nous commençons notre repas. Je dois avouer que c'est assez bon, épicé mais savoureux. Nous concluons que j'apprécie la nourriture épicée, tandis que Charles ne cesse de remplir son verre d'eau depuis que nous avons commencé à manger. Chaque jour, je découvre un peu plus mes goûts.
- Parlons de ton contrat maintenant, je mets les pieds dans le plat directement.
- Oui... Il soupire. Ton père...
Je ne lui laisse pas le temps de terminer.
- Oui, je sais. Mon père avait dit qu'il te ferait signer un nouveau contrat avant de mourir.
- Comment sais-tu ça ?
- Je me suis renseignée. Continue.
- Très bien... Je vois à son regard que je l'ai déconcentré. Je ne t'en ai pas parlé pour que tu ne penses pas que je me servais de toi. Je n'ai jamais trouvé le bon moment pour en discuter. Voilà tout.
- Donc tu iras ailleurs l'année prochaine ?
- Non. Tous les baquets sont déjà pris. Si je n'ai pas de contrat, je resterai chez moi l'année prochaine.
- C'est vraiment ce que tu veux ?
- Non, bien sûr que non. J'ai préféré risquer ma place pour les prochaines années plutôt que de briser la confiance que tu es enfin parvenu à me donner. Je veux plus que ce contrat, mais je ne veux pas perdre ta confiance non plus.
- Très bien.
Je me lève pour aller chercher les documents soigneusement rangés dans mes affaires, sous le regard attentif de Charles. Je lui tends son contrat et reprends place sur ma chaise.
- Tu as un stylo, j'espère ?
Il prend les papiers et commence à les feuilleter un par un, prenant le temps de lire chaque ligne.
- C'est ce que tu avais convenu avec mon père, signé par le directeur de l'écurie et moi-même.
- Quatre ans, dit-il à voix basse.
- Ce n'est pas ce que tu voulais ?
- Si, bien sûr que c'est ce que je voulais. J'ai tellement négocié avec lui pour obtenir ces quatre ans, il n'était pas vraiment d'accord. Nous avions finalement convenu de deux ans.
- Il te considérait comme le fils qu'il n'a jamais eu. Il t'aurait donné tout ce que tu demandais, dis-je en levant les yeux au ciel.
- Je suis désolé, Sarah, j'ai parlé bêtement.
- Signe avant que je ne change d'avis.
Il finit par trouver un stylo après avoir fouillé dans tous les coins de la chambre. Son sourire en dit long sur ce que cette signature représente pour lui.
- Je ne sais pas comment te remercier.
- En ne me faisant pas regretter, et surtout, dis merci à ton frère.
Pour clore cette discussion, je rejoins la terrasse, m'appuyant à la rambarde. Bien qu'il commence à se faire tard, l'air chaud est toujours présent.
- Rien ne changera.
- J'espère.
Sa main se pose sur mon épaule, me rapprochant un peu plus de lui.
- Ça va, toi ?
- Oui, ça va.
- La vérité ?
- Ce ne sont que de mauvais souvenirs.
Je sais qu'il fait allusion à ce qui s'est passé ce matin, mais je n'ai pas envie d'en parler. Ce n'est pas en ressassant le passé que je vais avancer.
- J'ai quelque chose à te montrer.
Il sort son téléphone de sa poche et, après avoir pianoté dessus un court instant, une vidéo démarre. Je me reconnais sur l'écran.
- C'est l'interview que tu as tournée la dernière fois, elle est sortie hier.
- Arrête ça, je ne veux pas la voir. Je pose ma main sur l'écran.
- C'est que du positif qui en ressort, Sarah.
- Je t'ai dit que je ne voulais plus en parler.
Je suis à cran. Ces derniers jours, les souvenirs reviennent de plus en plus, comme si ma vision se brouillait et que les images apparaissaient d'elles-mêmes devant moi. Je revis chaque scène de violence encore une fois. Dès que je me retrouve seule ou que je ne fais rien, tout se mélange dans ma tête.
- Parle-moi, Sarah.
Il a remarqué les larmes qui coulent sur mes joues et, d'un geste tendre, il vient les essuyer avec son pouce.
- C'est juste une mauvaise passe, ça ira mieux dans quelques jours.
- Veux-tu qu'on aille courir ?
Je plonge mon regard dans le sien. Est-il vraiment prêt à sortir courir en plein milieu de la nuit pour me décharger à nouveau ?
- Bonne idée.
Je vais immédiatement fouiller dans mes affaires pour trouver ma tenue de sport. Quand je suis en Italie, j'ai pris l'habitude de courir tous les matins. Peut-être qu'il a raison, courir m'aidera à évacuer mes mauvais souvenirs ce soir.
Je rejoins Charles dans le hall de l'hôtel après qu'il ait également changé de tenue.
Nous parcourons les rues de Singapour à grandes enjambées, éclairés uniquement par les phares des voitures qui défilent à tour de rôle.
Lorsque nous revenons enfin devant l'hôtel, mon corps ne répond plus. J'ai dépassé la limite de mes capacités et de ce que mon corps pouvait accepter. Mes jambes ne supportent plus mon poids, et je m'agrippe au bras de Charles pour prendre un peu de soutien. Mais il n'a pas le temps de se retourner que je m'effondre au sol.
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Aime moi ~ Charles Leclerc
Fiksi Penggemar⚠️⚠️ Contient de la violence ⚠️⚠️ Porter le nom de Ferrari, n'est pas aussi joyeux que tous le monde pourrais se l'imaginer. La relation que j'entretiens avec mon père n'est autre que, haine, malveillance et violence.