Chapitre 6

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Nath

Après une journée éreintante, je me retrouve dans le salon cosy de la maison de mes parents. Affalée sur le fauteuil, le pied recouvert d'un bandage et une bouillotte sur le crâne, je savoure ce moment de paix quand mon frère débarque.

-Je vois que la journée a été fructueuse ! raille-t-il.

Je laisse échapper un râle en guise de réponse. Quarante ans et toutes ses dents, Phil est inspecteur à l'hôtel de police de Montpellier. On se côtoie régulièrement dans notre traque aux criminels. Mes parents s'amusent d'ailleurs à nous appeler Leo et Benni en référence à la série Un cas pour deux. Quand lui les arrête, je m'assure qu'ils ne recommencent pas.

Mon frère se dirige vers le frigo et en sort une bière. Même à son âge, il se serre chez papa/maman comme un étudiant ferait le plein en rentrant le week-end.

-Hey, qui va là ?!

En ayant entendu son unique et oncle préféré, Lio descend des escaliers en trombe, sous les « attention, mon chéri, ne cours pas dans les escaliers » de ma mère qui le suit à la trace. Phil attrape son neveu et le fait voltiger en l'air sous ses éclats de rire avant de le poser sur son épaule comme un sac à patate. Lio ne s'en offusque pas, bien au contraire, il adore son oncle.

-Comment va la Twingo ? me demande mon frère.

-Dead... soupiré-je.

-Bien, tu vas enfin pouvoir investir dans une vraie voiture.

-Borf...

J'adore ma petite Twingo, mes parents me l'ont offerte il y a 7 ans après que j'ai passé mon barreau. Elle ne m'a jamais fait défaut et de devoir dépenser des 1000 et des 100 dans une nouvelle voiture ne m'enchante guère.

-T'as eu à faire à mes collègues ? continue Phil.

-Nope...

-Ce sont les pompiers qui sont venus ! raconte ma mère depuis la cuisine.

-Ouf, les pauvres...

-Bah plains-les aussi ! Je te rappelle que c'est ma cheville qui est en compote et je te parle pas de ma voiture !

-Il était temps que ce tas de ferraille rende l'âme et puis estime-toi heureuse d'être encore en vie ! Quelle idée d'être sortie en pleine tempête !

Je le fusille du regard. Il ne va pas s'y mettre lui non plus !

-Tu veux bien être gentil et fermer ta grande gu...

-Chhhhhut voyons, pas devant le M.O.M.E ! me coupe-t-il en plaquant ses mains sur les oreilles de Lio avant de les retirer aussitôt et lui lancer : alors, chenapan, t'as vu les pompiers ?

-Ouiiiii !

-Ils étaient comment ?

-Charmants, ajoute ma mère en s'avançant avec un plateau de repas qu'elle pose sur mes genoux.

Mon frère explose de rire.

-Le lieutenant Duhamel était là, j'imagine ?

-Oui, ça a même fait des étincelles entre lui et ta sœur.

-Qu'est-ce que tu lui as fait ?! me reproche mon frère.

-Pourquoi je lui aurai fait quoi que ce soit ?!

-Je te connais, sœurette, tu l'as menacé ? Tu l'as rabaissé six pieds sous terre devant ses sous-fifres ?

-A vrai dire, c'est plutôt lui qui lui en a mis plein la figure, lui répond ma mère d'un ton malicieux.

-Maman ! la grondé-je.

-Arrête ?! s'excite mon frère, visiblement ravie d'apprendre que j'ai perdu une bataille face à un homme.

-Tu aurais vu sa tête, renchérit maman, elle ne savait plus où se mettre !

Mon frère se met alors à éclater de rire.

-Raconte ! m'empresse-t-il.

-Non !

-Tu oublies que je suis flic, ma grande, je le saurai dans tous les cas. Maman ?!

-Maman, ne dis rien !

Ma mère lève ses mains en signe de reddition.

-Je ne dirai rien, promis ! assure-t-elle.

Je la regarde du coin de l'œil, suspicieuse.

-Peu importe, demain, on retourne les voir avec Lio pour les remercier, pas vrai mon cœur ?

-Ouiiiiii, on va leur faire un gâteau au socolat !

-Au chocolat ? Ils en ont de la chance, tu m'en laisseras une part ? ajoute Phil.

-Euh, d'accord ! répond Lio.

-Bien, allez, je file ! dit-il en se levant du canapé tout en prenant appui sur ma cheville, m'arrachant un râle de douleur.

Je m'empresse de faire une boulette de mie de pain que ma mère m'a servie avec un ragoût et le lui balance mais celle-ci rebondit sur son manteau en cuir, sans grand effet.

Au même moment, mon père, trempé jusqu'aux os, passe la porte d'entrée et son fils aîné lui tapote l'épaule.

-Ah mon fils, t'es là aussi ?

-Ouaip mais faut que j'y retourne, mon homme m'attend ! A plus !

Notre géniteur fait la moue, déçu qu'il s'en aille déjà avant de se débarrasser de son K-Way trempé et saluer son petit-fils d'un gros câlin.

-Alors ? s'enquiert ma mère.

-Fabrice l'a remorquée et ramenée au garage mais j'ai bien peur qu'il ne puisse rien en retirer. Désolée de te l'annoncer, ma chérie, mais ta titine va finir à la casse.

Je laisse tomber ma tête contre le dossier du fauteuil, dépitée.

-T'inquiète pas, ma puce, je peux te prêter mon cabriolet en attendant.

-Merci, papa.

Il dépose un baiser sur mon front avant de se rendre en cuisine pour se laver les mains.

Je réalise de jour en jour à quel point j'ai de la chance d'avoir une famille aussi dévouée. Ma mère est enseignante et mon père, commissaire à Castelnau, près de Montpellier. Tous deux nous ont inculqués des valeurs familiales hors pair. Ils se sont toujours montrés généreux et justes envers nous. Notre famille a toujours été soudée, même après le drame qui a entaché ma vie. Je m'efforce de chasser la culpabilité qui m'assaille et me reconcentre sur mon plateau repas tout en écoutant mes parents discutailler.

Demain, c'est le week-end. Lio et moi aurons donc le temps de récupérer de notre accident. J'ai programmé la préparation du gâteau avant de nous rendre à la caserne. Même si j'appréhende un peu une nouvelle rencontre avec le lieutenant Duhamel, une partie de moi trépigne à l'idée de le revoir. Je ne me l'explique pas mais j'ai grand besoin de lui montrer que je ne suis pas cette avocate infâme avec qui il s'est chamaillé la veille. Non, j'ai envie de lui montrer que je suis digne d'une Dubernier, une femme bienveillante et altruiste et surtout, une mère irréprochable... enfin, du moins, que j'essaye !


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Fin du chapitre

Nouveau chapitre pour que vous fassiez la connaissance de la famille Dubernier. Que pensez-vous du frère de l'héroïne ? Un poil taquin, non ? Et ses parents ? Ne vous fiez pas à cette petite famille digne de 7 à la maison, non, celle-ci cache de lourds secrets qui vont venir défier l'héroïne ainsi que sa relation avec notre cher pompier (si relation il y aura !). Je vous laisse le découvrir dans les prochains chapitres !

Bises à tous.tes !

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