Chapitre 60

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Charles

- Tu vas me dire ce pour quoi tu m'as fait venir ?

- Pas encore.

Depuis que nous sommes partis de Chine, elle est complètement fermée, son sourire a disparu et son regard est vide. Je ne sais pas quelle est la raison pour laquelle elle m'a fait venir en Italie, mais plus je pose des questions, plus elle se renferme.

- Quand alors ?

- Allons-y maintenant, comme ça tu arrêteras de m'embêter avec ça.

Braquant, elle enfile ses chaussures et sa veste, prête à partir, elle attend patiemment que je finisse d'enfiler mes chaussures.

- Où on va ?

- À cette adresse, elle me tend son téléphone avec une adresse inscrite dessus.

- Et qu'est-ce qu'il y a à cette adresse ?

- Roule et tu verras bien.

Son ton est de plus en plus froid et je m'exécute avant qu'elle ne s'énerve plus.

Arrivé devant un grand portail, je le reconnais immédiatement. Je suis déjà venu deux fois ici, et ça me semble si lointain, mais en réalité ce n'était il n'y a pas si longtemps que ça. Beaucoup de choses ont changé depuis la dernière fois que je suis venu ici.

- C'est hors de question, tu n'iras pas.

- Si, je vais y aller. Libre à toi de m'accompagner ou non.

Sans perdre une seconde, elle a déjà détaché sa ceinture et observe la grande maison qui se cache derrière cet énorme portail.

- Très bien, je t'accompagne, finis-je par lui dire en arrivant à ses côtés, mais je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée, Sarah.

- Il y a trop longtemps que je repousse ce moment, il faut que je le fasse.

Après qu'elle ait appuyé sur l'interphone, le portail s'ouvre. En avançant dans l'allée, la maison se découvre de plus en plus et le visage de Sarah se referme pas après pas. Rien n'a changé.

Avant de franchir la grande porte d'entrée, elle marque un arrêt, son regard se porte sur moi, et sa main vient attraper la mienne.

- Je ne sais pas dans quel état je vais ressortir de cette maison.

- T'es pas obligée de le faire.

- Je veux le faire.

Elle s'est convaincue elle-même, poussant l'énorme porte pour entrer dans la maison qu'elle connaît tant. Celle où elle a habité avec cette ordure pendant tant d'années.

Elle découvre l'intérieur de cette maison, après tant de temps sans y avoir mis les pieds, elle observe chaque détail du hall d'entrée, avant de se diriger vers la salle à manger, où elle observe chaque bibelot, chaque recoin de la pièce.

Un cadre photo reposant dans une vitrine attire son attention, elle s'en saisit, regardant attentivement la femme sur la photo qu'elle porte contre sa poitrine, continuant son chemin dans la pièce. Elle poursuit sa visite dans le bureau, je déduis que c'est celui de son père. Et c'est étrange de se retrouver ici.

Sans perdre une seconde, elle s'assoit sur la chaise de bureau et commence à fouiller dans le tiroir, lisant chaque papier qu'elle trouve.

- Qu'est-ce que tu fais ? finis-je par demander.

- Je ne sais pas. Je suis sûre qu'il a des choses cachées ici. Il passait tout son temps enfermé dans ses quatre murs, il doit bien y avoir quelque chose.

Son regard ne quitte pas les papiers qu'elle tient entre ses mains, les feuilletant un à un. Je comprends qu'il faut que je la laisse faire, qu'elle a besoin de le faire. Même si je ne suis pas du même avis, je me contente de rester à ses côtés. Les placards finissent par y passer, elle fouille absolument tout, jusqu'à ce qu'elle parvienne à trouver ce qu'elle cherche. Un coffre.

- Je savais qu'il avait quelque chose à cacher.

Sans perdre une seconde, elle part dans la pièce à côté, ramenant quelqu'un avec elle. Un homme, habillé en costume. Le personnel de maison est nombreux ici, je suppose qu'il en fait partie.

- Ouvrez-moi ça, lui demande-t-elle.

- Non, mademoiselle, je ne pense pas que ce soit une bonne idée.

- Il est mort, c'est moi qui dirige tout maintenant, alors faites ce que je vous demande.

Je crois que je ne les ai jamais vus comme ça, je dirais qu'elle est partagée entre la colère, la méchanceté et l'arrogance.

Dépourvu, cet homme s'exécute avant de quitter la pièce, laissant Sarah face à un coffre ouvert, laissant apparaître quelques feuilles à l'intérieur. Elle s'en saisit avant de retourner s'asseoir au bureau.

- Tu veux que je regarde ce que c'est ? lui demandai-je.

- Non, je vais le faire.

Elle prend une grande inspiration avant de commencer sa lecture, je m'approche d'elle, posant ma main sur son épaule pour la soutenir dans ce qu'elle s'apprête à découvrir. Elle ne retient pas ses larmes longtemps.

- Eleonora avait raison.

- À propos de quoi ?

- Il les a tués. C'est leur acte de décès. Le véritable, et celui qui a été fait grâce à l'argent.

- Je ne comprends pas.

Je ne comprends absolument rien de ce qu'elle est en train de me raconter, mais elle semble bouleversée d'apprendre la vérité.

- Il a tué ma mère, ainsi que mon frère, me dit-elle en me fixant, les yeux pleins de larmes.

Je ne parviens pas à lui apporter de réponse et la prends simplement dans mes bras. C'est vrai qu'elle ne m'a jamais parlé de sa mère, et j'ignorais qu'elle avait un frère. La colère grandit en moi face à cet homme que j'ai toujours admiré.

- Je récupère mes affaires dans ma chambre, et on s'en va d'ici.

Déterminée à récupérer ses affaires, elle commence à monter l'escalier menant à l'étage, ses fameux papiers toujours dans les mains, et s'arrête en plein milieu de l'escalier.

- Si tu savais le nombre de fois que j'ai dévalé cet escalier.

Aucun mot ne parvient à sortir de ma bouche face à tous ses souvenirs qu'elle se remémore. Elle continue son chemin jusqu'à arriver sur le palier où se trouvent quatre portes devant nous. Je suppose que l'une d'entre elles est sa chambre, et je me remémore ce qu'elle avait écrit dans son livre. Une chambre aux murs blancs, un simple lit au milieu de la pièce, une fenêtre qu'il avait fait changer pour ne plus qu'elle s'ouvre. Quand elle ouvre enfin la porte, tout est comme elle l'avait décrit. Une grande chambre vide, meublée simplement d'un lit.

Le son de sa voix résonne dans la pièce, mais je ne parviens pas à écouter ses souvenirs qu'elle me raconte. Finalement, je ne sais pas à qui ça fait le plus mal d'être ici, elle ou moi ?

Aime moi ~ Charles Leclerc Où les histoires vivent. Découvrez maintenant