L'Ange de Fer [Fyolai]

• CHAPITRE TREIZE •

Nikolai avait le cœur tout léger et le sourire aux lèvres. Il venait de passer un week-end entier avec sa famille - ou du moins, ce qu'il en restait - en Ukraine. Il n'avait cessé de parler de la ville à ses cousins et cousines qui avaient passé leurs vies dans un milieu rural et enneigé. Aussi Nikolai s'était beaucoup épanché au sujet de son employeur et de tout ce qu'ils avaient vécu.

- Il a l'air souvent triste, avaient fait remarquer les cousins.

- Il a une vie compliquée. Et souvent, les gens avec une vie compliquée sont tristes, jusqu'à ce qu'ils trouvent un moyen d'éviter de penser à ce qui les rend malheureux.

Nikolai avait déjà, et depuis longtemps, compris que c'était le sexe, et plus précisément la sensation enivrante provoquée par l'orgasme, qui servait d'échappatoire à Fyodor. Mais ce qui était réellement inquiétant, c'était qu'ils n'avaient pas fait l'amour depuis un moment et qu'il voyait bien que l'état du Russe empirait. Il se rappelait avoir sentit une pointe de nervosité le gagner quand il l'avait vu entrer dans le bâtiment où il allait se retrouver face à ses anciens collègues.

Même si en réalité, il se sentait plus protecteurs depuis qu'il l'avait surpris avec une lame de rasoir dans sa main ensanglantée. A ce moment-là, son cœur avait raté un battement.

Il fut ramené à la réalité par l'atterrissage de l'avion qui le secoua. Enfin heureux de sortir de l'habitacle allongé où il avait subit pendant plusieurs heures les pleurs d'un bébé particulièrement capricieux et les ronflements intempestifs de son voisin de droite, Nikolai fut un des premiers à sortir de l'avion.

Il tira sa valise à travers tout l'aéroport et se retrouva près du café Jiava, qui servait de point de repaire à tous les chauffeurs de taxis. Il parcouru les noms inscrits sur les pancartes et les téléphones tenus l'horizontale pour trouver le sien jusqu'à tomber sur

KOLYA

Le regard de Nikolai s'illumina quand il vit son employeur lui sourire en le saluant.

- Tu as fait comment pour mon chauffeur ? lui demanda l'Ukrainien, amusé.

- Je suis arrivé avant et je l'ai remboursé avec un petit supplément pour la pancarte.

- C'est sympa d'être venu me chercher.

Fyodor entrouvrit la bouche pour lui dire que c'était surtout Iva qui lui avait rapellé que Gogol rentrait de son voyage ce jour-là. Trop pris par tout ce qui se déroulait de bon et de moins bon dans sa vie, il avait complètement oublié.

Une fois dans la voiture, Nikolai prit le volant et Fyodor l'autre siège de devant. Se tournant vers le chauffeur, il lui demanda comment c'était passé son voyage.

- Oh, plutôt bien. J'adore passer du temps avec ma famille et retrouver les petits plats de mon enfance.

- Je parie que tu leur a parlé de moi, plaisanta le russe.

- Assez, oui.

Fyodor rosit en haussant les sourcils.

- Ah ! et tu leur a dis quoi ?

- Que tu es plutôt chouette même si tu es un tantinet trop...

Maigre ? Laid ? Seul ? Nymphomane ? Détestable ? Irritant ? Gênant ? Problématique ? Malade ?