Dan
Pied au plancher, je roule à vive allure en direction de l'appartement de Sabrina. Elle et Marie doivent être dans tous leurs états. Heureusement, elles ne se trouvaient pas à l'appartement à ce moment-là. C'est en rentrant qu'elles ont réalisé que leur immeuble avait été évacué et qu'une fumée noire se dégageait de leur balcon.
Lorsque j'arrive sur les lieux, je retrouve mon ex copine, portant notre fille et assistant au spectacle à quelques mètres de là tandis que mes collègues s'affairent sur la zone.
-Papa !
Ma loupiote descend des bras de sa mère et je la rattrape avant de la serrer contre moi et en déposant mes lèvres sur son front.
-Mon dieu que j'ai eu peur. Ça va, tu n'as rien ?
-Non, mais mes affaires, je sais pas ce qu'elles sont devenues.
-T'en fais pas pour ça, ma puce, je te rachèterai ce qu'il te faut.
Je me dirige vers Sabrina, frissonnante et le regard perdu. Je m'empresse de retirer ma veste et lui recouvrir les épaules. Malgré nos altercations, je me dois d'être là pour elle.
-ça va ?
-Oui, ça va. Je ne comprends pas ce qu'il s'est passé, Dan. J'avais pourtant tout éteint !
-Ne t'inquiète pas pour ça maintenant, l'important, c'est qu'il n'y ait pas eu de victime, ok ?
Elle hoche la tête et fond alors en larme avant de plonger son visage contre mon torse.
-Les voisins... le propriétaire... tout le monde va me détester !
-Hé, Sabrina, ne pense pas à ça, ça aurait pu arriver à tout le monde, d'accord ? Vous allez venir chez moi et on s'occupera de l'assurance et de vous trouver un nouveau logement plus tard.
Je tente tant bien que mal de la consoler. A part sa sœur qui habite à Paris et ses amis, Sabrina n'a personne pour l'épauler et son désarroi me brise le cœur.
Une fois le feu éteint et la zone déblayée, je les laisse pour demander un topo à Fernando qui dirigeait l'équipe de pompiers montpelliéraines au moment de l'intervention :
-Une idée de ce qui a provoqué l'incendie ?
-Ouaip, et pas qu'un peu, une bouteille de vodka et une plaque laissée allumée. Je te laisse imaginer la suite.
A ces mots, mon sang ne fait qu'un tour. J'ai envie de croire que non, il doit faire erreur mais les faits ne trompent pas et jamais je ne pourrais remettre les compétences de mon confrère en question.
Je jette un œil à Sabrina qui me fixe au loin, d'un air hébété, et tenant Marie par la main. Non, elle n'aurait pas été capable d'être aussi imprudente et pourtant... vu le nombre de fois où elle arpentait l'appartement ivre morte et qu'elle a oublié notre fille, elle aurait probablement pu oublier d'éteindre la plaque et laisser une bouteille s'éparpiller. Je sens le piège se refermer sur elle. Lorsqu'elle l'apprendra, elle ne s'en relèvera pas. Ses parents décédés, la perte de son travail il y a quelques mois, maintenant ça... Si en plus je la prive de sa fille, je n'ose imaginer ce qu'elle sera capable de faire. Non, il faut que je la préserve un maximum. Tandis qu'elle répond aux questions des gendarmes à qui elle assure n'avoir rien fait de ce qu'ils l'accusent, je me décide à les ramener toutes les deux chez moi.
Une fois dans mon lit, je suis incapable de dormir. J'ai grand besoin de m'épancher et la seule personne qui me vient à l'esprit, c'est une certaine avocate chevronnée. Mais si je me confie à elle, sentira-t-elle mon intention d'abandonner ? Et le comprendra-t-elle ? C'est plus fort que moi, j'ai cruellement besoin d'entendre sa voix et puis je lui ai promis que je la tiendrai informée. Je cherche alors son numéro et appuie sur la touche appel.
Après deux sonneries, sa voix douce retentit. Je lui raconte alors tout : le feu et ce qui l'a déclenché. Nathalie m'écoute avec attention, sans m'interrompre. Puis quand je lui annonce mon hésitation à me rétracter, elle semble tiquer.
-Dan, je crois qu'il serait bien d'en rediscuter à tête reposée et de vive voix. N'oubliez pas ce qui est en jeu.
Sa voix se fait tendre et pourtant, ses mots me crispent une seconde. Marie... et si elle avait été seule à l'appartement pendant que le feu se déclenchait ? Et si cela se reproduisait ? Merde... je prends alors conscience de ce qui aurait pu se produire.
Nath a raison. Je dois garder mes priorités en tête, malgré tout.
-On en rediscute la semaine prochaine ? Vous pouvez passer me voir dans mon cabinet après votre service, d'accord ? me propose-t-elle.
Je déglutis, l'âme en peine.
-Ok...
-Lio vous a concocté un camion en pâte à modeler, ça ne se refuse pas.
Je décoche un sourire en m'imaginant le petit s'affairer à fabriquer mon cadeau et cette vision me réchauffe le cœur. Pourquoi je suis à deux doigts de chialer, bon sang ?! Nath doit sentir mon désarroi à mon silence car elle s'empresse d'ajouter :
-Vous voulez que je passe ?
-Non, ça va aller, merci, on se voit la semaine prochaine.
-Très bien, bonne nuit, Dan.
-Bonne nuit, Nath.
Je raccroche et prends une grande inspiration pour me reprendre. J'étais tenté de lui dire oui mais pas dans ces circonstances.
De plus, comment réagira-t-elle lorsqu'elle saura que j'héberge mon ex ? Non, lorsqu'elle viendra fouler ma maison, je serai dans un bon état d'esprit. Nous serons seuls et je ferai en sorte qu'elle passe le meilleur moment de sa vie et qu'elle oublie tous les tocards qu'elle a fréquentés.
Je me remémore notre discussion au restaurant. Elle était à deux doigts de me révéler où était le père de Lio. Une curiosité malsaine me pousse à en savoir plus sur lui et celui qui a osé prendre possession de son corps avant de disparaître du tableau. Car c'est bien cela qui s'est produit, n'est-ce pas ? Il a lâchement abandonné sa famille, sinon, pourquoi n'est-il pas présent ? Ou bien a-t-il la garde partagée ? J'avais pourtant le sentiment que ses parents s'occupaient du petit en son absence. Peu importe... Si elle souhaite m'en dire plus à ce sujet, elle le fera mais je ne chercherai pas à en savoir plus, après tout, cela ne me regarde pas.
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Consumés
ChickLitNathalie Les cheveux dégoulinant d'eau, ma cheville en compote, ma voiture en pièce... c'est donc en mode furie que le sapeur-pompier le plus séduisant qui soit me rencontre pour la première fois, à son plus grand malheur. Il en a certes l'allure ma...