Chapitre 25

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Les filles ont papoté jusqu'à très tard. Moi, dès que Marine a terminé de parler de son altercation avec monsieur Dingué, je me suis endormie ; résultat, je suis la seule à être réveillée tandis qu'elles, sont étalées sur le lit comme des cadavres. Mais vu le noir dans lequel est plongé la pièce, je comprends qu'il ne doit pas encore faire jour.

Je marche en tâtonnant jusqu'au bureau, sur lequel j'ai laissé mon téléphone en charge. Je tapote l'écran, il affiche 4:11.
Je n'ai plus sommeil. J'ai fait un rêve bizarre : Je marchais avec ma mère sur une route de terre, nous discutions et puis tout à coup elle s'est arrêtée, m'a dit de rester sur place alors qu'on était sur le point de traverser un long pont. Elle y est allée toute seule et m'a fermement défendue de la suivre, et je me suis sentie profondément attristée, au point d'en avoir littéralement mal au cœur. Tout avait l'air si réel ! J'ai encore la chair de poule en y repensant. Mais je ne dois pas m'inquiéter. Le médecin a dit que tout irait bien ; d'ailleurs il y a de fortes chances qu'elle se réveille aujourd'hui.

Je sors de la chambre et me dirige vers la cuisine, à la recherche d'un verre d'eau.
En passant par le salon je m'aperçois que quelqu'un regarde la télé, le volume assez bas. En devinant de qui il s'agit, je trace sans m'arrêter ni lui jeter un coup d'œil.

Je me désaltère, rince le verre, l'essuie et le dépose où je l'ai trouvé. Demi-tour, sursaut : il est là, planté devant moi.

— Oh, pardon, je ne voulais pas t'effrayer.

— Ce n'est rien.

C'est un grand type à l'allure imposante. Sa peau, légèrement moins claire que celle de sa sœur, paraît lisse et douce comme celle d'un bébé. Des locks pas très longues mais pas très courtes non plus donnent à son visage une certaine finesse.

— Tu dois deviner que je t'ai suivie pour m'excuser... Pour... tout à l'heure. J'ignorais que Marine avait invité des copines.

— Um... Ok, Lévy. C'est bien ça ? – Il acquiesce. – Disons que c'est oublié.

J'esquisse un sourire contrit avant de me hâter vers la sortie de la pièce.

— Attends, me prie-t-il.

Je me retourne pour lui faire face à nouveau. Il avance de deux pas.

— Je ne sais pas comment tu t'appelles, toi.

— Kelly.

Il hoche la tête, et je m'éclipse.
Malgré le rêve étrange que j'ai fait, je réussis finalement à regagner les bras de Morphée.

*

Ce matin, c'est donc dans une voiture des Bengo, accompagnée de Marine Bengo, que je débarque au lycée. Elle m'explique qu'on devra également retourner chez elle ensemble à la fin des cours, pour que je puisse récupérer mes affaires avant de rentrer chez moi. Ce n'est qu'à ce moment que je réalise qu'organiser une soirée pyjama un dimanche, c'est un luxe qu'on ne peut vraiment pas tous se permettre, en tant qu'élèves.

En classe, Ismaël est le premier à oser venir me poser la question :

— Bonjour, Samba. Il paraît que tu es de plus en plus proche de Marine Bengo, hein ?

— Oui, et ?

— Ne sois pas agressive, voyons ! Je viens juste m'informer. Parce que Donfack t'aurait vue descendre de sa voiture et l'a dit à Banen, qui me l'a dit ; mais j'ai pas voulu le croire sans m'en être assuré au préalable.

Le roman de Kelly Où les histoires vivent. Découvrez maintenant