Chapitre 52

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Charles

Épuisés après notre soirée, nous rentrons à l'appartement à une heure très tardive. J'ai envoyé un message à Sarah avant de partir, mais n'ayant reçu aucune réponse, je pense qu'elle dort.

Pourtant, Kika dans le salon semble à la fois affolée et soulagée de nous voir rentrer.

— Que se passe-t-il ? demande Pierre, inquiet de l'état de sa copine.

— Sarah est enfermée dans la salle de bain. Je ne sais pas ce qui se passe, elle a commencé à crier, elle était paniquée, elle pleurait.

Il ne me faut pas longtemps pour comprendre la gravité de la situation et je cours jusqu'à la salle de bain. La porte est verrouillée, je frappe et tente de convaincre Sarah de m'ouvrir. Pierre et Kika observent la scène, inquiets, de l'autre bout du couloir. J'entends enfin la serrure se déverrouiller.

— Aller vous coucher, ça va aller, leur dis-je avant d'entrer dans la salle de bain.

Sarah, recroquevilliée sur elle-même au pied de la baignoire, a le visage baigné de larmes et sa respiration est saccadée. Je m'approche d'elle doucement et la prends dans mes bras.

— Calme-toi, tout va bien se passer.

— Je suis fatiguée, j'en ai marre, je veux que ça s'arrête, me répond-elle en pleurant toujours.

— Respire calmement.

Je la serre aussi fort que possible contre moi en attendant qu'elle se calme. Sa respiration commence lentement à retrouver un rythme plus normal.

— Viens, allons nous coucher.

Elle s'appuie sur moi pour se relever, ses jambes encore tremblantes. Elle s'agrippe si fortement que ses ongles s'enfoncent dans ma peau à travers mes vêtements.

— Ils sont encore là ? me demande-t-elle quand j'ouvre la porte.

— Non, ils sont partis se coucher.

Rassurée, elle me suit jusqu'à la chambre où elle s'écroule sur le lit. Je l'aide à se mettre à l'aise et m'installe à ses côtés, la serrant contre moi pour la réconforter au maximum.

— Essaie de te rendormir.

— Comment veux-tu que j'y parvienne ?

— Je sais.

Je ne sais pas qui souffre le plus entre nous à cet instant : elle, chargée de souvenirs douloureux, ou moi, tourmenté par l'imagination de ce qu'elle a pu endurer.

Je reste silencieux à ses côtés, attendant qu'elle s'endorme à nouveau. Elle finit par y parvenir, mais moi, je ne peux pas. Je m'en veux de l'avoir laissée seule.

— Quelle heure est-il ? me demande-t-elle en s'éveillant.

— 10 heures.

Elle repose sa tête sur son oreiller, évitant toute discussion sur les événements de la nuit.

— Sarah, je pense qu'il faudrait que tu consultes un médecin, cela fait trop longtemps que ça dure.

— Qu'insinues-tu ? me demande-t-elle en me fixant droit dans les yeux. Que je suis folle ?

— Non, pas du tout. Ce n'est pas ce que je voulais dire. Un médecin pourrait t'aider à mettre un terme à tout ça.

— Le seul médecin dont j'ai besoin, c'est toi.

— Je ne suis pas médecin, Sarah.

— Alors pourquoi, quand tu es là, tout va bien ?

— Je n'ai pas la réponse. Ne t'énerve pas contre moi, je veux juste t'aider, dis-je en la retenant dans mes bras.

— Je sais, excuse-moi.

— Allons prendre le petit déjeuner.

— Qu'est-ce que je vais leur dire ?

— Ils ne te demanderont rien.

— Si, bien sûr que si. Kika a vu dans quel état j'étais. Elle est entrée dans la chambre, elle m'a entendue crier.

— Elle est respectueuse, elle ne te posera aucune question si tu ne relèves pas le sujet.

— D'accord, je vais m'habiller et essayer de leur faire face après.

— Très bien, comme tu le souhaites. Je ne suis pas loin si tu as besoin.

J'embrasse son front avant de quitter le lit. Elle n'osera pas sortir, j'en suis certain.

Le petit déjeuner est disposé sur la table de la salle à manger, mais personne n'est assis autour. Je prends le temps de me préparer un café quand j'entends la porte d'entrée s'ouvrir.

— Nous sommes allés chercher des croissants et des pains au chocolat, m'annonce Kika, tenant un sachet de viennoiseries.

— C'est une excellente idée, lui dis-je en lui rendant son accolade.

La main de Pierre vient taper dans la mienne avant qu'il ne s'installe à table. J'attrape mon café et le rejoins.

— Ça va ? me demande Kika.

— Oui, dis-je d'un hochement de tête. Ça devrait aller.

— Que lui est-il arrivé ? me questionne Pierre.

— Ce n'est pas à moi d'en parler.

— Puis-je aller la voir ? demande Kika.

— Tu peux même lui apporter le petit déjeuner au lit si tu le souhaites, elle n'osera jamais sortir de sa chambre.

— Bonne idée, je vais faire ça.

Elle ne perd pas une minute avant de tout disposer sur un plateau.

— Kika, prends-en pour toi aussi.

Elle a un instant d'hésitation, parcourt le plateau des yeux avant d'y ajouter un café pour elle. Son plateau en mains, elle se dirige vers la chambre. J'entends la porte se refermer derrière elle, signe que Sarah l'a laissée entrer, et je suis soulagé.

— Quand partez-vous ? demande enfin Pierre.

— Dans quelques heures, dis-je en consultant l'heure sur mon téléphone. Pierre, pas un mot à personne concernant ce qui s'est passé cette nuit, d'accord ?

— À qui aimerais-tu que j'en parle ? Tu ne me fais pas confiance ?

— Si, je te fais confiance, je te préviens juste.

— Je ne sais pas ce que cette fille t'a fait, mais je ne t'ai jamais vu regarder quelqu'un comme ça, même pas Elena.

— Arrête de dire des bêtises.

— Il serait peut-être temps que tu l'admettes à toi-même, finit-il par conclure en me tapant l'épaule.

Il a raison. Je sais qu'il a raison. Mais il est hors de question que je brise cette relation de confiance qui s'est établie entre nous à cause de mes sentiments.

Aime moi ~ Charles Leclerc Où les histoires vivent. Découvrez maintenant