Nath
Une semaine que Dan et moi avons « conclu » soit autant de temps que je me languis de lui. Jamais un homme ne m'a fait autant chavirer au lit que lui. Il a tout fait pour que je prenne mon pied. Je crois que je n'ai d'ailleurs jamais joui deux fois d'affilé. Avec mes anciens partenaires, cela n'arrivait qu'une fois, voir jamais. Avec Dan, tout est différent. L'attention qu'il me porte, l'effet que je provoque en lui, son regard avide qui me scrute, son corps gainé s'enfonçant en moi... rien qu'en me revisualisant nos ébats, j'en ai des bouffées de chaleur.
Nous avons prévu de nous revoir, chez lui cette fois. Sabrina et Marie ont quitté sa maison. Ce qui a d'ailleurs eu pour effet de remettre sa demande de garde majoritaire sur la table. Avant de poursuivre notre soirée chez lui, il m'a proposé de nous voir dans son bureau à la caserne afin qu'on puisse discuter de sa prochaine audience.
Lorsque j'arrive, je vois ses collègues qui ont investi les lieux pour s'entrainer ou s'organiser pour leur prochaine intervention. Un jeune brun m'aperçoit et s'avance vers moi, tout guilleret. Je reconnais Geoffroy qui s'était occupé de Lio lorsque nous étions coincés dans ma voiture.
-Bonjour Geoffroy !
-Mada... Maître, comment allez-vous ? Vous venez voir Dan ? Il est avec la patronne mais venez, je vais vous guider jusqu'à son bureau.
Je le remercie et le suis de bonne grâce. Je sens les regards de ses collègues sur moi et tente de les ignorer mais l'un d'eux se montre particulièrement insistant. Il était également sur les lieux de l'accident. Plus tanqué que Dan, il doit mesurer bien deux mètres et ses yeux perçants me scrutent avec méfiance. Je crois même l'entendre grommeler à mon intention mais ne tergiverse pas.
-J'espère que vous pourrez aider Dan, c'est un bon père, vous savez. Et un bon chef, il m'a pris sous son aile quand je suis arrivé à la caserne il y a un an maintenant, il s'est montré très patient et bienveillant, c'est comme un grand frère pour moi. Il est certes autoritaire mais juste. Un jour, il m'a surpris en train de fumer, je ne vous raconte pas comme il m'a tancé...
J'acquiesce et ris tandis que Geoffroy me raconte sa relation avec son chef. J'avais déjà pu en témoigner mais ses collègues semblent avoir beaucoup de respect pour lui et savoir qu'ils le soutiennent dans cette période difficile me rassure beaucoup.
Après que Geoffroy m'a accompagnée, je patiente dans le bureau de mon pompier pendant quelques minutes avant qu'il ne me rejoigne. Ses traits sont tirés et ses yeux bordés de cernes. Le voir ainsi me broie le cœur. Il m'embrasse et il me raconte en détails les derniers événements. La crise de jalousie de Sabrina me laisse perplexe mais me redonne aussi de l'aplomb. Je me promets alors de tout faire pour aider Dan à faire valoir ses droits.
Comme lors de notre dernier entretien, je le prépare au mieux et trois semaines plus tard, nous voilà devant le juge et deux de ses assesseurs ainsi qu'une psychologue qui s'était entretenue avec Marie. Sabrina est défendue par Maître Cornouailles, spécialisée dans les affaires familiales et redoutable avocate. Mais pas autant que moi. Je sais que ses arguments contre Dan sont infimes. Qui pourrait refuser la garde à un homme aussi exemplaire que Dan ? En plus de son statut de père, je sais que le métier de Dan est un gros plus dans sa plaidoirie et je n'hésiterai pas à en faire l'éloge devant le juge.
-Comme vous vous en doutez, Monsieur le juge, mon client s'inquiète avant tout de la sécurité et du bien-être de sa fille. Madame Millet, la mère de Marie, a montré un comportement borderline à bien des reprises et son refus systématique de consulter un médecin pour ses problèmes d'addiction remettent en doute sa capacité à garder sa fille dans un environnement sain. Je vous rappelle que Marie a subi des blessures alors qu'elle avait été laissée seule sans surveillance, sa chambre a brûlé suite à un incendie. Mon client a exprès aménagé ses horaires pour pouvoir s'occuper de sa fille à plein temps. Pour ses raisons, il est de notre devoir de réviser le temps de garde légale pour un partage plus équitable.
-Maître Dubernier, je vous remercie pour votre plaidoirie, Maître Cornouailles, avez-vous quelque chose à ajouter ?
-Merci, Monsieur le juge, j'ai en effet des contre arguments qui pourraient remettre en doute la capacité de Monsieur Duhamel à s'occuper de sa fille. Le soi-disant alcoolisme de ma cliente n'est avéré que par son propre témoignage. La petite Marie affirme que sa mère est parfois fatiguée quand elle rentre de soirée mais rien dans la loi n'interdit une femme de prendre du bon temps. En revanche, si vous souhaitez parler d'addiction, nous pourrions parler du passé de Monsieur Duhamel, qui, si j'en crois les archives du commissariat de Vincennes, ne joue pas en sa faveur.
A ses mots, je fronce les sourcils et me tourne vers Dan qui se pince les lèvres. A quoi fait-elle référence ? Dan n'a aucun casier judiciaire, d'où sort-elle cette info ?
-En 2002, le commissariat atteste que Monsieur Duhamel a été pris en flagrant délit de vente illicite de drogue dure. Heureusement pour lui, la gendarmerie s'était alors montrée clémente et l'avait relâché pour avoir coopéré et l'avoir aidé à remonter jusqu'à son fournisseur.
-Votre honneur, c'était il y a plus de 20 ans, on ne peut pas juger l'aptitude parentale sur une erreur de jeunesse, protesté-je.
-Rien ne prouve aujourd'hui que Monsieur Duhamel n'est pas addict, tout comme rien ne prouve l'addiction de ma cliente.
Je fulmine à défaut d'avoir quelque chose à redire.
-Bon, je pense qu'on en a terminé. Au vu des dossiers de chaque partie et du témoignage de l'enfant, nous avons les informations nécessaires pour pouvoir acter sur la garde parentale respective. Vous recevrez une réponse par recommandé d'ici deux semaines.
Sur ces mots, le juge et ses assesseurs se lèvent avant de se retirer puis nous quittons la salle d'audience, Dan, dépité, moi, la rage au ventre.
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Consumés
ChickLitNathalie Les cheveux dégoulinant d'eau, ma cheville en compote, ma voiture en pièce... c'est donc en mode furie que le sapeur-pompier le plus séduisant qui soit me rencontre pour la première fois, à son plus grand malheur. Il en a certes l'allure ma...