Chapitre 36

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Dan

Nath et moi vivons notre idylle depuis plus d'un mois maintenant. Elle me rejoint chez moi les soirs après que le petit soit couché et lorsque je n'ai pas la garde de Marie. Chaque moment passé avec elle est un pure délice. Nous le passons à manger, boire, discuter de tout et de rien jusqu'à finir sous les draps. Elle me surprend un peu plus chaque jour, de par son métier de maman et d'avocate mais également pour les sentiments qu'elle provoque en moi. Jamais une femme ne m'avait autant impacté aussi positivement. Elle me fait me sentir vivant. Elle si forte, si dévouée. Même son tempérament de feu me fait tourner la tête, c'est dire... Si j'étais honnête avec moi-même, je dirais même que c'est la première chose qui m'a attiré chez elle. Nath est une femme hypersensible et aux grands principes et j'adore ça chez elle.

Je culpabilise de devoir la faire venir chez moi mais je ne peux définitivement pas débarquer chez ses parents avec mes intentions douteuses. Je me rassure en me disant que sa maison sera bientôt prête. Heureusement, les dégâts sont minimes et ont pu être pris en charge par l'assurance. Elle et Lio pourront y réemménager la semaine prochaine après les travaux de rénovation.

En attendant, l'enquête pour retrouver le responsable piétine. Le frère de Nath m'a convoqué à son bureau pour qu'on puisse discuter d'éventuels suspects mais personne ne me vient à l'esprit, surtout pas mes hommes les plus proches. D'autant qu'ils avaient un alibi ou bien étaient en intervention avec moi au moment des faits. Phil soupçonne l'aide de complices et si c'est bien le cas, cela aurait pu être n'importe qui.

L'alarme sonne et l'opérateur nous informe d'un accident de route sur la départementale à l'entrée de Castelnau et j'intime mes hommes de s'activer. Franck étant en vacances dans un camping avec sa dulcinée et Geoffroy s'étant fait les ligaments croisés en jouant au foot, nous sommes en nombre réduit et je me dois d'être d'autant plus attentif.

Heureusement, en arrivant sur les lieux, aucun blessé à déclarer, juste un carambolage qui n'a causé que des dommages matériels. Après une dernière intervention, je rentre chez moi et me prépare pour accueillir ma femme. Lorsqu'elle sonne au bas de ma porte, je retrouve son sourire radieux et son regard pétillant et tout va pour le mieux. Je n'ai pas le temps de lui demander comment s'est passé sa journée qu'elle s'est déjà appropriée mes lèvres... et mon corps accessoirement. Moi qui voulais l'emmener au restaurant, j'imagine qu'on s'en passera.

Après nos ébats, je nous commande donc des pizzas et nous lance un film que nous ne parvenons d'ailleurs jamais à terminer. Puis elle se réveille aux aurores pour rejoindre son fils.

La logistique autour de notre relation n'est pas idéale et je me promets de remédier à ça. Il faut notamment que j'informe ma loupiotte qu'une nouvelle femme fait désormais partie de ma vie. Je lui fais assez confiance pour l'accepter. Mais je dois tout de même peser mes mots. Le lendemain, après l'avoir récupérée à l'école, je l'emmène donc dans sa crêperie préférée et saute le pas :

-Papa a quelque chose d'important à te dire, ma loupiotte.

Ma fille me regarde avec curiosité.

-Voilà, j'ai rencontré une femme récemment avec qui je m'entends très très très bien.

-Mmhm, Nathalie ?

-Comment tu sais ?

-Tu la regardes comme quand maman elle regarde son amoureux.

-Maman a un amoureux ? dis-je étonné.

-Oui, Samuel.

Je tique un peu à l'idée que Sabrina ne m'en ait pas parlé, notamment s'il passe du temps avec Marie.

-Il est gentil avec toi ?

-Oui, il m'a offert une licorne la dernière fois.

-Mais maman ne te laisse pas seule avec lui, pas vrai ?

-Non.

-Bon...

Je reviens sur le sujet de Nathalie tout en me promettant de discuter de ce Samuel avec Sabrina.

-Bon dans ce cas, cela ne te dérange pas si on passe du temps ensemble avec Nathalie et son fils, tous les quatre ?

-Non, j'aime bien Lio, il est chou !

-Oui, il l'est.

Ma fille me sourit et je me sens soudain plus léger.

Depuis sa naissance, je me suis promis de ne jamais reproduire sur elle ce que j'ai vécu avec mes propres parents. Mon père avait la main facile, ma mère m'ignorait la plupart du temps. Quand je leur ai annoncé que Sabrina était enceinte, ils m'ont littéralement dit « de me démerder » et j'ai été contraint de partir. Depuis ce jour, je me suis comporté avec ma fille à l'opposé de ce qu'ils m'ont inculqué. Je l'ai couverte d'amour et d'attention et j'ai tout fait pour qu'elle ne manque de rien. Quand je vois le résultat aujourd'hui, je peux en tirer la plus grande fierté. Marie est une personne empathique et réfléchie. Elle comprend vite et tolère beaucoup.

Après notre crêpe, je nous emmène à son cours de musique avant de rendre visite à ses tontons. Je dois dire que passer plus de temps avec elle me fait me sentir plus investi en tant que père. J'en apprends également plus sur elle, elle se confie plus à moi, nous sommes devenus plus complices, ce qui m'avait grandement manqué lorsque Sabrina avait la garde majoritaire.

Aujourd'hui, j'ai l'impression de retrouver pleinement mon rôle de père, comme lorsqu'elle était bébé et que je passais mes nuits à la dorloter. A cette époque, Sabrina et moi vivions des allocations familiales et nos débuts étaient particulièrement difficiles. Pour arrondir les fins de mois, je m'étais malgré moi mis à des activités illicites jusqu'à ce que la police m'attrape. Pour éviter la prison, j'ai été contraint de dénoncer mon fournisseur avant de quitter la capitale et emmener Sabrina et moi dans le Sud de la France.

De là, j'ai commencé une formation pour devenir pompier. Depuis petit, j'aspire à rendre service aux gens et vivre sous adrénaline. Après un entrainement couronné de succès, j'ai pu intégrer la caserne d'Assas où j'ai rencontré Franck et bon nombre de mes collègues.

Après des années de galère, je sens enfin la vie me sourire et je compte bien profiter de chaque moment. Je regarde ma fille toute guillerette courir vers son parrain qui la rattrape au vol. Oui, c'est ça, tant qu'elle restera heureuse, je le serai aussi.

ConsumésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant