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Les vagues s'écrasent à mes pieds.

Le vent balaie mes cheveux, rejette en arrière mes mèches brunes et me fait plisser les yeux. Je sens le bracelet que je m'efforce de revêtir tous les matins tinter contre mon poignet. C'est idiot, mais j'ai toujours l'espoir que ce détail chassera un peu de ma morosité, embellira les cernes sous mes yeux, la maigreur de mon corps ou encore le teint pâle de ma peau.

Je contemple l'étendue d'eau face à moi. Et je me dis que peut-être, ce serait la quantité suffisante pour accueillir tout ce que je veux sortir de moi et offrir aux vagues, pour enfin enlever ce poids incommensurable qui repose sur mes épaules.

Mon regard se baisse sur mes pieds nus. Mes orteils fondent dans le sable. Quelques coquillages sous ma plante me chatouillent. Le va et vient des vagues vient chasser les grains chaque fois qu'ils se déposent sur ma peau.

Je pourrais rester ici une éternité, mes chaussures entre les doigts, les lacets volant dans l'air, quelques éclaboussures éveillant mes yeux endormis.

Il est tôt, très tôt. Peut-être six heures du matin. Pas plus. Il n'y a personne, ici, à une heure pareille. Ce n'est qu'une petite plage, parcourue de gros rochers qui ne facilitent pas le tourisme. C'est sûrement pour cela que c'est le seul endroit qui arrive à me soutirer un sentiment d'apaisement depuis que je suis arrivé pour ces quelques semaines de vacances. J'ai suivi mes parents dans leur gîte à quelques pas de la plage. Ou plutôt ; ils m'ont traîné avec eux.

Mes yeux se perdent dans ma contemplation. Je me sens partir à des kilomètres d'ici.

Je me sens toujours partir.

Le poids est si lourd sur ma tête, mes épaules, mon cœur, mes poumons, que je voudrais tout recracher à la mer.

Mes muscles lâchent sans même que je ne m'en rende compte. Je titube, me stabilise, passe le dos de ma main contre mes orbes cernées. Les doigts de mon autre main se détendent sous le vertige, et une de mes chaussures m'échappe. Elle plonge dans l'eau alors qu'une vague éclate à mes pieds. Elle flotte en arrière, avant de se faire ramener par la mer, qui se retire, avant qu'une autre vague ne vienne inlassablement s'écraser.

"Non !" je m'exclame.

Je m'engage plus loin dans l'eau, ne quittant pas la converse des yeux.

La fatigue paralyse mes membres engourdis. Mon pantalon remonté jusqu'aux genoux, je parcours la distance qui me sépare de ma chaussure avant qu'elle ne se fasse emporter trop loin. Je l'empoigne d'un mouvement en avant. Je manque de tomber, et je me dis qu'il faudrait vraiment que je dorme, merde. J'ai si peu d'énergie, que soudain, j'ai peur de perdre le contrôle, ici, et de me noyer entre les coquillages et le remous de l'eau.

Mais je ressors sain et sauf, mon pantalon trempé et ma chaussure dégoulinante au bout du bras.

Je soupire, m'engage dans l'escalier qui remonte la falaise. Une fois arrivé en haut, je me tourne une dernière fois vers l'étendue aux reflets blancs et bleutés, avant de rentrer mes épaules et de rejoindre le gîte, à peine cent mètres plus loin.

Si je m'étais écroulé dans l'eau, me serais-je laissé noyer ?

༄༄༄

Coucouu, chapitre très court effectivement ! J'ai décidé de faire un chapitre = une scène, alors certains chapitres font 400 mots (surtout au début) comme d'autres en font 4000.

Que pensez vous de ce début ? Même si pour l'instant, il n'y a pas beaucoup de matière.

À demain pour la suite ! (J'ai trop hâte que vous découvriez en profondeur les personnages)

-Elise-

NOYADE [Taekook]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant