Dan
1 semaine plus tard
La victime, assise dans notre véhicule se tient la tête entre les mains, non pas de douleur mais de dépit. Plus loin, la gendarmerie d'Assas sécurise la zone autour de sa Ferrari encastrée dans un platane. Une demi-heure plus tôt, notre caserne nous a envoyé sur les lieux de l'accident. L'homme aurait perdu le contrôle de son véhicule de luxe avant de finir contre un arbre. Heureusement, il ne présente aucune blessure grave.
Le temps qu'il se fasse dépanner, mon équipe et moi avons installé le conducteur dans notre véhicule. Nous ne sommes pas non plus à l'abri qu'il fasse un malaise. Tandis que Geoffroy vérifie sa tension et son pouls, je vois mon collègue grimacer :
-Votre tension est élevée, Monsieur, je pense qu'il serait judicieux de vous amener à l'hôpital.
La victime marmonne dans sa barbe :
-Nan, c'est bon... c'est juste que... ce véhicule ne m'appartenait pas.
-Ah, lance Geoffroy.
-Je suis mécanicien et je voulais tester le véhicule après réparation, v'voyez.
-Oui, bien sûr, l'encourage mon collègue.
-Sauf que, j'sais pas, j'ai dérapé ou quoi et maintenant, la voiture est morte.
Franck assis à l'avant de notre véhicule se mord les joues mais je vois bien à ses yeux pétillants qu'il a envie de rire. Je lui donne un coup de coude pour qu'il se reprenne avant de rassurer le conducteur :
-L'important, c'est que vous n'ayez rien, Monsieur, ce n'est que matériel.
-J'aurai préféré mourir dans cette Ferrari que de devoir expliquer tout ça à Dubernier, je vous le dis !
-Du... Dubernier ? dis-je, le cœur battant.
-Ouai, mon boss. Il tient le garage sur la départementale 220.
Le visage d'une certaine avocate me vient alors aussitôt à l'esprit, et ce pour la 100ème fois cette semaine. Le monde est trop petit et je fustige le destin qui me ramène sans arrêt à elle. Hier, nous sommes intervenus dans un cabinet d'avocats car l'ascenseur était bloqué et plusieurs personnes piégées dedans. Le jour d'avant, nous avons été envoyés chez une trentenaire aux cheveux auburn et aux yeux verts, ressemblant étrangement à Nathalie et maintenant je fais face à l'employé de son oncle ?! Non, c'est juste trop... sans compter le nombre de fois où je pense à elle dès que mon esprit n'est pas occupé par mon travail ou par ma fille.
Dans tous les cas, connaissant le spécimen, je ne donne pas cher de la peau du malheureux conducteur et cette pensée me fait sourire malgré moi. En effet, il aurait été préférable de ne pas à voir à faire à la furie des Dubernier.
Son patron arrive justement avec un camion de dépannage. Je reconnais dans ses traits celui de sa nièce et je ne peux m'empêcher de l'observer avancer vers son homme de main, le visage rouge de colère, comme prêt à le tancer.
Je le prends de cours et m'avance vers lui avant de lui serrer la main :
-Monsieur Dubernier ? Je suis le Lieutenant Duhamel, votre employé n'a rien, Dieu merci. La voiture n'a pas eu cette chance mais ce n'est que matériel, n'est-ce pas ? Je connais bien votre nièce, vous savez !
-Na... Nathalie?
Les traits de son visage semblent se détendre un peu à l'évocation de sa nièce.
-Oui, elle-même, très dévouée et impliquée dans son travail. Je suis certain qu'elle vous sera d'une grande aide face au propriétaire de la Ferrari.
-Ouai, vous pouvez le dire, ouai.
Le dépanneur lance un regard mauvais en direction de son employé qui l'observe de loin, l'air penaud.
-Il est blessé ?
-Assez secoué et en état de choc.
-Mhmm.
L'oncle me dépasse pour inspecter le véhicule avant d'être abordé par les gendarmes. Quand j'estime que notre victime ne risque pas ses foudres, du moins, pas tout de suite, j'intime mes hommes de décamper pour notre prochaine inter.
Sur la route, je ne me remets toujours pas de cette coïncidence. A croire que mon destin me pousse un peu plus à la recontacter. Depuis l'incendie et ma rétractation, Nathalie et moi nous ne sommes plus revus, ni contactés. Par ma faute, évidemment. Dépassé par les événements, j'ai pris l'initiative de mettre fin à notre deal. Je voulais avant tout la protéger de mes tourments et de mes histoires de famille mais les jours défilent et pas un seul ne passe sans que je ne regrette ma décision. J'ai un besoin viscéral de la revoir. Sa détermination, son regard olive, son visage avenant... tout d'elle me manque et mon cerveau me crie de prendre de ses nouvelles et de la réinviter à dîner.
Franck me tanne de laisser un peu de place au bonheur dans ma vie chaotique mais ma raison prend le dessus et me pousse à vouloir épargner Nathalie. Elle a certainement d'autres soucis en tête que de s'occuper d'un homme en proie à ses démons.
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Consumés
ChickLitNathalie Les cheveux dégoulinant d'eau, ma cheville en compote, ma voiture en pièce... c'est donc en mode furie que le sapeur-pompier le plus séduisant qui soit me rencontre pour la première fois, à son plus grand malheur. Il en a certes l'allure ma...