Les vagues s'écrasent à mes pieds.
Il est tard. J'espère que mon père n'attend pas mon retour pour s'autoriser à aller se coucher.
Je suis seul.
Le soleil s'est couché.
Et il n'est pas venu.
Il fallait que je m'y attende. Il était trop beau, trop spontané, trop idyllique pour être réel. Un instant, je me demande même si je ne l'ai pas imaginé, ou rêvé. Mais c'est idiot.
Je me sens idiot. Je pensais vraiment que, peut-être, une part de moi avait pu l'intéresser. J'attendais cette soirée avec impatience, mais plus les minutes s'écoulent, et plus la déception creuse mes traits.
Je ne sais pas pourquoi j'y porte autant d'intérêt, de toute façon. Je vais simplement rentrer chez moi, passer devant ce rocher qu'il a escaladé avec tant de facilité hier, et marcher jusqu'au gîte pour me fondre dans des draps qui n'accueilleront même pas le sommeil.
Je serre mes baskets entre mes doigts, et fais demi-tour.
Mais soudain, dans la pénombre, sous l'éclat d'une nuit étoilée, une silhouette se précipite dans les escaliers. Je la suis des yeux, stupéfait, avant qu'elle ne saute les trois dernières marches pour atterrir les pieds dans le sable. Il semble essoufflé. Je dévisage son visage que j'imagine rougi par l'effort.
Moi aussi, j'aimerais tant pouvoir courir comme ça.
Sans aucun vertige.
Sans ces tâches blanches devant mes yeux qui me donnent l'impression que je vais mourir.
"J'ai cru que tu ne viendrais pas." je lâche, peut-être trop durement.
"Je tiens toujours mes engagements."
"Il est tard. J'allais partir."
"Mais je suis quand même là. Et toi aussi. Alors tout va bien, non ?" sourit-il.
J'acquiesce, n'ayant pas la force de jouer les rancuniers. La vérité, c'est que le soulagement qui s'évade dans le soupir que je lâche m'empêche de lui en vouloir trop longtemps.
Le garçon sourit un peu plus, puis s'avance.
"Je peux ?" me demande t-il.
Je hoche la tête sans même comprendre ce qu'il me demande. Je crois qu'au point où j'en suis, je n'ai pas la force de refuser quoi que ce soit. Et c'est impossible de ne pas céder aux deux billes intenses de ce garçon. On dirait qu'elles ont été façonnées par la mer. Ou par la roche, peut-être.
Il laisse tomber un sac au sol, qui doit contenir ses affaires, puis saisit mon poignet. Je ne m'écarte pas, curieux. Ses doigts se referment autour de mon membre. C'est doux et rugueux à la fois au toucher. C'est alors qu'il me tire à sa suite, et nous emmène calmement devant l'étendue d'eau.
Je me laisse faire, tel un pantin, et alors il ne s'arrête pas de marcher. Même lorsque ses pieds, que je réalise nus, entrent en contact avec les vagues. Il continue sa descente, lâche mon poignet, et continue encore et toujours de s'enfoncer, si bien que l'eau vient tremper son pantalon qu'il ne retrousse même pas, ainsi que le début de son bassin.
Il est fou, est ce que je me mets à penser.
J'ai envie de le suivre, ajoute une petite voix dans un coin de ma tête.
Soudain, il entame un saut, plonge tête la première sous une vague. Je fais un pas en avant, alerté. Je me dis qu'il n'a vraiment aucune conscience du danger. Puis je me souviens que se baigner dans une eau aussi peu agitée n'est dangereux que pour moi et mon corps faible.
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NOYADE [Taekook]
FanficJungkook se noie sous les vagues impitoyables du deuil. Ses insomnies et ses difficultés à se nourrir révèlent son désir de se laisser mourir. Lors d'une escapade nocturne, il fait la rencontre d'un garçon, au bord d'une falaise, prêt à commettre l'...