Elle attendit le monsieur de la réception pendant dix minutes.
Ce bâtiment ne sentait pas le désinfectant, mais autre chose, une senteur étrange et indescriptible.
Quand le monsieur revint, il lui sourit.- Elle est dans la chambre 45, au deuxième étage.
Elle le remercia d'un hochement de tête, ne prit pas l'ascenseur, gravit les escaliers avec leurs marches usées et leurs murs jaune pisse.
Ses pas couinaient faiblement sur le sol dont on croirait qu'il était fait de plastique, un plastique bleu et moche. Elle se stoppa un instant et regarda ses chaussures. Son visage s'inclina sur le côté, puis revint à sa place originelle. Elle recommença à marcher et toqua à la porte de la chambre 45. Une faible voix s'eleva depuis l'intérieur de la pièce.
Elle entra, alla s'asseoir dans un fauteuil situé à côté d'un lit dans lequel siégeait une femme de son âge.
- T'as ramené des clopes ? s'enquit-elle, cette femme.
- Yep.
Elle commencèrent à fumer ensemble.
- Tu me sauves la vie, reprit la femme. Ils interdisent de fumer, ici. Ils sont chiants de me gâcher mon seul petit plaisir.
- Comment osent-ils.
- Heureusement que t'existes, hein.
- Je sais.
- C'est bien.
- Tu te soignes bien ?
- On peut dire ça.
La femme, âgée de 29 ans, avait intégré l'établissement il y a de cela 3 semaines après avoir fait une overdose d'heroine et de saccharine.
Ses bouclettes brunes emmêlés formaient un nuage sombre autour de son visage qui retombait mollement sur ses épaules frêles. Même ainsi, les yeux cernés, les lèvres sèches et le teint blafard, elle était belle.
Elles fumèrent encore un peu et allèrent jeter leurs mégots à travers la fenêtre ouverte.
- T'es gentille de venir me voir, même si tu restes une enflure.
- Je sais, sombre conne.
- Ça, c'est ma sœur. Bien méchante, comme je l'aime.
- C'est toi qui a commencé.
- Tu peux venir ici, s'il-te-plait ? demanda la femme en désignant le bord de son lit.
Iva s'exécuta silencieusement.
- T'es plus aigrie que d'habitude. Qu'est-ce qu'il y a ?
- Ma pitoyable vie t'intéresse, maintenant ?
- Je me fais chier comme pas permis ici donc oui. Allez, raconte !
Elle allait lui dire. Elle allait lui dire que plus que jamais, les gens lui semblait n'être qu'un misérable tas de cloportes grouillants. Mais en regardant son joli visage, elle se rapellait que le sien ne l'était pas, ce qui la fit se refermer comme une huître.
- Rien.
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Elle détestait les retards, cela l'exaspérait beaucoup. Si l'on posait une heure pour un rendez-vous, ce n'était pas pour rien. Son humeur passa alors de plutôt mauvaise à exécrable. Elle en voulait au monde entier. Elle lui en voulait de la faire se sentir laide et difforme, même si c'était la triste vérité.
Assise, elle attendait en regardant de temps en temps à gauche, à droite et derrière elle. Son cache-œil la grattait, mais elle ne voulait pas l'enlever.
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L'Ange de Fer [Fyolai]
FanfictionJamais spectacle n'aura été autant attendu que le célèbre ballet flamand de l'Ange de Fer, composé de main de maître par Johannes Achtenberg. Jamais les salles ne seront plus remplis, jamais les prestations ne seront plus grandioses. Et pour les deu...