Chapitre 7

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Dan

Samedi, jour de repos et jour de garde pour ma loupiote. Je sonne à l'interphone de l'appartement de Sabrina pour venir la récupérer puis j'entends un grésillement et la voix anxieuse de ma fille :

-Papa ?

-Oui, ma puce, c'est moi, tu m'ouvres ?

L'entrée s'ouvre dans une sonnerie stridente et je monte à l'étage. D'habitude, c'est sa mère qui m'ouvre. Là, je crains le pire. La dernière fois que je suis venu, Marie était seule à l'appartement, ce qui m'a fait bouillonner. Elle m'a expliqué que sa mère était partie à l'épicerie et que ça ne devait pas lui prendre plus de dix minutes. Peu importe, dix minutes ou une heure, je ne peux tolérer qu'elle laisse notre fille de 10 ans seule chez elles.

Je traverse le couloir à l'odeur douteuse et aux murs défraichis avant de toquer à la porte de l'appartement. Je ne suis pas fan de l'endroit où habite ma fille et sa mère. J'ai insisté plusieurs fois pour qu'elles emménagent ailleurs, je verse même une pension plus élevée à cet effet et j'ai envoyé plusieurs annonces immobilières à Sabrina mais celle-ci s'entête à rester vivre ici, sous prétexte qu'elle est proche de la ville.

-Ma puce, c'est papa ! l'appelé-je pour rassurer ma fille qui tarde à m'ouvrir.

J'entends ses petits pas précipités approcher de l'autre côté de la porte et l'ouvrir timidement avant de me laisser entrer quand elle me reconnait.

-Ouh tu m'as manqué, lui dis-je en la serrant fort dans mes bras et en lui déposant des bisous sonores partout sur le visage.

Marie s'agite en riant.

-Arrête, Papa !

Elle commence à avoir du tempérament et c'est tant mieux. Il y a quelques mois encore, elle accueillait mes gestes d'affection avec plaisir. Maintenant, les convenances sociales font qu'elle souhaite être traitée « comme une grande » et fuit mes câlins coûte que coûte.

Je la dépose sur le sol avant de lui demander :

-Où est ta mère ?

-Faire les courses, répond ma fille en refermant la porte derrière nous.

Évidemment... Je fais bonne figure devant elle en me promettant de prendre ensuite Sabrina à l'écart pour lui faire la morale.

-Tes affaires sont prêtes ?

-Oui !

-Bien, on attend ta mère et on y va.

Celle-ci rentre quelques minutes plus tard, tenant un sac de course à la main. Sabrina semble surprise de me voir. Ses grands yeux bleus me zieutent derrière sa frange noire.

-Tu es déjà là ? m'assène-t-elle.

-Je me suis levé tôt et j'avais hâte de commencer ma journée avec ma fille, réponds-je sincèrement. Ma puce, tu vas chercher ton sac ?

Ma fille s'exécute et court en direction de sa chambre.

Sabrina me passe devant et dépose le sac de course sur le comptoir de leur petite cuisine, sans me donner plus d'attention. Elle range les victuailles dans le frigo et les placards et mes yeux ne peuvent s'empêcher de loucher sur le pack de 12 bières qu'elle a acheté.

Mon ex ne se doute pas de mes soupçons mais Marie m'a rapporté ses états d'ébriété quelques semaines plus tôt et depuis, je ne cesse d'y penser. J'ai réfléchi plusieurs fois à comment formuler mes reproches. Je connais Sabrina, elle est fière et a tendance à se braquer à la moindre attaque.

-Je suis parvenu à me dégager plus de temps au travail et je réfléchissais à m'occuper de Marie plus souvent.

Sabrina s'interrompt et me regarde avec étonnement.

ConsumésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant