Il regarda sa montre, il était 17h50. Un voile obscur recouvrait progressivement le ciel et les voitures s'entassaient et se klaxonnaient dessus à cause de l'heure de pointe.
Cette endroit sentait le désinfectant.
En regardant à sa droite, il vit Iva, appuyée contre le dossier de sa chaise, une jambe par-dessus l'autre, l'air maussade.Les gens ne cessaient de déambuler d'ici à là, d'à côté à là-bas. Une musique s'apparentant de loin à du jazz des années 20 résonnait en boucle.
La personne qui accaparait l'attention de la dame de l'accueil finit par obtenir ce qu'elle désirait - ou pas - et s'en alla.
Nikolai bondit alors sur ses pieds et fonça en direction du comptoir blanc pour s'y accouder et dégainer son plus beau sourire charmeur.La réceptionniste releva son visage angélique vers le visiteur.
- Bonjour ! Que puis-je faire pour vous ? s'enquit-elle.
Elle semblait quelque peut déstabiliser par l'imposante présence à la noire tignasse juste derrière l'homme aux cheveux blancs.
- Bonjour, j'aimerais voir le... le n°673. C'est le 673, hein ?
- 678, corrigea Iva
- Ah ! voilà. 678. Mais quel étourdi je fais !
- Vous êtes de la famille proche ? Il faut être de la famille proche pour rendre visite, monsieur.
Nikolai parut déconcerté. N'étant jamais entré dans ce genre d'endroit, il ne savait comment réagir.
- Je suis sa sœur. Et lui, c'est le cousin germain.
L'Ukrainien se tourna vers sa camarade, la bouche grande ouverte, l'air outrageusement choqué.
- T'es sa sœur ?! murmura-t-il à grand renfort de sur-articulation.
Iva roula des yeux tandis que la dame de l'accueil lui tendait un formulaire. Elle le signale machinalement et se fit indiquer la direction et l'étage où trouver le n°678, suivie de Nikolai.
Ils prirent un ascenseur qui mit des plombes à arriver et une fois dedans, ils montèrent vers le 3e étage.
- Je suis pas sa sœur, imbécile.
- Aaaaah d'accord.
- Soit...
Un ting! résonna dans l'habitacle quand ils arrivèrent à l'étage désiré et ils en sortirent.
Les deux compères traversèrent un long couloir blanc, qui sentait toujours autant le désinfectant, jonché de portes avec chacune leurs petites plaquettes.Une fois devant la chambre du 378, ils entrèrent en sentant le mal-aise les prendre aux tripes.
Il regardait par la fenêtre.
Ses cheveux étaient légèrement mal coiffés, son teint crayeux et ses lèvres craquelées.
Ses doigts se serraient, se détendaient, se reserraient et se redétendaient sur la couverture bleue pâle qui recouvrait la moitié basse de son corps.En entendant la porte se fermer, il tourna la tête dans cette direction. Ses yeux étaient vides. Atrocement vides.
Iva s'avança après avoir longuement hésité, et alla s'asseoir au bord du lit, toujours sous le regard vitreux de Fyodor.
Elle passa une main dans ses cheveux, se gratta la nuque et se pencha légèrement en avant. Elle commença à parler en russe en faisant de petits mouvements vagues des mains.
Petit silence. Fyodor dit quelque chose, toujours dans son patois natal, de plus clair, moins marmonné.- Ah oui, il est là, lui aussi, répondit Iva en se tournant vers Nikolai.
Ce dernier fit un petit signe de la main avec un vague sourire.
Après quelques autres échanges en russe, la jeune femme se leva, souffla et sortit de la chambre d'hôpital.
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L'Ange de Fer [Fyolai]
FanfictionJamais spectacle n'aura été autant attendu que le célèbre ballet flamand de l'Ange de Fer, composé de main de maître par Johannes Achtenberg. Jamais les salles ne seront plus remplis, jamais les prestations ne seront plus grandioses. Et pour les deu...